La pensée du 19e siècle

La philosophie des Lumières a continué à avoir un impact sur la philosophie ultérieure. De même, la Révolution a fait l’objet de critiques, de remises en question. C’est dans ce cadre qu’est apparue la révolution industrielle, et avec elle les mouvements communistes, les doctrines socialistes révolutionnaires.

Socialisme utopique

Au-delà des espoirs qu’a fait naître chez certains la révolution industrielle, cette dernière est également le signe menaçant de l’expansion capitaliste.

Saint-Simon

Saint-Simon considère que le pouvoir politico-religieux devrait avoir pour but d’organiser l’activité économique, non de régenter les hommes : il faut « substituer au gouvernement des hommes l’administration des choses ».

  • Sans régulation étatique, l’économie est amenée à faire face à des crises périodiques, signes de « l’anarchie libérale ».

Saint-Simon veut supprimer la propriété héréditaire : la propriété doit être accordée en fonction de critères tels que le talent, le travail (car « à chacun selon ses capacités, à chacun selon ses œuvres »).

Fourrier

Fourrier a cherché à mettre en avant les principes de l’attraction sociale : les hommes, créés par Dieu, doivent rechercher l’harmonie sociale.

  • Dieu a voulu que règne l’harmonie cosmique, de même qu’il souhaite l’harmonie sociale. Ainsi, les problèmes actuels (conflits) sont une offense à Dieu.

L’harmonie sociale est au cœur de la nature humaine ; or les hommes se voient imposer des activités et des valeurs contre-nature.

  • Les hommes voient leurs passions réprimées par leur exploitation au travail. Chaque classe sociale a des morales qui leurs sont propres, et qui sont source de dysharmonie.

Fourrier cherche à créer une société dans laquelle les passions, loin d’être réprimées, sont encouragées : ce sont les phalanstères (400 familles réunies).

  • Ces sociétés reposent sur la combinaison de trois passions : la « cabalistique » (goût de l’émulation individuelle), la « composite » (goût de la vie communautaire), la « papillonne » (goût du changement).

Proudhon

Fervent défenseur d’une « anarchie positive », Proudhon est ouvertement hostile à l’Eglise (« Dieu, c’est le mal ») et à l’Etat.

  • L’anarchie positive, c’est une société fédérative, organisée spontanément par divers groupements (organisations mutualistes, communes, etc.).

Proudhon rejette le système capitaliste, qui a pour fondement la propriété : « la propriété, c’est le vol ». Il dénonce la « gaine aubaine », celle de capitaliser sans travailler (pour les propriétaires capitalistes).

  • Il propose de remplacer la propriété par la possession familiale et héréditaire.
  • IS’il rejette le capitalisme, Proudhon n’adhère pas pour autant aux thèses communistes : il refuse la collectivisation des propriétés, qui détruirait la liberté des individus.

Positivisme

Pour contrer l’anarchie née de la Révolution, Auguste Comte s’attache à établir scientifiquement les principes fondateurs d’une société.

  • Comme la science physique établit les lois de la nature, la physique sociale établirait les lois de la société. La physique doit seulement s’intéresser aux faits, et aux relations qui les lient.

Ainsi, la physique sociale, sociologie, élabore des lois qui montrent la réalité sociale. Elle doit permettre de comprendre l’ordre social, les phénomènes sociaux.

Auguste Comte considère qu’il faut que chacun puisse participer à l’œuvre sociale. Il propose donc une religion positive.

  • La religion positive ne repose pas sur une croyance, mais sur une foi démontrée, qui permettra de de garantir durablement l’ordre social. Par cette religion, les hommes auront foi en ce à quoi nous appartenons, à l’humanité en général.
  • Aux côtés de la religion positive, qui créé et maintient les vertus nécessaires au maintien de l’ordre social, la politique positive permettrait à l’Etat de veiller au bon fonctionnement de la puissance politique.

Ainsi, les hommes chercheraient, non pas à avoir une vie immortelle dans l’au-delà, mais l’immortalité dans la vie terrestre (les personnages majeurs, les grands hommes, marqueront l’humanité, et deviendront en cela immortels).

Libéralisme

Le libéralisme est né de la lutte contre l’absolutisme aux 17e et 18e siècles. Défenseur des libertés individuelles, le libéralisme s’est lié au protestantisme, qui place l’homme directement devant Dieu, sans intermédiaire, concourant ainsi à la montée de l’individualisme.

Locke

Pour Locke, le but de l’Etat est de respecter les droits naturels de l’homme.

  • Parmi ces droits, la liberté d’opinion et d’expression ou encore la propriété individuelle (droit naturel légitimé par le travail).

Adam Smith

Pour Adam Smith, le capital vient du travail, non de la nature.

  • Les théories mercantilistes montraient au contraire que la richesse venait de la nature (métaux précieux) ; de même, les physiocrates considérait que la richesse résultait des produits de la terre (industrie et commerce étaient destinés à transformer et transporter les biens de la nature).
  • Le travail permet de constituer un capital, qui lui-même est enrichi par l’épargne (la capital lui-même est productif).

Adam Smith considère que les hommes peuvent agir dans leur propre intérêt ; cela contribue à accroitre la richesse commune.

  • Une main invisible organise l’ordre économique par la concordance des intérêts particuliers.

Certains penseurs ont remis en cause les conséquences favorables de la poursuite de l’intérêt privé.

  • Malthus a montré que l’augmentation de la population, et donc la poursuite des intérêts familiaux privés, ne conduit pas à accroitre les richesses.
  • Pour Stuart Mill, utilitariste, chacun cherche à accroitre ce qui le rend heureux (au minimum, recherche d’un équilibre entre le bonheur et la souffrance) ; tout le monde recherche le bonheur, et la poursuite du bonheur commun constitue une partie de ce bonheur. Ainsi, la poursuite de l’intérêt privé ne contribue pas à l’intérêt commun.

Benjamin Constant et Alexis de Tocqueville

Benjamin Constant défend la liberté individuelle, et ainsi la liberté d’opinion et la liberté d’expression.

  • La liberté individuelle n’est pas une soumission à la volonté générale (au contraire de ce que considère Rousseau), ni une soumission à une loi morale considérée universelle.

Pour Alexis de Tocqueville, constatant l’exercice de la démocratie aux Etats-Unis, montre ses dangers.

  • Avec la démocratie, les individus vont avoir tendance à s’uniformiser, à chercher l’égalité à tout prix.
  • Dans cet état de paix, ils confient à l’Etat la garantie de leur sécurité et de leur liberté. Mais cela contribue à un repli des individus sur la sphère privée ; ne jouant plus aucun rôle dans la démocratie, les individus peuvent laisser émerger un totalitarisme d’Etat.