Spinoza

Sur les illusions

L’homme est mû par l’illusion selon laquelle il est libre de sa volonté. Lorsqu’il veut quelque chose, il ne se pose pas la question de la cause de la chose. Par exemple, si nous avons faim, nous ne cherchons pas à savoir pourquoi nous avons faim ; nous sommes seulement certains de la volonté d’avoir faim.

  • Ainsi, la liberté de volonté n’existe pas, c’est une illusion.

L’homme pense que la nature est faite pour lui : la nature serait un moyen de satisfaction de nos désirs. Il croit alors que la nature a été créée pour lui, pour son usage ; ainsi, la nature a été élaborée pour l’homme, dans ce but : c’est l’anthropocentrisme.

  • Aussi, l’homme, face à ses angoisses, a créé Dieu, à son image. Dieu agit dans un but, comme toute chose. Lorsque les choses sont nuisibles, l’homme les attribue à la colère des dieux. Cette illusion, c’est l’anthropomorphisme.

La connaissance rationnelle doit libérer les hommes de leurs illusions.

  • Pour connaitre la nature, les hommes doivent se débarrasser de leurs préjugés et de leurs illusions.

Sur les mathématiques

Pour Spinoza, les mathématiques permettent à l’homme de se délivrer de l’imagination. Ils montrent les choses telles qu’elles sont.

  • Il se donne donc pour tâche d’utiliser les mêmes méthodes : comme le mathématicien part de la nature du triangle pour évoquer ensuite ses propriétés, Spinoza va partir de la nature de Dieu pour ensuite connaitre ses propriétés, ses lois nécessaires.

L’homme sera libre lorsqu’il aura une connaissance de ce qui est (la nature ou Dieu, qui n’a besoin que de lui-même pour exister).

Sur la connaissance

La connaissance sensible ne conduit pas à la connaissance adéquate d’une chose ; il s’agit d’une connaissance sensible, appréhendée par nos sens, qui n’est qu’une illusion.

  • Si en revanche, nous connaissons la vraie nature de la chose, notre connaissance sensible n’est pas une illusion : c’est une connaissance partielle que l’on sait comme telle. Ainsi, par exemple nous voyons quelque chose que nous pressentons froid, alors que notre connaissance de la chose sait qu’il est chaud.
  • Ainsi, l’erreur résulte d’une connaissance incomplète.

Pour parvenir au bonheur, les hommes doivent s’orienter vers la connaissance. Les seules plaisirs passionnels permettent seulement d’atteindre un bonheur passager.

  • Seule la connaissance peut conduire au bonheur éternel : elle permet la connaissance de la nature, de Dieu, et ainsi d’atteindre la béatitude.

Ainsi, par la connaissance de la nature, l’homme peut atteindre la béatitude : il comprend son essence et son appartenance à la nature, ce qui est un gage de liberté.

Connaitre notre essence permet de distinguer les passions qui augmentent notre puissance d’action de celles qui la diminuent. L’homme étant un être de nature, il cherche à se préserver ; en déterminant ses désirs, il reconnait les passions utiles et se préserve des passions inutiles.

  • En excès, certains plaisirs sont plutôt sources de tristesse. Par sa volonté de préservation, l’homme est mû par des désirs, qui grâce à la raison, sont à la base du choix entre les affections utiles et les affections inutiles.

Sur le droit

Tout comme Hobbes, Spinoza considère qu’à l’état de nature, les hommes luttent pour vivre et faire valoir leurs droits ; la puissance des uns est combattue par celle des autres. Il y règne un état de lutte permanent.

  • Pour sortir de cet état, les hommes prennent conscience de la nécessité de se soumettre ensemble à un pouvoir commun supérieur.

Les régimes politiques doivent user de raison pour permettre la bonne coexistence des hommes.

  • Les régimes tyranniques n’usent pas suffisamment de raison et se rapprochent ainsi de l’état de nature car les hommes se méfient les uns des autres.
  • En revanche, un pouvoir qui agirait dans l’intérêt de tous permettrait aux sujets d’y obéir car ils verraient l’utilité des lois.