Pourtant, Marx parvient à rassembler autour de
la cause socialiste en élaborant un socialisme historique.
Défenseur de la classe ouvrière caractéristique de
la société industrielle naissante, il prône un nouveau socialisme
favorable aux travailleurs. Les socialistes cherchent à détruire le
capitalisme, et hésitent entre la mise en place d'un mouvement
révolutionnaire et une action pacifique. Le mouvement de la Commune
de Paris de 1871 n'étant pas un véritable succès, certains
socialistes souhaitent s’engager vers la révolution
prolétarienne.
La Confédération générale du Travail (CGT) est
créée en parallèle en 1895, après la reconnaissance du droit
syndical. De son côté, le socialisme se divise en plusieurs
mouvements aux méthodes différentes : les
guesdistes représentent l’idéologie marxiste à
travers le parti ouvrier français (POF) ; les
blanquistes incarnent la concurrence du POF par le
Comité Révolutionnaire central. Il existe également d’autres
mouvements comme les réformistes, les allemanistes, etc. Le POF et
les néo-blanquistes se regroupent finalement au sein du PSDF en
1902 pour avoir plus de poids. Mais malgré un nombre important
d’adhérents, le parti n’obtiendra pas de bons scores
électoraux.
Les différents mouvements du socialisme politique se regroupent
le 23 avril 1905 au sein de la Section française de
l'internationale ouvrière (SFIO). C’est le premier
parti de masse à se constituer, autour de personnalités
comme Jean Jaurès, qui permettront aux ouvriers de lutter pour
améliorer leur condition. Face aux partis de cadre, ils réclament
des droits économiques et sociaux.
Le parti parvient à obtenir 101 élus lors des élections
législatives de 1914, alors qu'il rassemble déjà 80 000 adhérents ;
mais ces élus et les dirigeants du parti sont principalement issus
de professions libérales, non de familles ouvrières. Le parti
rejoint la politique d’union sacrée avec la CGT, mais la
guerre conduit à des divergences d’opinion, notamment sur la
question de l’adhésion à la IIIe Internationale issue de
la révolution russe. Ces conflits internes provoqueront la
scission du parti en 1920 lors du Congrès de
Tours. La majorité qui en ressort, et qui était favorable à cette
adhésion, va constituer le Parti Communiste Français ; la
minorité qui reste à « garder la vieille maison »,
regroupée autour de Léon Blum conserve le parti
tel qu’il est, avec la même appellation. Jusqu’en 1932 le PCF sera
devancé par la SFIO ; ce dernier compte 13 0000 adhérents en
1933 et obtient toujours une centaine de sièges d’élus aux
législatives jusqu’en 1934.
Mais sous ces succès électoraux, les dissidences perdurent entre
les marxistes et les socialistes. En 1932, comme ils l’avaient fait
en 1924, les socialistes soutiennent E. Herriot.
Les mouvements fascistes qui arrivent en France dès le début des
années 1930 entraînent de fortes réactions à gauche. Un grand
mouvement de rassemblement se met alors en place : il regroupe
les communistes, les radicaux, et les socialistes. C'est ainsi que
500 000 personnes vont se réunir lors d’une grève générale en 1935
; elle est menée par les radicaux, les communistes et les
socialistes. Bien que les socialistes soient nettement
majoritaires, cet engouement les encourage à se rassembler au sein
du Font Populaire, s’opposant ainsi de manière
franche au fascisme. Ce rassemblement permettra à la gauche de
remporter un franc succès lors des élections législatives de 1936.
L'arrivée de la gauche entraîne de nombreuses réformes :
congés payés, semaine de 40 heures…mais l’échec de la grève de
novembre 1938 entraîne la disparition du Front Populaire.
Les oppositions au sujet de la guerre divisent à nouveau le
parti ; elles seront alimentées par les divisions entre les
partisans de l’attribution des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain
et ses opposants.
Après 1945, le Parti radical, essoufflé et vieilli, perd peu à
peu de son électorat ; son inaction devant l'attribution des
pleins pouvoirs à Pétain, et l’attachement aux valeurs de la
IIIème République n’attirent plus les foules. La SFIO
perd également de son poids politique avec l’essor du Parti
Communiste qui attire de nombreux militants ouvriers ; néanmoins,
l’immédiat après-guerre n’est pas totalement décevant pour les
socialistes puisqu’il voit l’alliance entre les socialistes et le
MRP. Les divergences d’opinion resurgissent,
entraînant avec elles une diminution du nombre de militants. Alors
que certains se tournent vers les idées libérales, Mendès-France
tente de rétablir le mouvement à gauche, et prend la présidence de
la SFIO en 1956 ; puis le côté centriste de Faure l’amènera à
quitter le parti. De son côté, le gouvernement de Guy Mollet
connait des échecs, notamment face à la guerre d’Algérie ; le
parti s’affaiblira en effet nettement suite aux débats houleux à ce
sujet. La droite prend alors le pouvoir en 1958 grâce à la
personnalité de Charles de Gaulle.
Certains fonderont la Parti Socialiste Autonome, que
Mendès-France rejoindra en 1958, et qui formera après la fusion
avec de petits mouvements le Parti Socialiste Unifié. François
Mitterrand de son côté fonde la Convention des Institutions
Républicaines en 1964. En 1965, les partis de gauche se rassemblent
à travers la Fédération de la gauche démocrate et
socialiste (FGDS) pour favoriser le candidat Mitterrand.
L’accord se poursuit jusqu’en 1967 pour les élections législatives
; il se révèle être un succès, notamment grâce aux accords de
désistement au second tour avec le PSU et le PCF. Ces avancées sont
ralenties par les révoltes de 1968, et le parti change de nom en
1969 pour devenir le Parti Socialiste.
Le congrès d’Epinay de 1971 marque le début du
renouveau socialiste, avec la nomination de François Mitterrand au
poste de premier secrétaire. Il amène à de nombreuses réformes
internes, à commencer par son programme « changer la
vie », qui renforce l’appartenance à gauche du mouvement et sa
volonté de se placer du côté de ceux qui luttent dans des
mouvements sociaux. Un « programme commun de
gouvernement » est signé entre le PCF et les socialistes en
1972. Cela annonce un début de succès : cette réussite se
confirmera par les élections présidentielles de 1974 qui voient le
PS manquer de peu la présidence.
Incarnant plusieurs catégories sociales, le parti obtient des
succès à toutes les prochaines élections suivantes, et accroît son
nombre de militants. Le parti commence alors à recueillir plus de
voix que le PCF après la guerre et à peser dans la vie politique,
et notamment lors des élections législatives de 1978.
Le parti est réellement consacré par l’élection de François
Mitterrand et de l’obtention de la majorité absolue à l’Assemblée
en 1981. Le nouveau président de la République nomme Pierre Mauroy
au poste de Premier ministre, qui forme un gouvernement composé de
quelques communistes. Les 110 propositions tendent
à être appliquées, mais la situation économique ne permet pas
d'aller très loin dans l'application des théories socialistes : la
politique de « rigueur » met un terme à
l'élan socialiste. Laurent Fabius succède à Pierre Mauroy, puis
Jacques Chirac prend sa place après le succès du RPR aux
législatives de 1986. Malgré la période de cohabitation et les
nombreuses manifestations du peuple, Mitterrand est réélu en
1988.
Les divisions resurgissent au sein du parti en 1995 lors de la
succession de Mitterrand. Deux candidats à la candidature
s’opposent. Henri Emmanuelli et Lionel Jospin, qui avait été
premier secrétaire à la suite de Mitterrand, s’affrontent ; Lionel
Jospin est choisi comme candidat à la présidentielle. Il ne
parviendra pas au pouvoir mais deviendra Premier ministre après le
succès des élections législatives de 1997, suite à la dissolution
de l’Assemblée Nationale. François Hollande
devient donc premier secrétaire du parti.
L’élection présidentielle de 2002 marquera un échec considérable
pour le PS : le parti n'est pas au second tour le 21 avril 2002.
Diverses questions divisent également le parti (consignes de vote
pour la Constitution européenne : certains appellent ouvertement à
voter non, alors que d’autres font l’inverse conformément au vote
des adhérents).
Si les élections présidentielles de 2007 ont vue leur
représentante arriver au second tour, le Parti Socialiste ne
parvient pas au pouvoir. Jean-Pierre Chevènement accusera même le
manque de restructuration du parti depuis 2002. Le parti peine
alors à se relever de ses échecs, et les problèmes internes
l'empêchent d’être une véritable force d’opposition. La secrétaire
du parti, Martine Aubry, tente alors de rassembler
les militants. Elle ne parviendra pourtant pas à se présenter à
l'élection présidentielles de 2012.
Les élections présidentielles de 2012 portent finalement le
parti socialiste, et son candidat François Hollande, aux plus
hautes fonctions.