La Coupe du monde, un enjeu géopolitique ?
Avec l’organisation de la Coupe du monde en 2014 et des Jeux
Olympiques en 2016, le Brésil révèle son dynamisme économique. Et
cela devrait lui rapporter 9 milliards d’euros de bénéfices, selon
les estimations des autorités brésiliennes. Le sport serait ainsi
devenu un enjeu géopolitique et diplomatique de poids.
L’impact médiatique de la Coupe du monde permet en effet au pays
d’accueil de démontrer ses capacités en matière d’organisation d’un
tel événement. Le sport révèle ainsi la vitalité d’une nation, et
notamment celle des pays émergents ; recevoir une grande
compétition sportive mondialisée dans son pays est en effet signe
de bonne santé économique. La Coupe du monde a ainsi été organisée
en Afrique, en Asie comme en Europe ou aux Etats-Unis.
Pour certains pays, l’adhésion à la FIFA peut constituer une
étape préalable vers la reconnaissance internationale, et ainsi
compenser un poids insuffisant sur la scène internationale.
De plus, les grands événements sportifs internationaux
constituent une opportunité de rapprochement entre Etats. Ainsi aux
Jeux olympiques de 2000, la Corée du Sud et la Corée du Nord avait
défilé sous le même drapeau. A l’inverse, le sport peut occasionner
de violents conflits, à l’image de la Guerre du football en 1969,
entre le Honduras et le Salvador (guerre déclenchée avec la Coupe
du monde).
Derrière l’événement sportif
Le Brésil a investi lourdement pour accueillir la Coupe du monde
la plus chère de l’histoire du sport. Malgré le poids économique
croissant du Brésil et la tenue de la Coupe du monde, le pays reste
marqué par l’importance de la pauvreté et du nombre d’homicides par
an (56 000 en 2012).
Derrière cet événement mondial, une partie des Brésiliens a
dénoncé la politique menée par le gouvernement. Accusations de
corruption, malversation, dépenses excessives… les critiques sont
nombreuses.
Près d’un an avant la Coupe du monde, d’importantes
manifestations contre la Coupe du monde ont ainsi révélé le malaise
de certaines populations. Les milliards engagés dans l’organisation
de l’évènement ont fait l’objet de vives critiques, les
manifestants dénonçant le manque d’investissement en matière
d’éducation ou de santé comparé aux sommes engagées en faveur du
ballon rond. Ces mobiilisations dénonçant les carences des services
publiques s’inscrivaient dans un contexte marqué par
l’accroissement du coût de la vie et les prévisions économiques
revues sans cesse à la baisse.
Lors des précédentes Coupes du monde, des stades construits
spécialement pour l’occasion sont aujourd’hui désaffectés ou très
peu utilisés par les locaux.
Et pour embellir les quartiers accueillant l’évènement, des
favelas situées autour des stades ont en effet commencé à être
rasées dès 2011, conduisant à l’expulsion des habitants pauvres des
bidonvilles.
De plus, seul un Brésilien sur trois pense que l’organisation de
la Coupe du monde aura un effet positif sur l’économie. les
Brésiliens Malgré l’intérêt de la population pour le football, 80 %
des Brésiliens disaient ne pas vouloir regarder ce sport à la
télévision.
Brésil : entre croissance économique et inégalités
sociales
Une grande partie des Brésiliens ne pouvait pas assister à la
Coupe du monde compte tenu du prix des places ; une petite
proportion d’entre eux ne pouvait également pas regarder la
compétition à la télévision car elle n’a pas accès à
l’électricité.
Malgré une situation économique favorable, le Brésil connaît
d’importants disparités entre une population riche, qui a profité
de l’essor économique du pays, et une population encore très
pauvre, marquée par des inégalités géographiques, sociales et
raciales.
Les politiques sociales de l’ancien président Lula ont néanmoins
permis l’émergence d’une classe moyenne, et ainsi fait sortir des
millions de personnes de la pauvreté. Ce travail de réduction des
inégalités s’est prolongé avec la présidente Dilma Rousseff.
Néanmoins, depuis 2011, la courbe de la croissance a décliné et le
pays attire moins les investisseurs.
A ces critiques s’ajoutent les soupçons de corruption qui pèsent
sur le Qatar pour l’organisation de la Coupe du monde 2022.