Les premières réflexions relatives à la richesse apparaissaient
donc dès l’Antiquité, au IVe siècle avant notre ère.
C’est à cette époque qu’on va réfléchir à un meilleur mode de
formation sociale. Les penseurs considèrent en effet que le lien
économique se trouve à la base du lien social. A l’époque antique,
on croit à un ordre naturel, sur la base duquel se fondent des
principes moraux. L’économique est donc hors des préoccupations de
l'époque car elle se fonde sur l’égoïsme et donc sur
l'amoralité.
Si le terme « économie » vient de Xénophon, élève de
Socrate, les réflexions relatives à l’économie concernent beaucoup
d’autres penseurs.
Pensée grecque
A l’époque où la philosophie est reine, les hommes se posent
déjà les questions relatives à leur existence au sein d’un groupe,
et à la nécessité d’accomplir un travail pour subsister. Il n’y a
donc pas d’économistes à cette époque, néanmoins, certains
philosophes réfléchissent à cette question.
Platon
Né en 427, mort en 347, Platon a écrit deux ouvrages majeurs que
sont La République et Les Lois, dans lesquels il
imagine une cité parfaite qui repose sur le partage des biens
(« communisme » de Platon car il n’y pas de propriété
privée), la morale et la justice. Cette Cité est très
étudiée : elle doit par exemple se situer loin de la mer, et
donc loin de l’étranger car l'étranger corrompt ; elle repose
sur l’éducation, qui doit être parfaite pour que la Cité perdure.
Composée de 5040 citoyens, la Cité est divisée entre les gardiens
parfaits (les âmes d’or, qui gouvernent car ce sont les
philosophes), les guerriers (les âmes d’argent), et les âmes de fer
(qui n'agissent que par pulsion). Aussi, Platon rejette la
démocratie, qui selon lui se fonde sur la convoitise, la séduction
de ceux qui veulent être élus alors qu’ils ne sont pas aptes à
gouverner.
Dans La République, il imagine une cité parfaite fondée
sur la division du travail ; chaque homme est
spécialisé dans une activité. C’est en fonction des aptitudes de
chacun que le système est crée ; les classes inférieures sont
ainsi chargées de la vie économique (ce sont elles qui
travaillent), alors que les classes dites
supérieures se chargent de la politique. Il envisage également un
communisme intégral, et donc une société sans
propriété privée. Il y existe des communautés de femmes,
d’enfants.
Aristote
Aristote évoque la question économique dans deux de ses
écrits : Politique et L’Ethique à Nicomaque.
Né en 384, mort en 322, Aristote fut l’élève de Platon pendant
20 ans, avant de quitter l’école pour cause de divergence théorique
avec son maître. Aristote, au contraire de Platon, se fonde sur des
faits, des réalités politiques. Il observe et recherche, après
lecture des différentes constitutions existantes, ce que serait la
meilleure cité, sans chercher à ce qu’elle soit parfaite. Il
considère l’homme comme un animal politique, un animal social, qui
est fait pour vivre en communauté, et qui, contrairement à
l’animal, dispose de la parole dont il doit se servir. Il écrit
Le Politique, L’Ethique à Nicomaque dans lequel il
expose sa méthode d’observation des faits.
Il s’oppose au communisme de Platon, qui selon lui ne permet pas
l’ordre au sein de la société. Au contraire, la propriété
privée est pour lui synonyme de paix sociale car les
hommes ne prennent pas soin de ce qui ne leur appartient pas
directement. Ainsi, on ne peut faire reposer une société sur la
mise en commun des biens. Aristote opère également une distinction
entre l’économie (qui signifie l’autoconsommation, et donc le
travail directement pour se nourrir) de la
chrématistique (l’acquisition de richesses, et
donc la consommation), en se fondant sur le même postulat que
Platon : le but même de la vie ne doit pas être l’accumulation
de richesse. Selon Aristote, l’acquisition de richesses
« naturelle » (et donc nécessaires à la vie) permet la
satisfaction naturelle et la survie du groupe. En revanche, il
existe une forme dégénérée de la chrématistique, la "chrématistique
mercantile" par laquelle on acquiert des biens à outrance, des
biens superflus. On voit ainsi la distinction entre les biens
utiles à la vie, et les biens
superflus. L’activité économique doit donc se
limiter à la satisfaction des besoins familiaux, et ne pas
rechercher l’enrichissement, sans quoi elle remet en cause l’ordre
naturel.
Pensée romaine
La période romaine était tourné vers la conquête territoriale,
plus que vers les échanges commerciaux. La pensée économique est
donc limitée à cette époque. Néanmoins, on peut rappeler que cette
pensée visait essentiellement à renforcer les
institutions dans le but de développer
l’économie.
Moyen-âge
Né en 1225, mort en 1274, Saint Thomas d’Aquin est l’un des
Pères de l’église chrétienne. Inspiré par Aristote, Saint Thomas
d’Aquin va notamment montrer que la foi et la raison ne sont pas
incompatibles.
Saint Thomas d’Aquin considère, en reprenant la
pensée d’Aristote, que la propriété privée seule permet de mettre
de l’ordre car chacun sait ce qu’il doit faire. De même, il
condamne tout autant le prêt à intérêt car l’accumulation des
richesses ne doit pas être une fin en soi ; de plus, il pense
que le crédit sert à certaines personnes pour survivre et qu’on ne
peut leur demander plus d’argent alors qu’ils n’en ont pas.
Cependant, à cette époque, le travail et l’activité économique
ne sont plus condamnés car la Terre doit être dominée, et le
travail permet cela en agissant dessus.
Saint Thomas d’Aquin considère qu’il est impossible de trouver
un semblant de justice dans ce bas monde. Tout comme Aristote, il
condamne l’accumulation des richesses, qui ne doit pas être une fin
en soi. De la même manière, il pense que le prêt à intérêt
est inacceptable. En effet, cela suppose le pouvoir d’un
homme sur l’autre, le pauvre. L’argent ne doit donc être qu’un
moyen d’échange et ne doit pas se multiplier par lui-même.
"L'argent ne peut pas engendrer d'argent".
Saint Thomas d’Aquin montre ce que serait le
« juste » prix. Celui-ci ne résulte pas
d’un simple consensus entre les parties, mais d’une prise en compte
des autres, qui pourraient être lésés par cette transaction. Il
accepte enfin la propriété privée, conscient que cela engendre des
inégalités car elle peut être tempéré par la charité.