Une définition difficile à consacrer
Alors que de nombreux peuples ont fait l’objet d’importants
massacres, le terme de génocide n’est longtemps pas établi par le
droit, ce qui limite les conséquences de ces actes. Ce terme n’est
employé pour la première fois qu’après la seconde guerre mondiale,
par Raphaël Lemkin dans son livre Axis Rule in Occupied Europe (La
domination de l'Axe en Europe occupée), pour désigner le massacre
des juifs, des tziganes ou encore des handicapés par les nazis. Le
terme vient d’un néologisme, établi par Raphaël Lemkin, entre le
terme grec genos, signifiant « genre » « naissance » et le terme
latin caederer, « tuer ». Le génocide, bien qu’alors non défini, a
été mentionné comme crime contre l’humanité par le Tribunal de
Nuremberg en 1945. L’ONU reprend ainsi le terme dans la Convention
pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948.
Le droit international veut punir un crime autrefois inconnu du
droit, et qualifier certains actes jugés barbares.
Le génocide est donc un acte visant à détruire, en tout ou
partie, un groupe national, racial, éthique ou religieux. Il s’agit
donc d’un plan méthodique consistant à exterminer une population
particulière du fait de son intégration à un groupe national. Il
s’agit donc de l’intention même de détruire une population
particulière, peu importe le nombre de morts. Cependant, la
définition peut être plus large puisque le jugement rendu dans le
cadre du génocide rwandais a établit que le viol constituait un
crime de génocide dès lors qu’il permettait de détruire un groupe
en portant atteinte à l’intégrité physique et mentale des
individus.
Les définitions étant parfois peu claires puisque variantes en
fonction des historiens, on peut se référer à celle de la
Convention précédemment citée :
"Dans la présente Convention, le génocide s'entend de l'un
quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire,
ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou
religieux, comme tel :
- Meurtre de membres du groupe;
- Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du
groupe;
- Soumission intentionnelle du groupe à des conditions
d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou
partielle;
- Mesures visant à entraver les naissances au sein du
groupe;
- Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe."
On peut enfin relever que la définition peut reposer sur
quelques éléments déterminés tels que : l’extermination d’un
groupe, la stratégie adoptée pour cela, et l’identité des
victimes.
Enfin, toute personne qui inciterait à la commission d’un acte
de génocide, le tenterait ou un participerait serait considéré
coupable de génocide.
Des années de génocide
Les massacres engendrés notamment par les idéologies, ou par les
croyances sont très nombreux. De nombreux massacres, déportation et
expulsion ont eu lieu sur beaucoup de territoire, et il n’a pas
fallu attendre le 20e siècle pour que ceux-ci apparaissent. On peut
citer le massacre orchestré lors de la guerre du Caucase au 19e
siècle, les pogroms perpétrés par les russes contre les juifs, ou
encore le premier massacre d’arméniens à la fin du 19e siècle. Si
la société a évolué, les génocides perdurent dans le monde. On peut
donner quelques exemples de génocide établis au 20e siècle :
- 1915 : génocide des arméniens par l’empire ottoman (plus d’un
millions de tués)
- 1940-1945 : génocide des juifs par les nazis (6 millions de
tués)
- 1975-1979 : génocide des cambodgiens par les Khmers rouges
- 1994 : génocide des tutsi par les hutu extrémistes au Rwanda
(un million de tués)
Selon les historiens, d’autres faits sont recensés comme étant
des génocides. C’est par exemple le cas des massacres perpétrés par
les chinois sur les tibétains dans les années 1960, ou encore celui
des Goulags, camps soviétiques.
La lutte contre le génocide
Beaucoup de tribunaux ont été mis en place pour juger les
génocides. Certains ont été crées spécifiquement : Tribunal de
Nuremberg pour les crimes nazis par exemple. Mais les génocides
sont également jugés par la Cour pénale internationale, crée en
1998, qui a notamment pour vocation de juger les génocides.
Cependant, le procès relatif au génocide perpétré par les Khmers
rouges au Cambodge a lieu dans celui-ci.
La Charte de l’ONU, mais également la Convention de Genève,
oblige les Etats à intervenir pour « prévenir ou arrêter des actes
de génocide ». Les génocides sont donc aujourd’hui soumis à
l’intervention de la communauté internationale, et à ses
juridictions.