En effet, la révolution de 1789 se base sur une idéologie simple
: croire que la représentation décrit et retransmet la sphère
réelle. Les grands principes d’égalité, de liberté et de fraternité
cachent en réalité le monde capitaliste mené par les bourgeois.
Alors que le prolétaire donne sa force de travail, seule
ressource qu’il possède, il est employé, exploité par le
propriétaire qui achète son travail. Le propriétaire disposant des
moyens de production, par l’acquisition des terres, il doit se
servir de l’ouvrier pour satisfaire sa production. Marx pose donc
en premier postulat la notion de propriété.
Le communisme primitif reposait sur la confusion entre l’Etat et
la société civile. L’Etat qui était seul propriétaire perd son
monopole avec l’essor de la propriété et les seules possessions
qu’avait l’individu se transforment en propriété. Ainsi, d’un côté
les bourgeois vont former une classe en se servant de l’Etat pour
affirmer leur suprématie reposant sur l’économie. Ils utilisent le
rôle politique de l’Etat pour assouvir leurs besoins. Ils se
servent de leur pouvoir pour exploiter les travailleurs avec des
moyens économiques visant à la rentabilité de sa production ; ainsi
le capitaliste utilise le principe de la plus-value par exemple. De
l’autre côté, une classe sociale se forme après une série de lutte
à petite échelle ; chaque ouvrier combat son propre patron de
manière quelque peu marginale, puisque de manière isolée. Mais les
moyens de communication comme nous l’avons vu ont permis à tous ces
ouvriers de se rassembler pour former une organisation solide et de
démontrer que toutes les luttes apparemment isolées n’en forment
qu’une seule. Ainsi cette classe sera nécessairement en lutte
contre une autre envers qui elle est soumise. C’est la constitution
d’un véritable regroupement qui donne aux ouvriers la force de
combattre pour leur volonté. Et cette dernière repose sur
l’élaboration d’une révolution.
La révolution prolétarienne vient de la fabrication toujours
constante de nouveaux besoins humains, l’individu ne se
satisfaisant jamais de ces premiers besoins. A travers le Manifeste
Communiste, Marx et Engels expliquent d’où vient la volonté de
révolution prolétarienne, son but et ses moyens. La classe dominée
ne pourra se débarrasser de son statut désormais trop installé
qu’en brisant la lutte des classes dans son intégralité.
La lutte entre les deux classes devient inévitable puisque
l’attente passive ne mènerait nulle part. Si le prolétariat peut se
laisser bercer par les petites réformes socialistes, il ne fait que
retarder l’échéance en se fondant dans la sphère. Puisque la lutte
est certaine, il est inutile d’attendre.
La révolution prolétarienne doit s’établir à travers une longue
stratégie. La construction d’un parti est nécessaire pour apporter
une conviction et une possibilité plus forte à l’action du
prolétariat. La doctrine doit être rigoureusement établie pour
éviter les erreurs. Si la révolution constitue la finalité du
mouvement, Marx se méfie de certaines organisations
insurrectionnelles. Il hésite entre une révolution violente et
pacifique, même s’il sait qu’aucune collaboration avec la
bourgeoisie ne sera effective. La révolution devra donc être
permanente et par la suite conjointe à tous les pays ; ces
derniers, invités à faire de même, prendront néanmoins en compte la
situation de lutte de leur propre pays.
La révolution n’aura pas lieu du jour au lendemain. On ne peut
passer soudainement d’un Etat capitaliste à un Etat communiste.
Pourtant, le prolétariat devra tout d’abord se constituer en classe
dominante, en arrachant le pouvoir et le capital possédés par la
bourgeoisie. Tous les moyens de production récupérés seront
centralisés au sein même de l’Etat. La nouvelle classe dominante
s’imposera alors sous la forme d’une dictature ; mais le temps de
celle-ci reste à déterminer. Ensuite, l’Etat devra progressivement
disparaitre sous son impulsion.