Socialisme utopique
Au-delà des espoirs qu’a fait naître chez certains la révolution
industrielle, cette dernière est également le signe menaçant de
l’expansion capitaliste.
Saint-Simon
Saint-Simon considère que le pouvoir politico-religieux devrait
avoir pour but d’organiser l’activité économique, non de régenter
les hommes : il faut « substituer au gouvernement des hommes
l’administration des choses ».
- Sans régulation étatique, l’économie est amenée à faire face à
des crises périodiques, signes de « l’anarchie libérale ».
Saint-Simon veut supprimer la propriété héréditaire : la
propriété doit être accordée en fonction de critères tels que le
talent, le travail (car « à chacun selon ses capacités, à chacun
selon ses œuvres »).
Fourrier
Fourrier a cherché à mettre en avant les principes de
l’attraction sociale : les hommes, créés par Dieu, doivent
rechercher l’harmonie sociale.
- Dieu a voulu que règne l’harmonie cosmique, de même qu’il
souhaite l’harmonie sociale. Ainsi, les problèmes actuels
(conflits) sont une offense à Dieu.
L’harmonie sociale est au cœur de la nature humaine ; or les
hommes se voient imposer des activités et des valeurs
contre-nature.
- Les hommes voient leurs passions réprimées par leur
exploitation au travail. Chaque classe sociale a des morales qui
leurs sont propres, et qui sont source de dysharmonie.
Fourrier cherche à créer une société dans laquelle les passions,
loin d’être réprimées, sont encouragées : ce sont les phalanstères
(400 familles réunies).
- Ces sociétés reposent sur la combinaison de trois passions : la
« cabalistique » (goût de l’émulation individuelle), la « composite
» (goût de la vie communautaire), la « papillonne » (goût du
changement).
Proudhon
Fervent défenseur d’une « anarchie positive », Proudhon est
ouvertement hostile à l’Eglise (« Dieu, c’est le mal ») et à
l’Etat.
- L’anarchie positive, c’est une société fédérative, organisée
spontanément par divers groupements (organisations mutualistes,
communes, etc.).
Proudhon rejette le système capitaliste, qui a pour fondement la
propriété : « la propriété, c’est le vol ». Il dénonce la « gaine
aubaine », celle de capitaliser sans travailler (pour les
propriétaires capitalistes).
- Il propose de remplacer la propriété par la possession
familiale et héréditaire.
- IS’il rejette le capitalisme, Proudhon n’adhère pas pour autant
aux thèses communistes : il refuse la collectivisation des
propriétés, qui détruirait la liberté des individus.
Positivisme
Pour contrer l’anarchie née de la Révolution, Auguste Comte
s’attache à établir scientifiquement les principes fondateurs d’une
société.
- Comme la science physique établit les lois de la nature, la
physique sociale établirait les lois de la société. La physique
doit seulement s’intéresser aux faits, et aux relations qui les
lient.
Ainsi, la physique sociale, sociologie, élabore des lois qui
montrent la réalité sociale. Elle doit permettre de comprendre
l’ordre social, les phénomènes sociaux.
Auguste Comte considère qu’il faut que chacun puisse participer
à l’œuvre sociale. Il propose donc une religion positive.
- La religion positive ne repose pas sur une croyance, mais sur
une foi démontrée, qui permettra de de garantir durablement l’ordre
social. Par cette religion, les hommes auront foi en ce à quoi nous
appartenons, à l’humanité en général.
- Aux côtés de la religion positive, qui créé et maintient les
vertus nécessaires au maintien de l’ordre social, la politique
positive permettrait à l’Etat de veiller au bon fonctionnement de
la puissance politique.
Ainsi, les hommes chercheraient, non pas à avoir une vie
immortelle dans l’au-delà, mais l’immortalité dans la vie terrestre
(les personnages majeurs, les grands hommes, marqueront l’humanité,
et deviendront en cela immortels).
Libéralisme
Le libéralisme est né de la lutte contre l’absolutisme aux 17e
et 18e siècles. Défenseur des libertés individuelles, le
libéralisme s’est lié au protestantisme, qui place l’homme
directement devant Dieu, sans intermédiaire, concourant ainsi à la
montée de l’individualisme.
Locke
Pour Locke, le but de l’Etat est de respecter les droits
naturels de l’homme.
- Parmi ces droits, la liberté d’opinion et d’expression ou
encore la propriété individuelle (droit naturel légitimé par le
travail).
Adam Smith
Pour Adam Smith, le capital vient du travail, non de la
nature.
- Les théories mercantilistes montraient au contraire que la
richesse venait de la nature (métaux précieux) ; de même, les
physiocrates considérait que la richesse résultait des produits de
la terre (industrie et commerce étaient destinés à transformer et
transporter les biens de la nature).
- Le travail permet de constituer un capital, qui lui-même est
enrichi par l’épargne (la capital lui-même est productif).
Adam Smith considère que les hommes peuvent agir dans leur
propre intérêt ; cela contribue à accroitre la richesse
commune.
- Une main invisible organise l’ordre économique par la
concordance des intérêts particuliers.
Certains penseurs ont remis en cause les conséquences favorables
de la poursuite de l’intérêt privé.
- Malthus a montré que l’augmentation de la population, et donc
la poursuite des intérêts familiaux privés, ne conduit pas à
accroitre les richesses.
- Pour Stuart Mill, utilitariste, chacun cherche à accroitre ce
qui le rend heureux (au minimum, recherche d’un équilibre entre le
bonheur et la souffrance) ; tout le monde recherche le bonheur, et
la poursuite du bonheur commun constitue une partie de ce bonheur.
Ainsi, la poursuite de l’intérêt privé ne contribue pas à l’intérêt
commun.
Benjamin Constant et Alexis de Tocqueville
Benjamin Constant défend la liberté individuelle, et ainsi la
liberté d’opinion et la liberté d’expression.
- La liberté individuelle n’est pas une soumission à la volonté
générale (au contraire de ce que considère Rousseau), ni une
soumission à une loi morale considérée universelle.
Pour Alexis de Tocqueville, constatant l’exercice de la
démocratie aux Etats-Unis, montre ses dangers.
- Avec la démocratie, les individus vont avoir tendance à
s’uniformiser, à chercher l’égalité à tout prix.
- Dans cet état de paix, ils confient à l’Etat la garantie de
leur sécurité et de leur liberté. Mais cela contribue à un repli
des individus sur la sphère privée ; ne jouant plus aucun rôle dans
la démocratie, les individus peuvent laisser émerger un
totalitarisme d’Etat.