Cependant, la liberté d’expression a été atténuée
par des besoins de sécurité selon les époques.
Ainsi, en 2014, la France reculait au classement
Reporters sans frontières sur la liberté de la presse, occupant la
39e place. De leur côté, les
Etats-Unis occupaient la 46e place, notamment en raison de “la
chasse aux sources et aux lanceurs d’alerte”. Ainsi, la liberté de
la presse recule dans certaines démocraties qui “utilisent
abusivement l’argument sécuritaire”, dans une
société où se développe la cybercriminalité.
Les journalistes ont parfois été la cible d’une
surveillance par les services de renseignement. Ainsi, Reporters
sans frontières avait établi une liste des “ennemis d’internet”,
dénonçant ainsi la censure et la surveillance de certaines
organisations comme la NSA américaine ou la GCHG britannique, qui
ont espionné les communications de plusieurs millions de citoyens,
dont de nombreux journaliste sous couvert de sécurité
nationale.
La liberté d’expression est également limitée par
le respect d’autres libertés fondamentales. Pour assure le respect
de ces libertés, la limitation de la liberté d’expression s’exerce
aujourd’hui principalement par voie de décision de justice et par
les autorités administratives indépendantes. La censure préventive
s’effectue quant à elle dans le domaine du cinéma essentiellement
(par la commission de classification des oeuvres
cinématographiques). De son côté, depuis 1989, le Conseil supérieur
de l’audiovisuel (CSA) est chargé de veiller au respect des lois,
et aux bonnes moeurs. Films, séries télévisées ou encore journaux
font ainsi l’objet d’interdictions quant à certains de leurs
contenus.
La censure au cinéma est ancienne en France. Dès
les années 1910, le cinéma doit obtenir un visa d’exploitation pour
être projeté en salle.
Voir la “Petite chronologie de la censure
cinématographique en France” :
http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/hg/file/Dossiers_et_documents/histoire_des_arts/religieuse-rivette/Annexe_3_-_histoire_censure_France.pdf
Aujourd’hui, la censure s’est atténuée, bien que
le cinéma reste soumis à un contrôle administratif avant sa
diffusion. En France, les films doivent disposer d’une
immatriculation et demander un visa d’exploitation pour se
retrouver sur les écrans.
Le visa est délivré par le ministre de la
culture, après avis de la commission de la classification des
œuvres cinématographiques, qui dépend du Centre national du cinéma
et de l’image animée (CNC). Il en existe plusieurs, délivrés selon
les interdictions au moins de 12 ou encore de 18 ans.
Mais le visa d’exploitation pouvant être refusé,
certains producteurs et réalisateurs s’autocensurent. Ainsi, la
censure est aujourd’hui moins visible : certains films ne peuvent
être diffusés à des heures de grande écoute, d’autres
s’auto-censurent.
C’est une pratique ancienne. En effet, des
années 1930 aux années 1960, les Etats-Unis ne possédaient pas
d’organisme de censure officiel. Ainsi, le Code Hays a organisé
l’autoréglementation de l’industrie américaine du cinéma pour
éviter toute tentative de censure officielle. En se censurant
elle-même, l’industrie du cinéma limitait toute réaction négative
de l’opinion publique et ne risquait ainsi plus de voir ses films
boycottés.
Voir :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1987_num_15_1_1879
Aujourd’hui, pour des raisons d’ordre public, un
film peut se voir interdit localement : atteinte aux bones moeurs,
etc. Mais cette censure peut être large tant la notion d’ordre
public évolue. “l’article L212-1 du Code du cinéma et de l’image
animée prévoit que le visa peut être refusé pour “des motifs tirés
de la protection de l’enfance ou de la jeunesse ou du respect de la
dignité humaine”. C’est une police spéciale : il est donc
impossible de ne pas délivrer un visa pour des raisons d’ordre
public, de salubrité publique, etc, soit des motifs qui seraient
tirés de la police générale.”
Il revient donc au maire et au juge de réguler
“moralement” les oeuvres cinématographiques et les
interdictions émises par les visas peuvent être
contestées.
Ainsi, bien que la censure générale ait disparu
depuis 1881, les individus peuvent dire ce qu’ils pensent (« usage
privé de la raison »), mais ils doivent le faire dans le respect de
l’ordre public (Kant, Qu’est-ce que les Lumières ?).
Cependant, l’interdiction de certains contenus sur
Internet qui a provoqué de vifs débats publics. En France, certains
sites nazis et pédopornographiques ont en effet été bloqués,
suscitant l’incompréhension de certains (Noam Chomsky avait défendu
le droit de parole des négationnistes en raison de la liberté
d’expression). Aussi, dans le cadre de la lutte antiterroriste, les
sites Internet faisant l’apologie du terrorisme peuvent être
bloqués par décision administrative.
Ailleurs dans le monde, certains gouvernements
contrôlent l’utilisation d’Internet, et bloquent l’accès à certains
sites (Chine, Russie, Cuba), de même que certains hackers dépendant
du pouvoir central ont pour mission d’attaquer les sites de
l’opposition.
De nombreuses lois ont été instaurées depuis les
années 2000 pour encadrer Internet. Ce
phénomène a touché différents pays, ce qui avait conduit le groupe
mondial Anonymous à attaquer plusieurs sites officiels pour
protester contre l’atteinte à la liberté sur Internet.
Cependant, les limitations de liberté
d’expression sur Internet sont rendues difficiles par les
importants conflits juridiques qui empêchent souvent la maitrise
des réseaux (réseaux transnationaux, etc.). Mais malgré certains
lacunes juridiques, plusieurs sites de téléchargements ont été
fermés (ex : Mégaupload).
En effet, Internet permet à chacun de s’exprimer,
de véhiculer certaines idées, de prendre connaissance
d’informations dissidentes, qu’il était plus difficile de se
procurer auparavant. De plus, Internet est difficilement l’objet de
contrôle, d’avertissement. Ainsi, les mesures interdisant
l’incitation à la haine sont souvent considérées comme des
restrictions raisonnables et nécessaires au droit à la liberté
d’expression.