Etat islamique VS Al-Qaïda
La montée en puissance de l’Etat islamique en Irak et en Syrie a renouvelé la mouvance djihadiste mondiale et provoqué une concurrence croissante avec Al-Qaida. Cette rivalité a entrainé une lutte sanglante en Syrie.
De son vrai nom, Front International Islamique de Lutte contre les Juifs et les Croisés, Al-Qaïda (« la base ») est une nébuleuse de groupes agissant pour la réintroduction du Khalifat. L’organisation est née de la lutte des moudjahidines contre l’occupation soviétique en Afghanistan, en 1980. Elle s’est ensuite tournée vers la lutte contre l’occupant américain en Arabie saoudite, puis contre l’influence occidentale en terre sainte.
Al-Qaida a en effet perdu de sa suprématie depuis l’avancée fulgurante de l’Etat islamique, au nombre croissant de combattants. De nombreux grands combattants ont rejoint les rangs de l’EI, à l’image d’Omar Al-Sishani, devenu chef militaire du mouvement. De plus, des groupes djihadistes ont annoncé leur ralliement à l’EI : le ralliement de djihadistes en Libye ainsi que l’allégeance du mouvement djihadiste d’Ansar Balt Al-Maqdis, auparavant lié à Al-Qaida, constituent ainsi de véritables revers pour le mouvement d’Al-Zawahiri, porte-parole d’Al-Qaida.
Aux origines de la rivalité
L’Etat islamique vient pourtant de la mouvance d’Al-Qaida, dont le porte-parole Ayman Al-Zawahiri, qui a repris le rôle joué par Ben Laden, a banni Abou Bakr Al-Baghdadi a été écarté de la mouvance après avoir contesté l’autorité de Zawahiri sur la Syrie.
En Syrie, Al-Qaida disposait en effet de deux branches : le Front Al-Nosra syrien et l’Etat islamique irakien. En cherchant à absorber Nosra, Baghdadi était entré en rupture avec Zawahiri.
Le maintien de la puissance d’Al-Qaida
Al-Qaida reste la référence du djihadisme, et les principaux chefs du djihadisme mondiale ont renouvelé leur allégeance à Al-Zawahiri, qui assure le commandement du mouvement dans les nombreux territoires où il est installé.
Ainsi, Al-Qaida peut toujours compter sur ses alliés talibans afghans et pakistanais, et se compose de cinq branches régionales officielles : Al-Qaida pour la péninsule Arabique (basée au Yémen), Al-Qaida au Maghreb islamique (basé en Algérie et au Sahel), les Chabab (en Somalie), le Front du soutien au peuple du Levant (en Syrie) et Al-Qaida dans le sous-continent indien (au Pakistan). A cela s’ajoutent les nombreux soutiens tels que l’Emirat du Caucase ou le Conseil des moudjahidin.
Loin d’un déclin annoncé après la mort de Ben Laden, Al-Qaida semble vivre une résurgence. De plus, de nombreux combattants, restés fidèles à Zawahiri, critiquent le choix de Baghdadi et son statut de calife, qui aurait dû faire l’objet d’une consultation des religieux et idéologues du djihad. Baghdadi est ainsi perçu par certains comme un diviseur.
L'EI, une stratégie divergente
L'EI s'attache à s'installer sur un territoire permanent, et ainsi à stabiliser le mouvement. Il se distingue ainsi d'Al-Qaida, qui visait à déstabiliser des territoires dans une logique antioccidentale, non à les administrer.
Les djihadistes de l'EI recourent à des méthodes plus radicales, plus violentes, usant des médias pour organiser la terreur. Plus attirante, l'Organisation de l'Etat islamique s'est étendue et a absorbé des groupes combattants syriens, puis de nombreux autres mouvements : Ansar Al-Charia en Libye, Mouvement islamique d'Ouzbékistan ou encore Jammat-ul-Ahrar au Pakistan.
Quel avenir pour cette rivalité ?
La guerre menée par la coalition internationale contre l’EI pourrait provoquer un rapprochement entre les deux rivaux, l’EI étant déjà affaibli par les diverses critiques contre la proclamation du califat.