Prolifération et non-prolifération nucléaire
Prolifération nucléaire
Prolifération et conséquences mondiales
Les premières recherches sur le nucléaire sont faites avant la
Seconde Guerre mondiale, le premier véritable « test » étant celui
porté par les bombes A lancées sur Hiroshima puis Nagasaki en 1945
par les Américains.
- D’autres Etats se dotent d’armes nucléaires : l’URSS en 1949,
le Royaume-Uni (1952), la France (1960), la Chine (1964). Les
grandes puissances siégeant comme membre permanent à l’ONU
disposent donc dès les années 1960 de l’arme atomique.
- Au début des années 1990, de nouveaux Etats issus de l’URSS
sont « nés nucléaires » (Ukraine, Biélorussie, etc.). D’autres
Etats se sont doté de l’arme nucléaire ou cherchent à l’obtenir.
Israël et le Pakistan disposent désormais de l’arme atomique, la
Corée du Nord a également affirmé en disposer en 2002, et l’Iran
développe son arsenal atomique.
La prolifération des armes nucléaires dans le monde modifie le
rapport entre Etats.
- L’Etat-nation perd de sa puissance, celui-ci ne pouvant plus
protéger sa population contre l’arme nucléaire.
Face au risque de destruction mutuelle assurée (MAD en anglais),
les Etats utilisent désormais l’arme nucléaire comme processus de
dissuasion, créant ainsi un état de stabilité internationale.
- L’arme nucléaire a permis de maintenir pendant la guerre froide
un « équilibre de la terreur », les deux grandes puissances ne
pouvant user de cette arme. Cela a fait entrer le monde dans un
état de « Paix impossible, guerre improbable » (Raymond Aron), même
si certains épisodes historiques (crise de Cuba en 1962) ont frôlé
la catastrophe.
La position française
En France, la politique de dissuasion nucléaire commence dès
1945 lorsque le général de Gaulle décide de créer le Commissariat à
l’énergie atomique (CEA).
- Après la défaite de Suez, le gouvernement français accélère son
programme nucléaire, conduisant à son premier essai en 1960 au
Sahara.
- La France considère que l’arme atomique lui permet d’égaler les
autres Etats par sa force de dissuasion alors même qu’elle est
moins forte quantitativement.
- Il revient au président de la République la responsabilité du «
bouton atomique » ; les circuits de transmissions sont établis de
telle manière que l’information parvienne directement aux moyens de
tir.
La politique française de dissuasion nucléaire repose sur
l’accord de la population ; si les Français ont montré leur
désaccord en 1960, ils ont ensuite compris que l’arme nucléaire
évitait à la France toute guerre sur son territoire.
Aujourd’hui, la France a la part la plus élevée de production
d’électricité d’origine nucléaire. Mais le parc électronucléaire
français est vieillissant et un nouveau type de centrale est
aujourd’hui expérimenté : le réacteur de fusion thermonucléaire
ITER.
- Déjà pendant la guerre froide, la France a cherché à rester
invulnérable face aux grandes puissances en concurrence constante.
Elle s’est ainsi attachée à moderniser sans cesse ses armements
nucléaires.
Limitation de la prolifération
La société internationale a rapidement perçu les effets néfastes
d’une course aux armements nucléaire. Pour y mettre fin, les
grandes puissances ont instauré un régime international de
non-prolifération des armes de destruction massive.
- Les premières négociations sur la question ont lieu dès 1958,
et donnent lieu au traité de Moscou de 1963, au traité de
Washington en 1971, etc.
Les accords SALT (Strategic Arms Reducty Treaty) de 1972 et 1979
sont parmi les plus importants en matière de non-prolifération
nucléaire. Ils seront suivis par les accords START de 1991 et
1993.
- L’accord START II n’a été accepté par la Douma russe qu’en
2000.
Le traité de non-prolifération (TNP) de 1968 reste celui qui
maintien le monde dans un certain état de stabilité. Le traité
avait été conclu pour 25 ans, il a été reconduit pour une durée
indéfinie en 1995.
- Conclu entre des Etats dotés de l’arme nucléaire et des Etats
qui n’en sont pas dotés, il oblige les Etats qui possèdent l’arme
nucléaire à ne pas aider les autres à l’obtenir, les autres Etats
s’engageant à ne rien faire pour l’obtenir.
- La France n’a ratifié le TNP qu’en 1992.
Les essais nucléaires sont également interdits. Le Traité
d’interdiction complète des essais nucléaire (TICE) de 1996 a
obligé la France à démanteler progressivement son Centre
d’expérimentation du Pacifique.
Les enjeux du nucléaire
Respect et non-respect des accords internationaux
Hiroshima et Nagasaki ont été le terrain d’essais nucléaires en
1945. Aujourd’hui, la puissance destructrice des armes nucléaires
est telle qu’elle n’est qu’un instrument de dissuasion entre
Etats.
De nombreux Etats tentent de respecter les accords de
non-prolifération.
- La France a ainsi ramené son arsenal nucléaire de 3 à 2
composantes, fermé son site d’expérimentation nucléaire du
Pacifique, et arrêté la production de matières fissiles à usage
militaire.
Quelques Etats se refusent à admettre que seules les grandes
puissances puissent bénéficier de l’arme nucléaire.
- La Corée du Nord a ainsi fait obstacle aux inspections
destinées à faire respecter le TNP.
- Si le pays avait bien signé le traité de non-prolifération, la
révolution de 1979 a mis un terme aux accords que le pays
maintenait avec les occidentaux. L’Iran a ainsi utilisé l’énergie
atomique civile fournie par les occidentaux pour s’engager dans des
activités d’enrichissement d’uranium.
Le Sénat américain a rejeté en 1999 le TICE, alors que les
Etats-Unis disposent du premier parc mondial de centrales
nucléaires au monde.
Armes nucléaires et droit humanitaire
L’utilisation des armes nucléaires ne doit pas empêcher le
respect des règles du droit humanitaire (distinction
civil/combattants, limitation des pertes humaines et des victimes,
éviter les souffrances inutiles, etc.).
- Les civils doivent donc être protégés des armes
nucléaires.
La Cour internationale de Justice a du se prononcer sur la
licéité de la menace ou de l’emploi des armes nucléaires en 1996.
Dans son avis, elle a rappelé l’interdiction d’utiliser des armes
ne permettant pas distinguer les civils des militaires, et qui de
surcroit aggravent inutilement la souffrance des hommes hors de
combat.
- La Cour affirme que l’usage des armes nucléaires n’est donc pas
compatible avec les exigences du droit humanitaire.
- Elle ne s’est néanmoins pas prononcée sur la licéité ou la
non-licéité du recours à l’arme nucléaire.