Quesnay, Smith et beaucoup d’autres émettront des critiques
virulentes à l’égard de cette théorie. Ils considèrent que la
théorie mercantiliste ne se fonde pas sur les vraies richesses d'un
pays, c'est-à-dire les travailleurs. C'est ainsi qu'apparaîtra le
courant libéral, qui se substituera progressivement au
mercantilisme.
Qu’est ce que le mercantilisme ?
Le mercantilisme repose sur la possession de métaux précieux
comme l’or ou l’argent, ce qui est censé révéler la richesse d’un
pays. En effet, à cette époque les monnaies ne circulent qu’entre
les plus fortunés, et les arrivées massives de métaux
précieux en provenance du Nouveau Monde ne font que
renforcer cette conviction.
Le mercantilisme est une doctrine qui repose sur l'existence
d'un Etat fort. Le bon fonctionnement économique est en effet
favorisé par l'essor des autres secteurs. La puissance d'un Etat
est donc fonction de la richesse du prince et des activités
commerciales.
Cette politique apparue au XVe siècle a notamment été développée
par Colbert.
La puissance étatique
Selon la doctrine mercantiliste, les individus ne sont pas que
des êtres économiques, mais des hommes ayant diverses activités
professionnelles que le mercantilisme cherche à regrouper. Les
anciens économistes considéraient que chacun dispose dans chaque
profession d’un intérêt particulier, différent des intérêts de la
société. En revanche, la conception mercantiliste veut que les
intérêts particuliers et les intérêts généraux soient intégrés au
sein d’une même entité, pour fonder une grande nation qui n’aurait
que des intérêts généraux.
Le but premier du mercantilisme est de renforcer la
puissance étatique. On considère que l’Etat doit conserver
ses richesses à l’intérieur du pays. Ainsi, dans un contexte où les
richesses sont échangées aux quatre coins du monde sous l'effet du
développement commercial, les pays doivent conserver leurs
richesses en exportant davantage et en limitant les
importations.
Le protectionnisme doit en donc être
renforcé : les droits de douanes sont revus à la hausse, et
les importations sont strictement règlementées. A l’inverse, les
exportations bénéficient de subventions qui les favorisent. Il faut
également d’un autre côté favoriser la production interne du pays,
par le biais du développement de manufactures, mais aussi par celui
des routes destinées à favoriser les flux intérieurs de
marchandises. On construit également des monopoles de commerce
international comme la compagnie des Indes, pour vendre plus
cher.
L’Etat doit également mettre en place des règlements qui
protègent les métiers nationaux afin d’éviter la concurrence
extérieure.
Le commerce
Pour les mercantilistes, le commerce permet de s'enrichir. Il
faut donc favoriser le développement du commerce extérieur et
accroître les exportations.
La balance commerciale doit être excédentaire
car elle montre le niveau de richesses du pays (mise en balance des
exportations par rapport aux importations). En effet, si elle était
positive, cela signifiait que beaucoup d’or avait été accumulé.
Les différents types de mercantilisme
Les différents pays qui appliquent à cette époque la théorie
mercantiliste ne disposent pas des mêmes résultats. En effet, tous
n’ont pas la même vision de l'accumlation de richesses.
On peut considérer qu’il existe trois types de mercantilisme
:
- Le mercantilisme bullioniste
Cette doctrine repose sur le seul intérêt porté pour les métaux
précieux. C'est ce qu'Espagnols et Portugais appliquent dans leur
pays en considérant que la valorisation de l’Etat repose sur
l'accès à ces métaux ; la véritable source de la richesse est
l'or et l'argent. Il faut donc augmenter au maximum les
stocks de métaux et empêcher toute sortie de capitaux hors
du royaume. Malheureusement, cette pratique ne s’avèrera pas
concluante puisque ces deux pays se trouveront rapidement en
déclin.
- Le mercantilisme britannique
Puisque l’Angleterre est une île, elle a mis en avant ses
principaux atouts en misant sur le commerce
maritime. En créant un monopole dans ce secteur, le pays
peut contrôler facilement le commerce extérieur et devenir le
principal intermédiaire des transactions commerciales. Mais ce
courant de pensée se rapproche davantage du libéralisme car il
convenait de laisser une grande liberté au commerce et de mettre en
place un système de libre-échange pour le
favoriser.
Les chefs de fils principaux de ce courants sont David Hume ou
encore John Locke.
- Le mercantilisme français
Les atouts de la France sont : sa population et son territoire.
La richesse du pays ne peut qu'être issue de ces deux atouts. La
France mise donc sur l’agriculture, et sur le développement
industriel et artisanal. Pour cela, l’Etat doit intervenir dans
l'économie : des réglementations douanières doivent être instaurées
et des aides doivent être octroyées aux entreprises privées pour
accroître leur stock d’or car le but est de bénéficier d'excédents
commerciaux.
Les chefs de fils de ce mouvement sont Colbert, Bodin ou encore
Montchrestien.