Une nouvelle forme de capitalisme
La révolution industrielle n'avait pu avoir lieu en l'absence de
diffusion du progrès, et notamment en l’absence de révolution
agricole. Pourtant l'économie de marché existe déjà : la demande
s’ajuste à l’offre en fonction des prix. Les grandes foires comme
les petites boutiques de villages favorisent cet ajustement, et
donc l'échange de toutes sortes de produits à une échelle plus ou
moins grande. Des négociants se sont ainsi fait connaître ; de
cette façon, les Ruiz d’Allemagne ou les Van Robais de France sont
parvenus à s’imposer en Europe.
De nouveaux échanges
La monnaie, qui devait remplacer le troc, présente elle aussi
ses inconvénients : elle est lourde à porter et se promener
avec trop de monnaie métallique peut être dangereux. L’époque
moderne ouvre donc la voie aux premières banques
municipales ; elles servent de banque de dépôt, de virement, de
prêt et d’émission de billets. Plusieurs banques sont ainsi
crées : la Banque d’Amsterdam en 1609, celle de Hambourg en
1619, d’Angleterre en 1694, d’Ecosse en 1727, etc. La France mettra
plus de temps à développer ses premiers établissements
bancaires.
La révolution agricole
La population rurale compose 80 % de la
population. Les aléas de l’agriculture entraînent donc des périodes
économiques désastreuses pour la population. Avec l’apparition
d'inventions importantes, le monde agricole va changer.
L’accroissement de la population provoque progressivement la
pénurie de denrées alimentaires. Pour avoir suffisamment de
nourriture pour cette population croissante, on recourt de plus en
plus aux nouvelles méthodes de conservation des aliments, qui
contribuent à améliorer la qualité de vie. C'est aussi par
l'influence des moyens de production utilisés par
l’industrialisation que les méthodes de production agricole
nouvelles vont améliorer la vie des paysans.
Les conquêtes de nouvelles terres vont également permettre à
l'agriculture de se développer. En utilisant de plus en plus ces
terres pour la monoculture, les paysans bénéficient de produits de
bonne qualité susceptibles d'être échangés. Chacun a pu se
spécialiser dans certaines cultures pour les échanger à bon prix,
conformément à la théorie des avantages comparatifs ; celui
qui se spécialise dans une culture parce qu’il y est meilleur aura
tout avantage à échanger avec un autre spécialisé dans une culture
différente.
La révolution des énergies et des industries
La révolution industrielle a été impulsée par l'innovation. Les
innovations technologiques ont été le moteur de cette révolution :
il ne peut y avoir de révolution industrielle sans nouveaux moyens
de transports plus rapides, ni sans nouvelles façons de produire.
Le développement industriel a donc été un processus continu,
résultat de nombreuses petites inventions, qui ont permis
l’apparition d’innovations plus importantes, et plus utiles. Ces
innovations ont atténué les effets de la limitation des
ressources.
Les machines à vapeur sont ainsi apparues comme des vecteurs
importants du développement économique. En généralisant les chemins
de fer, les hommes et les marchandises ont pu aller plus rapidement
d’un point à un autre. La diminution progressive du prix des
transports a accéléré le phénomène, et la construction de nombreux
réseaux ferroviaires ont largement contribué à l’accroissement des
échanges. Les navires à vapeur ont également accru les échanges
grâce à la vitesse qu'ils parviennent alors à atteindre.
Les industries textiles connaissent aussi d'importantes
mutations. Les technologies évoluent et de nouvelles matières
premières sont utilisées (le coton est privilégié par rapport au
lin ou à la laine par exemple). Les gains de productivité engendrés
par la mécanisation sont manifestes dans les régions en plein
développement, effaçant peu à peu les zones rurales qui manquent de
productivité.
La révolution sociale
Les différentes innovations que le monde connaît vont
profondément modifier les structures sociales. Aux anciens modes de
production nécessitant une main d’œuvre importante vont se
substituer des machines plus performantes, moins nécessiteuses de
main d’œuvre. Aussi, les nouveaux produits utilisés vont améliorer
les résultats d’exploitation (par les engrais par exemple). Toutes
ces mutations conduisent à l'émergence du système usinier.
En effet, pour améliorer la production, les structures du
travail ont été transformées. La division du travail et la
concentration des populations ouvrières dans les zones
industrielles sont alors parues indispensables. Mais cela a
détérioré la qualité de vie des travailleurs ; le travailleur n’est
plus maître de son travail, il se soumet à un rendement et à des
horaires imposés. Ses conditions de vie sont précaire, voire
parfois misérables. Les enfants et les femmes pauvres sont
également recrutés dans les usines pour augmenter la main
d’œuvre : les enfants peuvent travailler dès 6 ans dans
certains cas, et les adultes peuvent travailler 15 heures en une
journée. Mais leurs conditions de vie ont été améliorées lorsque
les industriels ont pris conscience que cette population ouvrière
pouvait constituer un nouveau marché. Alors que les corporations et
les syndicats étaient interdits (tout comme la grève), le droit de
grève a finalement été reconnu et les syndicats autorisés. Ainsi,
la diminution des coûts de production et donc du prix des produits
de consommation, a favorisé la consommation des ménages.
Pourtant, la classe ouvrière est restée pauvre. Parallèlement,
la classe propriétaire des moyens de production a accru rapidement
son pouvoir économique.