L’influence du lobbying dans la prise de décision politique

Les lobbies pèsent sur les processus de décision politique, comme le rappelle par exemple le Groupement National Interprofessionnel des Semences et plants sur son site : le groupement « est aussi une force de proposition pour l'élaboration de la réglementation applicable au secteur des semences ».

L’industrie agroalimentaire est le 1er employeur en France. C’est sûrement ce qui explique les liens entre ces industriels et certains ministres de l’agriculture. Certains ont ainsi dénoncé le fait que les industriels étaient parvenus à imposer les OGM aux agriculteurs (15). Elles ont également constaté les appuis dont bénéficie l’industrie auprès des coopératives agricoles et de la FNSEA ; ces appuis auraient facilité la modernisation de l’agriculture par la généralisation des machines et l’intensification.

On retrouve des liens entre le pouvoir politique et les industriels dans presque tous les secteurs. Ainsi par exemple, les recommandations du gouvernement relatives à la consommation journalière de produits laitiers sont issues d’un comité d’experts composé pour partie de personnes liées à l’industrie laitière.

Certains ministres français se sont néanmoins opposés aux lobbies industriels. Récemment, Nicole Bricq avait été remerciée après avoir refusé des permis de forage pétroliers offshore ; quelques mois plus tard, sa remplaçante, Delphine Batho, révélait les liens entre le lobby du pétrole et du gaz et l’Elysée avant d’être écartée. (16) S’attaquer aux lobbies serait un jeu dangereux… En 2001, après avoir rendu publique une recherche montrant la forte augmentation des décès d’embryons de poulets exposés à des ondes de téléphonie mobile, Madeleine Bastide avait subi de nombreuses intimidations (coups de fil anonymes, menaces de mort), et elle n’aurait probablement pas la seule à avoir subi ce type de pression (14).

De façon générale, lorsque des recherches concluent à des résultats contraires à celles qui ont été financées par des industriels, elles sont souvent remises en cause, décortiquées, critiquées, considérées peu pertinentes (ex : lorsque Manuela Malatesta montrait les effets négatifs du soja Roundup Ready en évoquant les dérèglements hépatiques, etc). Certaines agences acceptent les résultats d’études parfois déficientes, et se montrent exigeantes à l’égard d’études indépendantes (17). De nombreux scientifiques ont ainsi été discrédités, parfois qualifiés de « militants » : Rachel Carson, après avoir dénoncé en 1962 la nocivité des pesticides, a été étiquetée communiste, Christan Vélot, après avoir critiqué les OGM, a fait l’objet de remontrances de sa hiérarchie, de confiscation de crédits avant d’être exclu de son institut de recherche, Arpad Pusztai qui a montré les effets nocifs des OGM, s’est quant à lui vu interdire son laboratoire et son contrat avec le Rowett Institute n’a pas été renouvelé, etc.

Les études qui risqueraient de mettre à mal les ventes de certains produits vont parfois jusqu’à être cachées. Certaines informations seraient ainsi gardées confidentielles par les industriels. Selon Gilles-Eric Seralini, cette rétention d’information irait plus loin : les agences sanitaires d’Etats accepteraient en effet indirectement l’opacité des industriels en ne s’opposant pas à la rétention d’information. Le reportage « OGM : l’étude qui accuse » citait une note confidentielle du gouvernement français demandant aux autorités européennes de ne plus communiquer les résultats des études sur les effets néfastes des OGM car cela « pourrait nuire à la position concurrentielle des entreprises qui les fabriquent ».

Des réunions d’experts relatives au Médiator ont ainsi été rendues publiques seulement après que l’affaire eut retenti. De la même façon, l’AIMCC (Association des Industries des Produits de Construction) aurait tenté de limiter l’accès des consommateurs à l’information quant aux substances chimiques présentes dans certains produits (peintures, solvants, etc.), ce en évitant leur étiquetage. Et l’affaire de la viande de cheval n’a retenti publiquement qu’après l’alerte volontairement donnée par Findus aux autorités sanitaires.