La civilisation chinoise a
quatre mille ans. Elle représente environ un cinquième de
l’humanité. Pour cela, son influence est à la hauteur de ces
chiffres. Aujourd’hui d’autant plus importante dans le commerce
mondial, la Chine devient une grande puissance mondiale, qui
certainement concurrencera dans quelques temps les
Etats-Unis.
La Chine a cependant connu de
nombreuses difficultés dans son développement. Les tentatives
d’évolution comme la Grand Bond en avant se sont parfois soldés par
des échecs, rendant ainsi difficile une réelle avancée vers de
nouvelles voies. Pourtant, à force de tentatives, la Chine est
parvenu à se hisser aux côtés des grandes puissances mondiales,
tout en restant attachée à ses traditions.
Mais le succès de la Chine, ou
le miracle chinois, vient de l’héritage d’un long passé, qu’il
s’agit d’expliciter afin de mieux comprendre les raisons d’une
telle avancée et ses enjeux.
L’ouverture
progressive au monde
Situation
géopolitique actuelle
La Chine a pour capitale Pékin,
et une population d’environ 1,3 milliards d’individus ; mais
la plus grande ville est Shangaï Elle
est délimitée par environ 15 000 km de frontières terrestres
et une façade maritime de la même longueur. Sa superficie est de 9
millions de km2 (c’est le troisième plus grand pays par sa surface
après la Russie et le Canada).
La Chine est un Etat unitaire
centralisé, dirigé par le Parti communiste chinois. Il s’agit d’une
démocratie populaire, dans laquelle les régions sont
particulièrement autonomes. Un partage de compétence est effectué
entre le pouvoir central et la région autonome. La Chine n’est en
revanche pas un Etat fédéral, même si une division administrative
existe :
-
la province, la
région autonome et la municipalité (relèvent du gouvernement
central) ;
-
la
préfecture ;
-
le
district ;
-
le comté
(canton).
Certaines grandes villes
(Beijing, Tianjin, Shangaï et
Chongqing) ont un statut particulier en raison de leur
importance.
Le pays est très variable par sa
composition. Le Nord, dont le développement est notamment dû à
l’investissement soviétique dans la région, se compose
essentiellement des secteurs de l’industrie lourde. Au contraire,
le Sud est l’espace d’ouverture le plus important ; l’activité
« made in China » est à cet endroit exportée.
Une fermeture
traditionnelle
De 1644 à 1911, la Chine était
sous la Dynastie mandchoue. Très tôt déjà, la civilisation chinoise
revêt une importance considérable pour la population. Au nom de sa
préservation et se son autosuffisance, la Chine va régulièrement
repousser toute tentative d’intégration dans le commerce
international. Les empereurs renoncent à l’ouverture, synonyme
d’asservissement.
La Chine va en effet être marqué
par certains évènements qui l’ont directement touché, et notamment
les guerres de l’opium, de 1839-1842 et 1856-1864. Ces guerres sont
le résultat des arrivages massifs d’opium destinés à compenser le
déficit commercial des Anglais de l’époque. Elles doivent permettre
d’ouvrir la Chine sur l’extérieur, alors même qu’elle le refuse
depuis des siècles. Et c’est ce qu’elles vont faire : la Chine
se voit obligée d’adopter un régime commercial libéral et de
pratiquer des droits de douane faibles (traité de Nankin, aboli en
1927). La Chine devra également ouvrir ses ports. Mais les deux
guerres de l’opium ne sont pas les seules à entrainer l’incitation
à l’ouverture. Les conflits avec le Japon vont également obliger au
versement d’indemnité mais également à l’ouverture de nouveaux
ports. De même, les pays occidentaux imposeront un libre-échange
total.
Les épreuves subies par la Chine
conduit le pays à se méfier des étrangers. Mais la méfiance laisse
place à la haine avec la révolte des Boxers, qui pillent les lieux
dans lesquels se trouvent les étrangers, et massacrent les Chinois
convertis au christianisme, synonyme d’occidentalisation. Ces
réactions violentes sont encore une fois le résultat d’une
protection sans faille du mode de vie et des traditions
chinoises.
Les mutations
politiques
Fin de la Dynastie
mandchoue
La Chine, alors sous la Dynastie
mandchoue va brusquement changer fondamentalement de régime
politique. L’heure est en effet à la modernisation. Sun Yat-sen,
fondateur du Guomintang (Parti nationaliste chinois) fait chuter la
Dynastie mandchoue. Le mouvement de libération et de modernisation
prend alors le pouvoir en 1911. Mais ce gouvernement va
relativement rapidement trouver ses limites car toute la Chine ne
le suit pas. La politique de la Chine devient instable ; et
pendant ce temps, le Parti communiste chinois trouve ses premiers
adeptes. Le nationalisme s’accroit. A la mort de Sun Yat-sen, la
guerre civile se déclenche et les armées de Tchang Kai-Shek
(Guomintang) et de Mao Zedong s’affrontent. Puis, les troupes de
Mao Zedong étant chassés de leurs bases, la « Longue
Marche » s’ouvre pour cette armée en fuite.
Mais pendant ce temps, les
menaces extérieures s’intensifient. Les Japonais tentent
d’infiltrer certaines zones chinoises. Face à ces attaques, le
Guomintang et le Parti communiste, pourtant opposés, s’allient
jusqu’à la capitulation japonaise, en 1945.
L’arrivée de Mao
Modifications du
pays
La fin de la seconde guerre
mondiale permet à la Chine de s’imposer ; elle va disposer
d’un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. Tchang
Kai-Shek est alors reconnu par les grandes puissances, l’URSS et
les Etats-Unis. Mais un seconde guerre civile s’annonce. Les
communistes prennent de l’avance, grâce au concours des paysans
pauvres qui se sentent soutenus par le Parti. La République
populaire de Chine est proclamée en 1949.
La Chine est alors un pays
pauvre, en ce sens que sa population a un faible degré
d’alphabétisation, une forte mortalité, un risque de maladies
épidémiques, et que la misère y est profondément ancrée. Le retard
économique est important, et la Chine majoritairement agricole doit
développer de nouveaux moyens de production. Le pays adopte donc
pendant un temps le modèle soviétique : on favorise
l’industrie lourde et la fourniture de biens d’équipement plus que
de biens de consommation. De même qu’en URSS, la planification
s’impose (objectifs fixés pour les entreprises), et les dirigeants
des firmes industrielles sont nommés par le Parti communiste.
L’alliance avec les soviétiques est originellement forte ; un
traité d’alliance et d’assistance est ainsi signé pour trente ans
entre les deux pays.
Parallèlement, le culte de Mao
commence. On enseigne le marxisme-léninisme et on lutte contre les
idées bourgeoises ; c’est donc une transformation en
profondeur que le nouveau leader tente d’installer. Mao formalisera
sa pensée à travers le fameux Petit livre rouge, en 1964.
Mao décide également d’accélérer la collectivisation des terres, en
éliminant les propriétaires fonciers, afin d’améliorer la
productivité et d’inciter la population paysanne à œuvrer pour le
progrès technique. Politiquement, cela doit amener à un plus grand
contrôle des masses paysannes.
Les tentatives de
développement
La Chine acquiert
progressivement une réelle puissance. Elle acquiert notamment la
bombe A en 1964 (bombe H en 1967). Mais ses relations avec l’URSS
vont s’achever en 1960, alors même que le traité d’alliance n’a
connu qu’une décennie. Celles-ci s’étaient déjà dégradées
préalablement, dans la mesure où la Chine avait quelque peu renoncé
au modèle soviétique. La campagne des « Cent fleurs » a
accéléré le mouvement ; les critiques portent en effet sur la
perte de confiance dans la poursuite du modèle, car la population
s’accroit, et la collectivisation des terres ne parvient pas à
faire vivre tout le monde. La Chine s’écarte donc progressivement
de l’URSS, aussi bien politiquement, qu’idéologiquement. Du point
de vue politique, la Chine dénonce le fait que l’URSS ait cédé à
Cuba face aux américains car ils craignaient la bombe
atomique ; les Chinois répondaient qu’ils ne craignaient pas
la guerre nucléaire car même si trois cents millions de Chinois
étaient tués, il en resterait encore trois cent millions. Sur le
plan idéologique, la Chine considère que l’URSS s’embourgeoise et
se comporte comme les occidentaux (du fait de l’emprise des
soviétiques sur une partie du territoire chinois). Les relations
diplomatiques sont suspendues entre 1967 et 1970.
En 1958, la Chine lance le
« Grand Bond en avant » : on met alors en place les
communes populaires (unités regroupant 20 000 à 30 000
paysans). Celles-ci sont des unités de production, mais également
d’enseignement. Les paysans sont fortement sollicités car il leur
revient d’effectuer de grands travaux hydrauliques, ce qui doit
permettre de réconcilier le milieu paysan avec celui de
l’industrie. Mais l’échec va être aussi important que
l’enthousiasme qui agitant le peuple en 1958. Les années qui
suivront seront des années noires : la Chine connait sa plus
grande famine et le taux de mortalité explose. Mao doit
s’éclipser.
A sa place, Liu-Shaoqi (le
« Khrouchtchev chinois »), qui récupère la place de
Président de la République cédée par Mao, doit redresser le pays.
Des réformes sont alors entreprises ; on procède notamment au
développement des industries légères et on attribue un lopin de
terre individuel aux paysans. La politique des Quatre libertés est
également mise en place : droit d’engager des salariés, droit
d’accorder des prêts à taux d’intérêt non nuls, droit d’initiative
dans le choix des cultures, droit d’acheter et de vendre de la
terre. L’industrie lourde est laissée de côté, alors que
l’agriculture est mise en premier plan et l’industrie légère au
second ; c’est ce qui est rapporté par le slogan
« marcher sur ses deux jambes ». La tendance est donc
sensiblement pour certains celle d’une ouverture vers l’Occident,
même si d’autres y sont toujours réticents.
C’est dans ce cadre que Mao
lance une nouvelle opération : le « Mouvement d’éducation
populaire » destiné à limiter l’avancée des esprits vers le
capitalisme en milieu rural. Il lance après cette petite
introduction la « révolution culturelle » en 1966-1969,
qui se donne pour mission de débourgeoiser les communistes, qui
selon Mao se tournent de plus en plus vers le capitalisme. Cette
révolution va entrainer d’importants troubles dans le pays car la
répression est importante et les mesures particulièrement
violentes ; les cadres du Parti communistes doivent en effet
être écartés afin d’être envoyés à la campagne pour exercer des
travaux agricoles. C’est ainsi sur Deng Xiaoping, défenseur de Liu
Shaoqi, est ainsi déporté en campagne.
Mais le mouvement qui s’appuie sur les « gardes rouges »
et l’armée fait des millions de victimes.
Mao vieillit et se retire
progressivement, laissant place à Zhou Enlaï, qui rétablit l’économie. Mais ce dernier est
atteint d’une maladie incurable et demande à ce que soit rappelé
Deng Xiaoping, qui devient Premier ministre en 1973. Mais contre la
dérive vers le capitalisme annoncé par le nouveau Premier ministre,
la « bande des quatre » (Jiang Qing, épouse de Mao et 3
militants) tente de l’écarter. Mais après la mort du Grand Timonier
en 1976, Deng Xiaoping parvient finalement à s’imposer.
L’ouverture
Les mesures prises par une
Chine renouvelée s’engagent vers l’ « économie socialiste
de marché ». La modernisation, qui passe nécessairement par
l’ouverture, est politique, culturelle, sociale et économique.
L’ouverture de la Chine à l’économie internationale commence
réellement avec la visite du président Nixon à Pékin, qui fait
amener la « Chine dans la communauté mondiale » (traité
de Shanghai). Progressivement, la Chine ouvre ses portes :
l’économie chinoise s’ouvre ainsi aux capitaux étrangers et ouvre
dans ce cadre des Zones d’Economie Spéciale (afin d’attirer les
capitaux étrangers dans une zone définie), avant que ne soient
désignées quatorze « villes ouvertes » en 1984. Les
investissements étrangers commencent ainsi à affluer. D’autres
réformes sont mises en place : décollectivisassions et
destruction des communes populaires, limitation de la
planification, diversification industrielle et abandon du salaire
unique dans les exploitations agricoles. L’ensemble de ces mesures
permet au pays de mieux se porter. La Chine prend la voie
d’inspiration capitaliste, le « socialisme de marché ».
Mais même si le terme socialiste est repris, c’est bien l’héritage
maoïste qui s’effondre avec cette nouvelle économie. L’ancien
totalitarisme laisse place à un relâchement de la pression
gouvernementale.
Si les démocraties condamnent la
Chine pour la dureté de son régime, la diplomatie chinoise parvient
à redonner confiance aux investisseurs étrangers, auxquels elle
fait comprendre que les questions intérieures n’entrent pas en
compte dans les relations économiques.
Deng Xiaoping, l’homme qui a
modernisé la Chine et à ce titre est félicité par les occidentaux,
meurt en 1997, laissant Jiang Zemin au pouvoir, lui-même remplacé
par Hu Jintao. Deng Xiaoping a laissé
un Chine renouvelée, qui s’auto-suffit dans les secteurs agricoles.
Les investissements étrangers sont importants en raison du faible
cout de la main d’œuvre. La croissance a été très forte. Mais cette
croissance a entraine des périodes de hausse considérable des prix.
Les poussés inflationnistes brutales de 1986 et 1994 montrent la
surchauffe de l’économie. L’inflation chinoise vient du
déséquilibre entre l’offre et la demande, cette dernière étant,
dans certains secteurs, trop importante. Mais ce sont également les
banques, qui pour accroitre leurs profits transfèrent les capitaux
destinés au secteur planifié au secteur privé ; les
entreprises du secteur planifié n’ont donc plus assez d’argent et
accumulent des pertes.
L’économie chinoise est donc
encore en période de transition en ce sens que des difficultés
résultent toujours du passage du plan au marché.
Une ouverture
nécessaire
Devenir une
puissance mondiale
L’ouverture était originellement
considérée comme un fléau, dont il ne devait sortir que
l’éclatement de l’Empire. Le système économique chinois reposait
donc sur d’importantes barrières commerciales fonctionnant par le
biais de tarifs douaniers élevés et de licences. Le commerce
extérieur était le monopole d’une dizaine d’entreprises d’Etat.
Aussi, le commerce venu des côtes constituait une crainte plus
qu’une opportunité en ce sens que les invasions occidentales
venaient justement de ces zones côtières. Mais la fin de
l’autarcie, ou plutôt la marché vers une certaine ouverture, a
permis d’ouvrir des perspectives économiques intéressante et de
relever le niveau de vie des chinois.
Des mesures de libéralisation
économique ont ainsi été mises en place. Cette ouverture s’est
établie en considération de la géographie du pays, mais également
de la recherche de l’équilibre entre les secteurs économiques.
Ainsi, des zones économiques spéciales sont installées dans les
zones côtières, afin d’attirer les capitaux étrangers en
constituant des pôles attractifs propices au développement des
exportations pour les investisseurs étrangers. Les ZES se sont
rapidement diversifiées, en intégrant certains secteurs à
technologie avancée, tout en restant contrôlées dans la mesure où
les investisseurs sont scrupuleusement choisis. Les infrastructures
se sont ainsi énormément développées, ce qui attire d’autant plus
les investisseurs étrangers ; la qualité de celles-ci, les
avantages fiscaux et le faible cout de la main d’œuvre sont en
effet autant de facteurs favorables à l’installation d’une
entreprise. Ces zones ont permis de tester les possibilités
d’ouverture, qui se sont avérées positives. Alors que la Chine
était 34e exportateur du monde à la fin des années 1970,
elle devient 8e dans les années 2000. Cette expérience
favorable a conduit à l’élargissement du processus : 14 villes
côtières ont ainsi été ouvertes.
Mais les mesures ne s’arrêtent
pas là. Si la Chine conserve son attachement au groupe, et non pas
à l’individu, elle s’avance néanmoins largement vers la poursuite
du plaisir et de la réussite personnelle, caractéristique du
système occidental. Elle incite donc les individus à réussir
professionnellement. Cela peut se faire par le tourisme, qui s’est
largement développés grâce aux limitations des conditions d’entrée
sur le territoire et la qualité des prestations
offertes.
Mais la Chine, qui tente de
trouver un équilibre, risque de créer un déséquilibre entre ceux
qui deviennent tout et ceux qui ne deviennent plus rien. La
scission qui existe entre les nouveaux entrepreneurs et les paysans
s’agrandit continuellement puisque les services octroyés par
solidarité à la population deviennent payants (retraite, assurance
maladie…).
Le développement
économique
La Chine a intégré l’OMC en
2001, ce qui la place dans le système économique mondial. Cela a
d’importantes conséquences pour la Chine elle-même, mais également
pour les investisseurs. La Chine favorise les investissements dans
le secteur des technologies avancées, et accroit les
investissements en général. Alors que ceux-ci se voyaient
contraints de céder leur droit en matière de découverte
technologique dès lors qu’ils venaient s’installer en Chine, elles
n’y sont plus obligées.
Les investisseurs étrangers
s’installe de plus en plus en Chine pour de nombreuses raisons
financières, et notamment en raison des exemptions
fiscales.