Sur le sens de la critique
Au contraire des débats philosophiques dans lesquels sont
évoqués des questions fondamentales comme l’existence de Dieu ou
l’origine du monde, Kant montre qu’il est nécessaire d’instaurer un
arbitre dans les débats car ces réflexions philosophiques sont
habituellement le lieu d’oppositions, de polémiques.
- Kant propose d’instaurer le tribunal de la raison. Au lieu de
l’opposition, il choisit la critique, qui consiste à ne pas être
crédule. Il s’interroge sur la raison, sur l’usage (théorique et
pratique) de la raison, sur les limites de la raison.
Sur la faculté de connaitre
Connaitre un objet, c’est le saisir dans l’espace et le temps,
qui ne sont que des structures de notre esprit, non une réalité
objective extérieure.
- Notre esprit analyse ce qu’il perçoit et le fait prendre forme
grâce au temps et à l’espace. Kant nomme ainsi « phénomènes » les
choses telles que nous en faisons l’expérience, non les choses en
elles-mêmes.
Dès lors que les choses ne sont pas perceptibles dans l’espace
et le temps, l’expérience est impossible ; c’est le cas de Dieu,
qui est éternel, donc inconnaissable.
- La métaphysique est donc une croyance puisqu’elle ne peut être
appréhendée dans le temps et dans l’espace : « J’ai fait sa place
au savoir [la métaphysique], j’ai fait sa place à la croyance ». La
raison ne peut donc avoir de jugement sur Dieu ou l’origine du
monde.
Il ne faut pas confondre savoir et croyance ; les confondre
ferait entrer l’homme dans l’illusion. En effet, mêler le champ du
savoir au champ de la croyance ne peut être raisonnable ; cela
conduit nécessairement à entrer dans l’illusion.
Sur la faculté de juger
Kant considère que nos jugements ne se fondent pas sur la
croyance mais sur des principes à priori. Lorsque l’on porte un
jugement sur quelque chose, on ajoute quelque chose à l’expérience
: il s’agit d’un jugement synthétique.
- Par le jugement, on ajoute quelque chose au donné grâce à notre
connaissance de concepts à priori (des « catégories » selon
Kant).
Raison, morale et liberté
Kant distingue l’acte moral, inspiré par la raison, des actes
conditionnés par le désir. L’action qui poursuit un but précis
n’est pas morale. A l’inverse, agir sans vouloir obtenir ce que
l’on désire (argent, honneur, etc.) est un acte moral.
- En agissement moralement, on ne poursuit pas un but, on
applique seulement un principe de conduite, une loi morale (un
devoir) : « Tu dois, donc tu peux ». Néanmoins l’acte moral doit
être désintéressé, sans quoi il s’agira d’un acte poursuivant
certains buts. ? L’acte moral est celui qui est raisonné, celui que
chacun doit effectuer dans telle situation (c’est un devoir
universel) : « Agis de manière à ce que la maxime de ton action
puisse être érigée en loi universelle de la nature ».
En obéissant à la loi morale, l’homme obéit à sa raison, à sa
propre loi, il est donc autonome. L’homme est ainsi libre car il
s’est servi de sa raison.
- Kant montre ainsi son appartenance aux Lumières en donnant une
place privilégiée à l’éveil de la raison par la raison.
Sur l’histoire
L’homme cherche par nature à satisfaire ses désirs individuels ;
il est insociable.
- Mais cette insociabilité constitue le moteur de l’humanité :
chacun cherche son propre intérêt, mais cherche aussi à vivre avec
les autres. L’homme doit donc progressivement s’humaniser avant de
faire triompher la raison : c’est la nature qui le pousse à
développer ses facultés. ? C’est par le conflit que l’humanité
progresse.
L’histoire a donc une finalité ; les hommes peuvent accomplir
leurs propres fins : être dotés de raison.
- On peut considérer qu’il existe une finalité dans les
organismes vivants : les poisons sont conçus pour nager. De même
l’art (Critique de la faculté de juger) semble être fait pour
plaire aux hommes. ? On peut donc penser que l’homme peut accomplir
sa propre fin dans la nature.