Socialisme utopique
Les socalistes utopiques ont mis en avant l'importance de
l'écart croissant entre riches et pauvres. Alors que certains
accumulent des richesses considérables, d'autres vivent dans une
misère toujours plus alarmante. C’est donc contre le
« paupérisme industriel », misère caractéristique de
l’époque, que les socialistes vont se battre.
Parmi les socialistes utopiques, on peut citer Fourrier,
Saint-Simon, Proudhon ou Louis Blanc.
- Fourrier
Selon Fourier, le commerce a introduit un libéralisme économique
qui dégrade l'ensemble de la société en ancrant de manière durable
la concurrence et l’égoïsme dans l'esprit humain.
Pour répondre à cet état de fait, il imagine un monde idéal à
partir de l’idée qui consiste selon laquelle l'ordre social repose
sur les passions individuelles ; les passions principales,
affectives, distributives ou sensitives sont au nombre de douze. Il
crée ainsi le système du phalanstère, petits groupes qui se
formeraient en fonction des passions dominantes de chacun.
L'assemblage complémentaire de ces passions permettrait d’atteindre
le bonheur, qui pour Fourrier consiste à avoir « beaucoup de
passions, et beaucoup de moyens pour les satisfaire ».
L’association des passions se matérialise par la constitution de
phalanstères regroupant 1620 individus rassemblant les douze
passions. Pour Fourier, cet équilibrage apporterait le bonheur à la
société et la liberté de l’homme.
Économiquement, ces individus regroupés dans les phalanstères
échangeraient sans intermédiaires : il existerait un lien direct
entre la production et la consommation. Dans un tel contexte,
l'Etat ne serait plus d'aucune utilité. Des fédérations
d’associations de travailleurs, librement rassemblés, pourraient se
substituer à l'Etat.
- Saint Simon
Saint-Simon a montré l'importance des travailleurs dans la
société. Pour lui, si la France perdait ses meilleurs ouvriers ou
ses meilleurs mathématiciens, le mal serait irréparable. En
revanche, la perte d’un préfet ne serait pas irréparable car il
serait remplaçable ; en effet, il considère qu'il s'agit d'une
fonction dans laquelle la personne importe peu, contrairement aux
métiers exigeants savoir-faire et maîtrise d'outils.
- Proudhon
« La propriété, c’est le
vol ! ». Par ces mots, Proudhon évoque son
aversion pour la propriété privée et le libéralisme économique. En
écartant l'importance du travail collectif, la société capitaliste
n'apporte des avantages qu'aux capitalistes qui se fondent sur le
travail individuel. Socialiste, Proudhon souhaite créer un
socialisme égalitariste ; il refuse donc tout
intermédiaire dans les échanges, car ceux-ci accroissent les
inégalités en réservant l'accumulation de richesses à une infime
partie de la population.
Proudhon a mis en avant la nocivité de l'Etat en remettant en
cause le système politique ; pour lui, la démocratie n'est qu'une
illusion. Il propose donc de créer une association fédérative, sur
la base d’un pacte. Cette association reposerait sur des règles et
valeurs communes, qui se retrouveraient à tous les niveaux de la
société (famille, villages, groupes). Proudhon ne cherche pourtant
pas la destruction de l’Etat. Il souhaite le rendre fédéraliste et
décentralisé pour qu'il représente le pluralisme de la société.
- Louis Blanc
Louis Blanc élabore un schéma d’amélioration de la condition
ouvrière dans L’Organisation du travail. Pour concrétiser
ses idées, il a créé les Ateliers sociaux, et
politise ainsi le mouvement socialiste. Ces Ateliers permettaient
aux travailleurs de bénéficier du même salaire, et
de fonder un grand secteur économique sous la responsabilité de
l’Etat. Après des débuts convaincants, le concept des Ateliers ne
sera pas élargi, notamment car le projet fait l'objet de pressions
de la part des républicains modérés.
Socialisme marxiste
« Dans la production sociale des moyens d’existence les
hommes contractent des rapports déterminés, nécessaires et
indépendants de leur volonté, des rapports de production qui sont
corrélatifs à un stade déterminé du développement de leurs forces
productives » (Karl Marx, Critique de l’économie
positive).
Karl Marx, économiste qui a profondément marqué la pensée
économique et sociale du XXe siècle, avait pour
principal objectif de dénoncer les méthodes capitalistes. Il a
également développé de nombreuses théories philosophiques, qui ne
sont pas l’objet d’étude ici.
Une société de classes
Dans son Manifeste du Parti Communiste, Marx
montre que l’Histoire a toujours été fondée sur la lutte
des classes. La société est en effet formée de plusieurs
classes sociales, qui se confrontent en raison de leurs
différences. Pour Marx, les sociétés humaines évoluent sous
l'impulsion d'un conflit perpétuel entre les classes sociales aux
intérêts antagonistes :
- Dans la société féodale, la classe militaire des
chevaliers luttait contre la classe des
paysans
- La révolution française a donné le pouvoir à la
bourgeoise en 1789, qui a pris le pouvoir sur la
masse productive
- Enfin, la classe ouvrière (le prolétariat) est
devenue la classe dominée après la révolution industrielle. Cette
lutte de classes, conduirait, pour Marx à la disparition du
capitalisme et avec elle à l’extinction de la
classe bourgeoise comme classe dominante. Les prolétaires
atteindront ainsi le pouvoir à l'issue de cette lutte des
classes
Marx montre ainsi que la société, en tant qu’objet, est en
perpétuel mouvement. Les divergences entres les classes de la
populations conduisent à des volontés de changements, qui se
concrétisent par des luttes constantes. La société est donc
dynamique : les divergences provoquent des états
de faits ponctuels qui évoluent rapidement vers de nouveaux états
de fait, en fonction des luttes. L'Histoire repose donc sur une
formation sociale historique. Marx trouve ainsi la source de la
réalité sociale dans l’Histoire ; néanmoins sa conception diffère
de la théorie hégélienne selon laquelle l’évolution des idées
entraîne l'évolution de la société ; pour Marx, ce sont les
conditions matérielles d’existence qui déterminent la réalité
sociale. Cette dernière se caractérise par des modes de production
qui varient avec le temps.
Dénonciation du système capitaliste
L’avènement de la société industrielle a mis en avant les
difficultés de la classe ouvrière. En réaction contre cette
réalité, Marx prônait la dissolution du mode de production
capitaliste. Il considérait en effet que le mode de production
capitaliste repose sur l’achat d'une force de
travail. Les ouvriers vendent leur force de travail en
échange d’un salaire ; les entrepreneurs revendent quant à eux les
produits à un prix qui est fonction de leur valeur d’échange (en
fonction des prix du marché). En vendant ces produits, les
capitalistes récupèrent une plus-value. Marx dénonce cette
exploitation du travailleur, « l’exploitation de l’homme par
l’homme ».
Considéré comme le dernier classique, Marx leur
adresse une critique. Il montre que la division du travail,
défendue par Adam Smith, contribue à la domination du capital sur
les forces de travail. Par la volonté d’accumulation du capital,
les machines vont se substituer à l’homme, et le capital se
substituer au travail.