Un emplacement singulier
En 2007, la ville de Sotchi était choisie par le comité
olympique pour les Jeux olympiques d’hiver 2014.
D'un lieu de villégiature du temps de Staline, la ville s'est
transformée en lieu stratégique avec l'arrivée au pouvoir de
Poutine. Staline avait en effet fait de Sotchi un lieu de
villégiature pour les politiques durant l’ère soviétique, avant
d’être délaissée après la chute de l’Union soviétique. Lorsque
Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir, il a souhaité redonner à
Sotchi sa grandeur passée. Pour lui donner une dimension
internationale, le président y a ainsi convié différents chefs
d’Etats, à l’image de Georges Bush en 2008, avant de proposer la
ville aux Jeux olympiques.
La ville de Sotchi, ville de près de 400 000 habitants, est
cependant située en bordure d’une région instable, fragilisée par
les séparatismes et menacée par le terrorisme islamiste. Elle se
trouve en effet près des monts du Caucase et des frontières
géorgiennes. Cette situation particulière explique l’importance des
moyens mis en œuvre pour assurer la sécurité de la région.
De plus, la région de Sotchi bénéficie d’un climat subtropical,
proche de celui de la Méditerranée, et donc peu enclin à recevoir
des JO d’hiver.
En outre, la ville comportait peu d’infrastructures
indispensables à la tenue de Jeux olympiques. Ainsi, la
quasi-totalité des structures sportives ont dû être créées pour
l’occasion : nouvelle ligne ferroviaire, construction de ponts,
construction d’une gare, création d’autoroutes, transformation de
l’aéroport, etc.
Une sécurisation renforcée
Pour assurer la sécurité de la petite station balnéaire de
Sotchi, 100 000 militaires ont été déployés. Le gouvernement russe
tentait ainsi de dissuader les militants islamistes d’une nouvelle
attaque contre le pays. Dans une vidéo diffusée quelques semaines
avant l’ouverture des Jeux olympiques, deux djihadistes avaient en
effet revendiqué le double attentat commis à Volgograd fin
2013.
La ville a ainsi été placée sous surveillance renforcée :
déploiement de 37 000 policiers, de dizaines de drones, pistage des
communications Internet et téléphoniques par le Service fédéral de
sécurité (FSB), mise en place d’autorisations de circuler à Sotchi,
fouilles dans les gares et les aéroports… Et en septembre 2013, les
300 000 résidents de Sotchi ont reçu la visite de policiers qui
leur a permis de conserver de nombreuses informations personnelles
(données de passeport, numéros de portables, etc.).
Une situation qui s’explique par la géopolitique de la
région
La cité balnéaire de Sotchi est située à la frontière de la
chaîne montagneuse du Caucase, régions dans laquelle sont recensés
une quarantaine de langues et différents groupes ethniques. Elle
est donc le lieu idéal pour les groupuscules armés.
Après la chute de l’Union soviétique, les peuples de la région
ont été intégrés à de nouveaux Etats, créant d’importants conflits
de territoire. Suite à ces conflits, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie
ont proclamé leur indépendance avant d’être reconnues par la
Fédération de Russie.
Mais la région du Caucase est également tristement célèbre pour
les deux guerres que la Russie a mené au sein de la République de
Tchétchénie. Le conflit, qui perdure encore aujourd’hui, est né de
sa proclamation d’indépendance en 1991. Et progressivement, avec ce
conflit est apparue la menace terroriste ; l’islam radical menace
désormais de se propager le long de la Volga, dans l’Oural, et en
Sibérie occidentale.
Ainsi, depuis 2007, Dokou Oumarov, un Tchétchène affilié à
Al-Qaida prône la création de l’Emirat du Caucase, Etat islamiste
qui s’étendrait de la mer Noire à la Caspienne. Son organisation a
été soupçonnée de planifier des attentats contre les Jeux
olympiques de Sotchi.
Un coût démesuré
Les Jeux de Sotchi ont été les plus chers de l’histoire des Jeux
: 37 milliards d’euros, contre 26 milliards pour les JO de
Pékin.
Le montant des Jeux, leur emplacement et les soupçons de
corruptions qui pèsent sur eux sont autant de facteurs qui
expliquent la vive contestation des militants des droits de
l’homme. On a en effet estimé qu’entre 20% à 50% des fonds destinés
à couvrir les dépenses des Jeux avaient servi à alimenter la
corruption.