L'utilitarisme : Bentham et John Stuart Mill

Alexis de Tocqueville

A une époque où on a redéfinit tout le système représentatif, les rôles institutionnels, A. de Tocqueville se propose d’en étudier les fondements pour connaitre sa durabilité dans le temps. A travers une étude faite aux Etats-Unis avec son ami Gustave de Beaumont, il part en Amérique avec pour objectif premier d’étudier le système pénitentiaire.

Mais le but sera rapidement redéfinit et il se donne alors pour mission l’analyse de la démocratie qu’il considère comme fondamental pour la société. Il tente de comprendre la démocratie en elle-même, en mettant de côté les régimes précédents qui auraient pu entraver son étude. Ainsi l’Amérique est un terrain d’étude idéal en ce sens que l’égalité était effective même avant la Révolution. Il s’agira donc tout d’abord d’observer les traits spécifiques aux conditions d’égalité.

A l’aide d’ouvrages, d’interrogations, d’observations, Tocqueville montre que le régime américain, entre un Etat unitaire et fédéraliste, constitue ce que les philosophes croyaient impossible dans un si grand pays, une République. La démocratie est pour lui le refus de toute aristocratie, de toute inégalité de condition. Pour les américains, l’aristocratie n’a pas été un problème puisqu’elle n’existait pas avant la situation d‘égalité ; comme ce régime ne suppose pas une destruction de l’ancien, il repose sur des bases plus solides qu’en France. L’aristocratie a du être détruite dans ce dernier et concevoir une soudaine égalité fut d’autant plus difficile. Alors que les américains son « nés égaux au lieu de le devenir », les français tentent d’admettre le principe de souveraineté populaire.

Les institutions politiques, les mœurs, la nation, tous reposent sur l’égalité. Le nouveau principe d’égalité politique change la vie des hommes pour déterminer un équilibrage croissant des individus. Les inégalités baissent grâce à la loi, et chacun a désormais « les mêmes chances de s’élever ». Mais l’égalité n’est pas une notion simplement saine et acquise ; pour l’obtenir une Révolution violente a du se mettre en place conduisant les français à ne plus réellement savoir comment se servir durablement des institutions libérales.

La démocratie combine l’égalité et la liberté puisque le peuple est libre et chaque individu est égal aux autres, grâce à ses droits politiques, et à ses devoirs. Ainsi, les sujets deviennent de plus en plus indépendants les uns des autres et bouleverse toute la vie sociale et politique. Il n’existe plus de supériorité des uns, tout citoyen est l’égal d’un autre. On ne croit donc plus en une classe supérieure, en une entité suprême qui avait la connaissance et l’expérience, mais on croit en la masse. Ainsi, c’est « l’opinion qui mène le monde ». C’est cette influence croissante qui tend à détruire la frontière importante entre l’individu et la société. Mais la démocratie relève aussi de la tendance nécessaire à donner le pouvoir à la majorité.

La notion d’égalité permet de réduire la dépendance interindividuelle, mais aussi en conséquence, de détruire les liens sociaux. Si les individus vivent dans la même société, disposant des mêmes conditions sociales que les autres, l’individu se renferme dans sa sphère privée pour briser progressivement les liens. La démocratie doit permettre de rétablir ces liens si précieux ; les américains disposent ainsi d’institutions libres qui permettent aux hommes d’établir eux-mêmes leurs affaires personnelles, sans intervention de l’Etat, pour favoriser l’association. Ce dernier principe, ainsi que celui de décentralisation permettent d’accroitre la vie publique pour mieux intégrer la démocratie dans la société et agir directement sur elle.

Il est nécessaire, pour que les hommes conservent de leurs différences, d’instaurer un pouvoir qui fera contrepoids à une entité trop puissante. Comme l’énonçait déjà Montesquieu entre-autres, il faut limiter le pouvoir, pour empêcher celui de la majorité.

Si chacun est semblable à l’autre, tous peuvent compatir, s’identifier ; mais cet adoucissement des mœurs contrecarre les relations de plus en plus étrangères entre les individus. se sachant à la fois semblables, mais à la fois distincts par leurs différences, les hommes sont en constante rivalité de part les inégalités qui se construisent malgré la revendication d’une égalité totale.

Ainsi, la cause des noirs en Amérique montre que le racisme vient du principe fondamental d’égalité. Le blanc veut se différencier de l’ancien esclave, qui lui-même est considéré de manière égale. Cela introduit un racisme important. La démocratie n’est donc pas un régime fondé sur de si bonnes valeurs qu’elle permettra d’enlever tous les vices.

La vertu n’est plus le propre de la démocratie, qui repose plus sur l’intérêt personnel. Ce dernier permet, malgré l’égoïsme qui lui est inhérent, de satisfaire à la prospérité. La fausse égalité mise en place amène à des rivalités fondées sur la recherche égoïste de son propre bien-être. Mais ce type de régime, même en constance agitation reste stable à sa base.