Sur l’empirisme
Locke considère que toute interrogation sur la politique, la
morale, etc. suppose la détermination d’une théorie de la
connaissance. En tant que médecin, il a ainsi refusé toute
hypothèse à priori pour comprendre les symptômes ; il s’attachait à
prendre en compte l’expérience sensible.
- Locke se fonde alors sur une philosophie empiriste, qui fonde
la connaissance de l’homme sur l’expérience.
Contre la théorie cartésienne de l’innéisme, Locke montre que
l’homme ne peut avoir d’idées innées ; sinon comment expliquer
qu’en fonction des cultures, les idées soient différentes (par
exemple, certains peuples n’ont aucune idée de Dieu) ?
- Locke montre par les données fournies par l’expérience forment
les idées ; celles-ci ne peuvent donc être innées. Ainsi, il est
possible de prouver l’existence de Dieu par l’expérience.
L’homme fonde ses idées à partir de son expérience, ce que son
esprit est à l’origine une table rase.
- Les idées proviennent de la sensation et de la réflexion. C’est
à partir des idées simples que l’esprit associe que nait la
connaissance. Par exemple, l’idée d’infini n’est pas innée, mais
résulte d’une construction de l’esprit (nous savons par expérience
que l’ajout d’une grande quantité d’espace et de temps conduit à
l’infini).
Sur la politique
Locke élabore une théorie du contrat social, et part pour cela
de l’état de nature.
- L’état de nature est l’état dans lequel les hommes vivent
ensemble sans soumission à une autorité supérieure commune.
Contrairement à l’état de nature chez Hobbes, les hommes ne sont
pas en lutte perpétuelle car il existe une loi naturelle qui oblige
au respect des autres (sa liberté, sa santé, etc.).
- Ainsi, les hommes sont alors mus par l’exigence de respect de
la loi de nature par les autres, et par leur propre
conservation.
Si l’état de nature est un état de liberté, les hommes ne
peuvent voir leur droit de propriété garanti en l’absence de juge
supérieur (ce qui conduit à l’arbitraire).
- Ainsi les hommes renoncent à leurs droits naturels pour créer
l’Etat civil, afin que la société protège leurs droits (droits
naturels), et donc le droit de propriété (protection des biens de
l’individu).
- L’homme n’abandonne pas les pouvoirs qu’il possède à l’état de
nature, il les transfère seulement à la société.
L’instauration de la société civile doit permettre de protéger
la liberté individuelle (droit naturel) et donc d’éviter toute
forme d’abus. Ainsi, les pouvoirs législatifs et exécutifs qu’elle
détient doivent revenir à des mains différentes.
- Locke définit avant Montesquieu une théorie de la séparation
des pouvoirs. Il préconise une forme de gouvernement dans lequel
les pouvoirs sont détenus par des entités séparées : le pouvoir
législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir fédératif (affaires
étrangères).
Le contrat social est engagement réciproque, qui engage les
hommes aussi bien que le souverain.
- Le souverain n’étant qu’un mandataire, le peuple dispose d’un
droit de résistance à l’oppression s’il ne respecte pas ses
engagements. Cependant, bien loin de penser aux risques
anarchiques, Locke montre que les peuples sont généralement inertes
; les risques sont donc très faibles.
Locke va encore plus loin dans la création des principes de la
démocratie libérale dans sa Lettre sur la tolérance.
- Il préconise la séparation de l’Eglise et de l’Etat pour
permettre à chacun d’exercer librement ses croyances. Le pouvoir
civil n’a aucune emprise sur les croyances et opinions de
chacun.
L’Etat ne doit pas contraindre ses sujets à croire, car la
volonté ne peut soumettre l’entendement (source des croyances) et
car cela est contraire à la volonté divine.