Les drones militaires
Les drones, petits engins pilotés parfois à des milliers de
kilomètres, bouleversent les pratiques de la guerre. Les pilotes ne
sont plus directement confrontés à leurs adversaires, mais
installés derrière un écran d’ordinateur comme face à un jeu vidéo.
Et selon certains observateurs, ceux que l’on désignait
classiquement comme des guerriers ne seraient que des assassins,
les pilotes de drones étant invulnérables contrairement à leurs
victimes. De plus, la guerre des drones placerait les populations
dans une guerre permanente, sans frontière.
Le drone est l’arme par excellence en matière de lutte contre le
terrorisme car elle permet d’agir dans des lieux auparavant
inaccessibles, notamment au Waziristan. Certains observateurs
soulignent les risques de dérives, le terrorisme servant de
justification à l’enlisement vers la guerre permanente.
La CIA mène depuis 2004 une guerre des drones qui a faits de
nombreux morts ; beaucoup de civils ont été la cible d’attaques de
drones. La persistance de ces engins dans le ciel pakistanais et
l’accroissement du nombre de victimes sont dénoncées par
différentes associations, qui soulignent leurs conséquences
désastreuses sur les enfants, traumatisés. Certains s’insurgent
ainsi contre ce qu’ils considèrent comme un non-respect du droit à
la vie, et donc violant le droit international.
Cette pratique se répand pourtant dans différents pays : plus de
80 pays possèdent déjà leurs propres drones. Et les Etats-Unis
s’interrogent désormais sur un éventuel transfert de la guerre des
drones opérée par la CIA au ministère de la défense.
Du drone militaire au civil
Cet appareil, d’abord utilisé à des fins militaires, émerge
aujourd’hui dans la vie quotidienne. Des milliers de vidéos mises
en ligne sont désormais réalisées avec des drones. Et de nombreux
systèmes de surveillance révèlent leur intérêt pour les drones…
Reprenant une idée évoquée la préfecture de police, Eugène
Caselli, président de la communauté urbaine de Marseille, avait
ainsi proposé d’installer des drones de surveillance pour lutter
contre l’insécurité.
Les drones civils sont de plus en plus performants, discrets et
bon marché.
En mars, un drone d’autodéfense équipé d’un Taser a été présenté
au Texas, démontrant sas capacité à immobiliser un individu. De la
même façon, un drone avait réussi à récupérer les informations
contenues dans les smartphones de 150 personnes en survolant un
quartier londonien.
A ces nouvelles possibilités offertes par la technologie
s’ajoutent la question de la protection des particuliers contre les
« dronistes ». Il sera en effet difficile de prévenir les individus
qui entrent dans un lieu public qu’ils pourraient être filmés par
des drones.
La France s’est rapidement dotée d’une règlementation spécifique
: deux arrêtés de 2012 s’attachent à intégrer les drones à usage
professionnel dans l’espace aérien. Le cadre juridique, favorable à
l’essor de cette activité, ne mentionne pas les éventuelles
atteintes à la vie privée.
De son côté, la Commission européenne a dit vouloir s’engager
dans la règlementation des activités des drones civils.
Aux Pays-Bas, une loi interdit déjà aux mairies d’utiliser des
drones en matière de vidéosurveillance.
Aux Etats-Unis, un groupe de pression, l’Electronic Privacy
Information Center, dénonçait l’utilisation croissante de drones
civils, qui deviennent « une menace potentielle sur toute personne
vivant aux Etats-Unis ». Pourtant très critiqué lors de l’arrivée
des Google Glass sur le marché, Eric Schmidt, patron de Google,
défend lui aussi l’idée d’une régulation
Cyberattaques
On parle de « cyberguerre » pour désigner des méthodes de
hacking destinées à fragiliser les gouvernements ou encore les
entreprises ciblées. En 2007, un groupe de hackers chinois avait
ainsi attaqué la France, de même que Stuxnet avait permis de
pirater la centrale nucléaire d’Iran. Ainsi, un individu isolé peut
déstabiliser une grande entreprise ou un Etat. En France, début
2011, plus de 150 ordinateurs du ministère de l’Economie avaient
été piratés.
Ces cyberattaques, par l’ampleur des conséquences qu’elles
peuvent engendrer, pourraient paralyser toute l’activité économique
de la planète en s’attaquant à des infrastructures sensibles.
Contrairement à la plupart des pays occidentaux, Israël s’est
prémunie contre ces attaques en investissant dans la défense
informatique (bouclier numérique).
Les services de renseignement utilisent eux-mêmes différentes
techniques pour déjouer les méthodes de chiffrement des données. En
2013, l’affaire Snowden avait révélé au grand jour les activités de
la NSA et son allié britannique le GHCQ. Et en mars 2014 le NSA
dévoilait son intention d’adjoindre une cyber-armée aux corps des
armées traditionnelles. Pour y parvenir, le système d’écoutes
mondiales a été renforcé : depuis 2008, la NSA a implanté des
logiciels espions dans 100 000 ordinateurs dans le monde afin de
détecter des attaques.
De son côté, la France aurait également conduit des
cyberattaques, notamment à l’encontre d’institutions iraniennes
liées au programme nucléaire du pays (programme « Babar »).
De nouveaux enjeux de taille
Aujourd’hui, les drones et les cyberattaques permettent de faire
la guerre dans des endroits restés inaccessibles, à l’image du
Waziristan, au Pakistan (guerre des drones par la CIA).
De plus, la guerre doit désormais faire le moins de morts
possible : on veut frapper l’ennemi à distance, sans prendre de
risque. Grâce aux drones et à la cyberguerre, il devient inutile
d’entrer sur le territoire ennemi, ni d’entrer en contact avec
l’adversaire.
Le président américain Georges Bush redéfinissait ainsi à la fin
des années 1990 l’instrument militaire. Cette politique a été
étendue sous l’administration Obama avec les drones.
La guerre conduite par des drones rend ainsi les pilotes
invulnérables face à leurs victimes. Ainsi, la guerre des drones
qui sévit au Pakistan depuis 2004 est dénoncée notamment pour
l’accroissement constant du nombre de victimes civiles qu’elle
entraîne. Certaines régions pakistanaises sont désormais en effet
la cible permanente de drones, qui ne font pas toujours la
différence entre civils et belligérants.