Avec « Genève 2 », partisans et adversaires du régime
syrien espéraient trouver un accord qui ouvrira la voie à un
dialogue entre les alliés de la Syrie et les Occidentaux. Mais la
situation ne s’est pas apaisée, et le régime syrien reprend
progressivement la main.
Bref retour en arrière
En mars 2011, de nombreux rassemblements dénoncent dans la rue
le régime de Bachar el-Assad. En quelques semaines, le conflit se
radicalise lorsque le régime syrien se lance dans une répression
sanglante. Le pays entre alors en guerre civile.
Bachar el-Assad est le chef du parti Baas et
président de la République arabe syrienne depuis 2000, date à
laquelle il avait succédé à son père, Hafez el-Assad. De confession
alaouite (minoritaire en Syrie),
L’opposition au régime se met alors rapidement en place. Un
Conseil national syrien est créé, et en 2012, la Coalition
nationale syrienne (CNS) voit le jour ; elle permettra de
coordonner les oppositions au régime de Bachar el-Assad.
De leur côté, les opposants occidentaux au régime appellent au
départ du président syrien. Début 2012, les Nations unies adoptent
une résolution qui condamne la répression menée par l’armée
syrienne, ce, malgré l’opposition des pays alliés de la Syrie
(Chine, Russie, Iran).
Pourtant, les combats perdurent, progressivement alimentés par
l’arrivée de groupes islamistes, qui vont intégrer le mouvement de
révolte et ainsi complexifier le conflit : le Front Al-Nosra,
branque syrienne d’Al-Qaida, État islamique en Irak et au Levant”
(EIIL)… Les mouvements rebelles ont également été financièrement
soutenus par l’Arabie saoudite et le Qatar.
En 2013, le conflit prend une nouvelle tournure lorsque les
soupçons de recours aux armes chimiques par l’armée du régime sont
confirmés. Le franchissement de ce que Barack Obama considère comme
« la ligne rouge » ouvre alors la voie à l’armement des rebelles
par les Etats-Unis. Fin 2013, un accord est néanmoins trouvé : il
contraint le régime syrien à détruire son arsenal chimique.
La France, qui entendait intervenir en Syrie
après l’attaque chimique d’août 2013, a été prise de court lorsque
la Russie a proposé de placer l’arsenal chimique syrien sous
surveillance internationale. La justification d’une intervention en
Syrie venait alors de s’effondrer. Les Etats-Unis ont accepté la
proposition, soulagés de ne pas avoir à intervenir, l’engagement
dans le conflit syrien étant impopulaire et risqué. L’accord a
ainsi été conclu entre Russes et Américains avant que l’ONU ne
l’approuve fin septembre 2013.
Mais la bataille perdure entre les combattants de l’Armée
syrienne libre (ASL) et les troupes de Bachar Al-Assad, qui ont
repris certaines villes, notamment grâce à l’aide du
Hezbollah.l’importance des affrontements ont contraint une partie
de la population à s’exiler. Trois ans après le début du conflit,
les réfugiés syriens au Liban représentent 25 % de la population.
Mais les Syriens sont également présent en Turquie, en Irak, en
Egypte ou en Jordanie.
De longues négociations
Avec « Genève 2 », les négociations mettent opposants et amis du
régime syrien autour de la même table. L’objectif des négociations
est de trouver une solution au conflit, et d’appliquer l’accord de
« Genève 1 » conclu en 2012 qui appelait à la création d’une
instance de gouvernement transitoire.
Néanmoins, seule la moitié des membres de la CNS ait accepté d’y
participer, et le Front islamique, principale formation
combattante, l’a refusé.
Schématiquement, alors que la Russie a soutenu
le régime syrien.les Occidentaux cherchaient à appliquer « Genève 1
», et ainsi à évincer Bachar el-Assad du pouvoir. L’Arabie saoudite
et le Qatar cherchaient également à affaiblir le régime syrien ;
lors des négociations, le ministre des affaires étrangère syrien a
néanmoins critiqué ces pays qui « prétendent donner des leçons de
démocratie et de développement alors qu’ils s’enlisent dans
l’ignorance et dans des pratiques moyenâgeuses ».
Mais ce premier volet de négociations, qui permettait pour la
première fois depuis le début de la guerre une réunion entre les
deux parties, s’est soldé par un échec relatif. Il a cependant
ouvert le dialogue entre les puissances. Mais cela n'a pas empêché
le régime syrien d'intensifier ses raids contre les quartiers
d’Alep après la tenue des négociations de Genève 2.
Les pourparlers ont pourtant repris le 10 février, mais sans que
d’importantes avancées ne viennent apaiser les liens entre la Syrie
et l’Occident.
Les Occidentaux dénoncent la politique d’obstruction pratiquée
par le gouvernement syrien dans les négociations. La Syrie a en
effet refusé d’évoquer la question de la formation d’une autorité
de transition, considérée comme l’un des objets principaux de
Genève 2. Face à ces échecs, le débat sur une intervention
militaire a repris. Les Occidentaux se sont penchés sur l’octroi
d’une nouvelle aide à l’Armée syrienne libre, branche modérée de la
rébellion.
Et la crise ukrainienne pourrait accentuer les
différents entre Occidentaux et Syriens. L’opposition entre
Washington et Moscou empêche une évolution du dialogue, à l’image
de Genève 2. La Russie continue en effet d’envoyer de plus en plus
d’armes en Syrie.
Vers un renforcement du régime syrien ?
L’opposition armée se trouve désormais affaiblie par ses propres
divisions et par l’avancée des troupes de Bachar Al-Assad. Ces
divisions sont nées des nombreuses ingérences, marquées par les
rivalités entre le Qatar et l’Arabie saoudite, mais aussi par
l’afflux de djihadistes étrangers. Elles ont permis à l’armée
syrienne et au Hezbollah de reprendre la ville de Yabroud, lieu
stratégique par lequel les combattants du Front Al-Nosra (affilié à
Al-Qaida) et l’Armée syrienne libre se sont ravitaillés en armes et
en vivres.
L’affaiblissement de la rébellion a permis au régime syrien de
se lancer dans une reconquête militaire et vers la réélection de
Bachar Al-Assad pour un nouveau mandat de 7 ans.