Né à Cambridge en 1883, d’un père économiste, John Maynard
Keynes a d'abord étudié les mathématiques avant de se tourner vers
l’économie, domaine dans lequel il a été reconnu grâce à sa
critique des mesures strictes prises par le traité de Versailles
(Les conséquences économiques de la paix de 1919). Peu à
peu, il s'est fait remarquer par ses diverses prises de positions
économiques, et surtout par son oeuvre Théorie générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie.
Une prise de position en période de crise
La crise de 1929 a plongé les Etats occidentaux
dans le chaos. Le krach de Wall Street a mis un terme à la
spéculation et à la consommation des années folles. Cette crise
sans précédent fait s'envoler le taux de chômage et l'activité
économique s'effondre. C'est une crise d'une ampleur jamais connue
; les crises précédentes étaient de moins grande ampleur, et
survenaient de manière relativement régulière. Pour y faire face,
Keynes propose de faire intervenir l'Etat dans l'économie.
Cette politique économique, appliquée durant de nombreuses
années par les pays occidentaux, a pourtant été remise en cause
dans les années 1970. La combinaison de l’inflation et du chômage a
en effet montre les limites de la politique keynésienne. Les
monétaristes vont alors gagner du terrain, et largement critiquer
ces politiques.
La pensée de Keynes
Keynes a une vision globale, macro-économique ; il ne
considère pas les individus seuls, mais en groupes d’individus. Il
étudie leurs actions : la consommation, l’emploi et le chômage. Il
cherche à montrer que l’emploi dépend des décisions des
entrepreneurs d’embaucher ou non des salariés ; cette décision
dépend elle-même de la production, qui résulte de la demande des
consommateurs. La demande effective joue donc un
rôle primordial .
Défenseur de l'Etat-providence, Keynes considère que l’Etat doit
intervenir en période de crise ; il doit pour cela
sortir de ses seules compétences régaliennes, propres de l’Etat
gendarme. Pour lui, le plein emploi ne peut être atteint par la
seule régulation du marché sur le long terme. Pourtant, on pensait
alors que le sous emploi s’inscrivait sur le court terme, et que le
niveau d’emploi se régulait de lui-même sur le long terme. Keynes
pense au contraire que l’économie doit être soutenue par l’Etat,
par le biais de politiques monétaires et budgétaires. Une politique
de régulation globale doit ainsi être menée pour assurer le bon
fonctionnement de l'économie.
Alors que les classiques cherchaient plutôt à modifier les
structures fondamentales de l’économie (afin de limiter les
contraintes apparues sur le marché), Keynes veut lever les
contraintes sur le court terme au travers des politiques
macroéconomiques menées pour soutenir la conjoncture
économique.
Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la
monnaie
Keynes rassemble dans cet ouvrage de nombreuses notions
fondamentales. En voici les principales.
Existence de chômage involontaire
L’emploi, pour les néoclassiques, est déterminé par la
confrontation, sur le marché du travail, de l’offre et de la
demande de travail ; ce sont les variations de salaires qui
permettent de maintenir un équilibre entre l'offre
et la demande : si l'offre de travail est trop importante, les
salaires sont réduits. Ainsi, seule une rigidité des salaires peut
remettre en cause cet équilibre ; en effet, les salaires étant
fixes, ils ne peuvent être réévalués à la baisse et le marché ne
peut plus s’équilibrer automatiquement. Cependant, si les salaires
sont rigides, c’est aussi parce que les travailleurs ne
veulent pas accepter de baisse de salaire.
La demande effective
L’emploi dépend de la volonté des entreprises de recruter des
travailleurs. Or, elles n’embauchent que si elles ont de bonnes
perspectives de profits futurs. C’est donc en fonction de ces
anticipations que le niveau d’emploi est
déterminé. C’est le principe de la demande effective.
L’importance des taux d'intérêt
Afin de garantir des débouchés aux firmes, des
investissements doivent être effectués. Ainsi, des
taux d’intérêts faibles vont avoir un effet incitateur pour les
entreprises, qui vont avoir tendance à investir massivement. Cela
aura une incidence favorable sur l'économie. Mais lorsque le taux
d’intérêt ne peut être revu à la baisse, il est possible de passer
par l’investissement public pour relancer l'économie. Ainsi,
l'investissement public peut être une solution.
La remise en cause du laisser faire
Keynes considère que le marché ne peut se réguler
seul. La poursuite des intérêts individuels ne peut
permettre à elle seule la bonne régulation du marché. Ainsi,
puisque l’économie de marché ne peut garantir le plein emploi, une
intervention extérieure est indispensable pour améliorer la
situation de l’emploi. L’Etat doit donc mener différentes
politiques (budgétaire, fiscale…) destinées à
rétablir le plein emploi.
Absence de neutralité de la monnaie
Pour Keynes, la monnaie peut avoir une influence sur l’activité
économique ; elle n’est pas seulement un outil d’échange.
Ainsi, les politiques monétaires peuvent avoir des effets positifs
sur l'économie.