Des décennies de négociations
A de nombreuses reprises, plusieurs présidents américains se
sont heurtés à des échecs dans la résolution du conflit
israélo-palestinien.
En 1993, les accords d’Oslo réunissaient Itzhak Rabin (premier
ministre d’Israël) et Yasser Arafat (président de l’OLP) autour
d’un accord prévoyant une période de 5 ans pour mettre en place les
fondements d’un règlement définitif du conflit. Mais cette période
s’achèvera finalement sans succès alors que se déclenchera la
seconde Intifada en 2000, quelques mois après l’échec de Camp
David.
Puis, en 2005, George W. Bush appelait à la création d’un Etat
palestinien dans un délai de 3 ans, sans succès. Trois ans plus
tard, Ehoud Olmert, premier ministre israélien, et Mahmoud Abbas,
premier ministre palestinien, s’accordent sur la « feuille de
route, qui n’aboutira pas.
Une volonté américaine renouvelée
En 2010, Barack Obama appelait à la création d’un Etat
palestinien indépendant, membres des Nations unies et vivant en
paix avec Israël. Trois ans plus tard, John Kerry annonce ainsi la
reprise des négociations, qui devaient s’achever fin avril
2014.
Les négociations se sont néanmoins rapidement trouvées dans
l’impasse après le refus d’Israël de libérer un dernier contingent
de prisonniers palestiniens comme cela était prévu. En guise de
riposte, la Palestine a décidé d’un rapprochement avec l’ONU.
Le président Mahmoud Abbas a ainsi ratifié quinze traité
internationaux, exécutant ainsi la menace formulée plus tôt
d’obtenir une reconnaissance des Nations unies.
En guise de riposte, Israël avait annoncé début avril imposer
des sanctions financières contre les autorités de Ramallah.
Ainsi, le reversement des taxes collectées (taxes douanières,
TVA) par Israël pour le compte des Palestiniens s’est trouvé gelé.
L’Etat hébreu avait également décidé de suspendre sa participation
au développement d’un champ gazier au large de la bande de
Gaza.
De plus, le gouvernement israélien autorisait une nouvelle
colonie dans la vielle vieille d’Hébron, ville palestinienne de 185
000 habitants.
De son côté, quelques jours avant la fin des négociations, une
délégation de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP)
concluait un accord avec le Hamas sur la formation d’un
gouvernement d’union. L’accord prévoyait l’organisation d’élections
parlementaires et présidentielles dans un délai de 6 mois.
L’Organisation de libération de la Palestine (OLP), créée en
1964, se compose de différentes organisations palestiniennes dont
le Fatah et le Front démocratique pour la libération de la
Palestine.
Cette décision a provoqué la colère d’Israël, remettant
notamment en cause les propos de Mahmoud Abbas qualifiant la Shoah
de « crime le plus odieux de l’ère moderne », une vision totalement
opposée à celle du Hamas.
Pourtant, le Hamas et l’Autorité palestinienne sont en conflit
depuis 2007, ce qui avait conduit à la partition entre la
Cisjordanie (contrôlée par l’Autorité palestinienne, dirigée par
l’OLP) et la bande de Gaza (dirigée par le Hamas). En 2011, un
accord de réconciliation avait été signé, mais il n’avait été suivi
d’aucun effet. Ce scénario s’est reproduit en 2012.
L’avenir de l’accord restait par conséquent incertain, d’autant
que les deux formations politiques s’opposent sur la stratégie à
adopter vis-à-vis d’Israël, le Hamas prônant la lutte armée.
L’accord visait davantage l’obtention de concessions de la part des
Israéliens, et notamment la prolongation des négociations de paix
au-delà du 29 avril.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait fixé la date du
29 avril 2014 pour parvenir à un accord entre Israël et l’Autorité
palestinienne. Mais après neuf mois de négociations, Israël a
suspendu les négociations après l’annonce de la réconciliation
entre le Hamas et l’Autorité palestinienne.
Mais depuis, les négociations entre Israël et la Palestine sont
restées au point mort. Néanmoins, les Etats-Unis ont accepté de
travailler avec le gouvernement d’union nationale entre le Fatah et
le Hamas, provoquant la colère des dirigeants israéliens.
L’escalade de la violence
Après la découverte des corps de trois Israéliens fin juin 2013,
Israël a menacé le Hamas de représailles, et la bande de Gaza a été
bombardée.
En juin 2014, trois étudiants israéliens étaient assassinés.
Tsahal a alors décidé d’arrêter 400 Palestiniens pour retrouver les
auteurs de ces crimes, et dynamité les maisons de deux
suspects.
Quelques semaines plus tard, au lendemain des funérailles des
trois victimes israéliennes, un Palestinien était enlevé et
assassiné à son tour.
Progressivement, les heurts entre Israël et le territoire
palestinien de Gaza se sont accrus, faisant entrer la région dans
un nouveau cycle de violence. Et malgré les différents appels au
calme, le conflit s’est enlisé.
Le Hamas était pourtant affaibli, notamment par la chute des
Frères musulmans en Egypte qui lui a fait perdre d’importantes
sources de revenus.
De plus, Israël n’aurait pas intérêt à un effondrement du Hamas,
garant du respect d’un cessez-le-feu tacite avec le pays pendant
plus d’un an. La chute du Hamas laisserait en effet le champ libre
à des mouvements palestiniens radicaux comme le Jihad
islamique.
L’opération « Bordure protectrice »
Israël lançait début juillet une offensive à la frontière de
Gaza. L’armée israélienne débutait alors une opération terrestre,
réveillant les souvenirs de l’offensive de 2009 à Gaza, qui avait
fait 1400 victimes.
Gaza est un petit territoire bordé à l’ouest par la mer
Méditerranée et à l’est par l’Etat israélien.
En 1949, la proclamation de l’Etat d’Israël entraînait une
guerre et le rattachement de Gaza à l’Egypte. Puis, en 1967, la
guerre des Six-Jours a conduit à l’occupation militaire du
territoire avant que les accords d’Oslo en 1994 ne prévoient le
contrôle de Gaza par l’Autorité palestinienne.
Malgré le désengagement d’Israël en 2005 et le retrait des
colons israéliens Gaza a été le terrain de plusieurs conflits
opposant le Hamas à l’armée israélienne. Dès 1987, ce territoire
faisait face à la première grande révolte palestinienne (Intifada)
pour lutter contre l’occupation israélienne. Les conflits ont
régulièrement éclaté depuis lors, notamment lors de l’opération «
Plomb durci » en 2008-2009. Les Gazaouis ne peuvent pourtant sortir
de ce territoire pour échapper aux conflits, les frontières étant
bloquées. A cela s’ajoute le blocus imposé à ce territoire depuis
l’arrivée au pouvoir du Hamas en 2007. L’économie marche au ralenti
et plus de 40 % de la population y est sans emploi.
Le conflit s’est alors envenimé, les appels au cessez-le-feu
restant vains. Il a alors été le théâtre de trêves temporaires et
fragiles, auxquelles ont succédé de violents combats.
Connu pour sa modération, le président de l’Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas n’est pas parvenu à se faire entendre.
Ses appels à la désescalade sont restés vains.
Différents Etats ont alors cherché à mettre un terme au conflit.
L’Egypte a proposé une trêve rejetée par le Hamas, qui cherchait à
obtenir la levée du blocus de l’enclave palestinienne imposé depuis
2006 à la bande de Gaza, mais aussi la libération des derniers
prisonniers palestiniens.
Traditionnellement médiateur, l’Egypte devait jouer un rôle
moindre dans la résolution du conflit compte tenu de l’animosité
entre le gouvernement égytien Sissi et le Hamas. Mais pour parvenir
à une désescalade, Américains et Européens comptent sur le Qatar et
sur la Turquie, proche des mouvements islamistes au
Proche-Orient.
De leur côté, malgré les liens qui l’unissent à Israël, les
Etats-Unis sont restés en retrait à l’égard du conflit car n’ayant
que peu d’emprise sur les deux camps.
Un conflit sans fin ?
L’opération « Bordure protectrice » menée par Israël, par
l’importance du nombre de civils tués, a été vivement
critiquée.
Les Nations unies devaient enquêter sur l’existence de « crimes
de guerre israéliens », 74 % des victimes étant des civiles. De
nombreux médias avaient également évoqué la multiplication des
violations du droit international au cours du conflit.
Et malgré la fin du conflit, les tensions ont perduré, laissant
craindre la survenue d’une troisième Intifada. Ainsi, les deux
camps ont continué de s’affronter et plusieurs attaques sont venues
renforcer l’escalade de violence entre communautés. Fin novembre,
après l’attaque d’une synagogue à Jérusalem, le premier ministre
israélien promettait de réagir d’une « main de fer ».
Régulièrement le théâtre de tensions entre représentants des
deux religions, l’esplanade des Mosquées avait été fermée après une
attaque armée contre un militant d’extrême droite israélienne sur
le site fin octobre 2014. Cela avait été perçu comme une «
déclaration de guerre » par le président palestinien Mahmoud
Abbas.
Les deux camps n’ont donc pas désarmé. Le président palestinien
Mahmoud Abbas a demandé à l’ONU le vote d’une résolution imposant
un calendrier pour la fin de l’occupation israélienne et un retrait
sur les frontières de 1967, seules frontières internationalement
reconnues. Ce plan d’action diplomatique, redouté par Israël,
pourrait conduire à des poursuites judiciaires pour les actions
menées durant l’été 2014.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, était déjà
sorti affaibli du conflit, l’opinion publique israélienne jugeant
que la guerre contre le Hamas a été perdue.
Malgré cela, Israël a poursuivi la colonisation de la
Cisjordanie et validé un projet immobilier dans une zone
revendiquée par les Palestiniens début octobre 2014, provoquant
l’irritation de ses proches alliés et notamment de Washington.
Désormais, la résolution du conflit israélo-palestinien pourrait
reposer sur le plan arabe de paix, proposé en 2002 par l’Arabie
saoudite et qui pourrait rompre l’impasse de la méthode résultant
des accords d’Oslo attribuant aux Etats-Unis le rôle de
médiateur.