Le Parlement européen est composé de 751 sièges. Le nombre de
députés par Etat est fonction de la population des Etats, mais
chaque pays doit bénéficier d’au moins 6 députés. L’Allemagne élit
ainsi 96 députés contre 74 pour la France. Le vote doit également
permettre de déterminer le président de la Commission européenne,
par négociation entre les dirigeants des Vingt Huit et le
Parlement.
Critiquée, l’Union européenne fait face à un déficit
démocratique dans de nombreux Etats membres, dans un climat marqué
par les politiques de rigueur et l’influence dénoncée de la «
troïka ».
Vers une crise de confiance
Les citoyens européens sont de plus en plus nombreux à se
détourner de l’Union européenne, souvent considérée comme incapable
de résoudre les problèmes de chômage, d’insuffisance de croissance,
etc. L’Union européenne, souvent jugée responsable de l’austérité,
n’est en effet pas parvenue à endiguer la crise de la dette, ni à
limiter le chômage massif des jeunes dans de nombreux Etats
membres.
Ainsi, 39 % des eurocitoyens déclarent désormais faire confiance
au Parlement européen ; et ce rejet est exacerbé dans certains
Etats membres, comme en Espagne. En France, la distance entre la
population et le Parlement européen ne date pas d’hier : depuis
1979, le taux d’abstention est passé de 39 % à plus de 59 %.
De nombreux citoyens européens ont le sentiment de ne pas peser
sur les décisions de l’Union. Ce sentiment est accentué par le
poids des lobbies (entreprises, banques, consultant en relations
publiques…) qui influencent les choix de Bruxelles.
Avec la crise ukrainienne, le lobby du gaz de schiste avait
ainsi mis en avant la nécessité de s’affranchir de la dépendance à
l’égard du gaz russe ; cet argument avait été repris par Barack
Obama en mars 2014. Ce lobbying est facilité par les liens entre le
privé et le public, certains hauts fonctionnaires apportant leur
expérience aux principaux lobbies.
Montée des populismes
Partout sur le Vieux Continent les partis antieuropéens
nationalistes ont pris de l’ampleur dans une Europe qui abolirait
progressivement toute souveraineté nationale. L’influence
croissante des « populistes » s’explique en effet notamment par le
rejet de la puissance européenne sur fond de repli identitaire.
La crise économique, puis la récession et l’envolée du chômage
ont profondément modifié l’image de l’Europe, désormais perçue
comme l’instigatrice de la rigueur. Ce sentiment a été accentué par
l’influence croissante de la « troïka » (Banque centrale
européenne, Fonds monétaire international et Commission
européenne), chargée de faire respecter les exigences des
différents plans de rigueur imposés aux Etats surendettés.
Face à une Europe impopulaire, les critiques se sont alors
élevés pour dénoncer des mesures antisociales et leurs effets
néfastes sur l’économie. De nombreux partis politiques ont ainsi
remis en cause la libre-circulation des personnes ou encore les
perspectives annoncées par le traité de libre-échange que l’UE
devrait signer avec les Etats-Unis.
Le Front national s’est allié à Geert Wilders, chef du parti
nationaliste néerlandais, le parti pour la liberté (PVV). Il s’est
également allié avec les partis d’extrême droite autrichiens (parti
de la liberté, FPO), belge (Vlaams Beland), italiens (Ligue du
Nord), slovaque (Parti national slovaque), suédois (Démocrates
suédois). Néanmoins, le parti britannique europsceptique United
Kingdom Independance Party (UKIP) n’a pas souhaité s’allier au
Front national en raison de son passé controversé et rejetant
l’extrême nationalisme ; le parti se concentre davantage sur l’idée
d’indépendance britannique face à une influence européenne
grandissante.
Au Royaume-Uni, la campagne du parti populiste UKIP s’est axée
sur l’indépendance nationale avec quelques messages clairs : les
immigrés européens prennent les emplois des Britanniques et le
Royaume-Uni est dirigé par l’Union européenne.
Plus encore dans ce mouvement, les europsceptiques refusent
l’idée de fédéralisme européen, rejettent l’idée d'un Etat européen
centralisé. Et les échecs de la zone euro confortent cette
position, qui joue un rôle croissant chez les électeurs européens.
Dans certains pays européens en revanche, le populisme
anti-européen occupe une place mineure dans le paysage politique.
En Allemagne, le parti anti-euro représente seulement 5 % de
l’électorat, et en Belgique, on considère qu’il n’existe pas
réellement de courant antieuropéen.
Le difficile rebond des européistes
Face à la monté de l’euroscepticisme, certains partis politiques
tentent de rétablir la confiance en l’Europe. Portés par une timide
reprise de l’économie de la zone euro, ils veulent montrer que les
efforts des Européens n’ont pas été vains.
Mais en France, le rejet de l’Europe est ancien, à l'image du «
non » au traité constitutionnel, en 2005. Nombreux sont les
Français qui ont en effet le sentiment d’une politique nationale
dirigée par l’Europe.
A ces critiques, les europhiles répondent que la construction
d’une véritable identité européenne permettrait de déléguer plus
clairement des pouvoirs à l’UE, sans que cela soit perçu comme une
perte de souveraineté. Ainsi, en désignant pour la première fois
une personnalité chargée de prendre la tête de la Commission, les
élections de 2014 devraient en partie pallier au manque
d’incarnation de l’Union européenne.
Mais la défiance des opinions publiques, sur fond de chômage et
d’austérité, semble écarter toute possibilité d’avancée en matière
d’intégration politique. Aucun parti ne s’engage en effet pour le
fédéralisme, à un moment où les effets de la crise sont tels que
peu d’Européens sont convaincus des bienfaits du renforcement des
acquis de l’Union.
La plupart des partis politiques restent cependant attachés à
l’Union européenne et des mouvements proeuropéens émergents, à
l’image du 4 Freedoms Party britannique. De la même façon, au
Luxembourg, le parti eurosceptique a une influence très minime dans
la vie politique du pays.
A l’opposé de cette défiance croissante des citoyens européens
et de la montée de certains nationalismes, l’attractivité de
l’Union européenne perdure dans certains pays. Les révoltes portées
par les Ukrainiens début 2014 contre le refus de Viktor
Ianoukovitch de signer l’accord de partenariat avec l’UE ont été
révélatrices de cet attrait persistant.
De la même façon, en Yougoslavie, les manifestations contre la
corruption menées début 2014 étaient dirigées vers l’Union
européenne ; les manifestants réclament davantage de démocratie
égalitaire, reprochant à l’Union européenne de ne pas suffisamment
pression sur les dirigeants bosniens.
Certains Etats cultivent donc encore un certain enthousiasme
pour l’Union européenne, à l’image de la Pologne ou des pays
baltes, là où l’économie fonctionne bien. Dans les années 1990
déjà, l’entrée dans l’Union était synonyme de prospérité pour les
anciens pays de l’Est.
Mais l’idée européenne, née dans un contexte historique
particulier, se serait aujourd’hui délitée. Le besoin d’Europe ne
serait plus aussi évident.
Le premier ministre britannique David Cameron a promis de
soumettre à un référendum l’appartenance du Royaume-Uni d’ici à la
fin 2017.