Il cherche à comprendre la société dans son ensemble, dans sa
complexité, et à savoir comment les individus, par des actions non
déterministes pour la société, parviennent à la faire évoluer. Il
veut comprendre les relations entre l'individu et son
environnement.
Processus de civilisation
La civilisation est marquée par la privatisation de la vie
émotionnelle et pulsionnelle. Les actes banals deviennent privés et
tout est affaire d'intimité. Les comportements sont faits de
retenue,d'auto-contrôle croissant des individus sur leurs propres
actions, voire sur leurs propres pensées. Les comportements humains
n'étaient auparavant soumis à aucun contrôle ; les seules
restrictions étaient issues d'entités supérieures. Les contrôles ne
venaient donc pas de l'individu lui-même. Aujourd'hui en revanche,
l'individu doit toujours se maîtriser dans ses actes et ses
pensées.
La civilisation a fait évoluer les moeurs et les valeurs des
sociétés. Elle a conduit à accroître l'importance de l'image
individuelle et de la représentation de soi. Pour démontrer cela,
N. Elias prend l'exemple de la société de la Renaissance, qu'il
nomme « société de cour » ; elle repose sur
l'apparence. Les hommes cherchent alors à paraître civilisés et
refusent l'infériorité. Cette façon de penser induit les supérieurs
à imposer indirectement des valeurs et des morales à respecter.
Elias a cherché à démontrer la généralisation des mécanismes
d'intériorisation ou d'extériorisation, comparables au mécanisme de
civilisation. Il l'a ainsi par exemple montré dans le sport.
Notion de configuration
Pour Elias, les relations sociales sont un grand jeu fait
d'interdépendances.
Ce concept d'interdépendance peut s'appliquer à toute forme
d'organisation, petite ou grande. C'est une dépendance réciproque
est dynamique qui repose sur des relations évolutives. Mais la
maîtrise de ces relations par les individus n'est que relative
puisqu'ils ne sont responsables que de la relation qu'ils ont à
l'origine instaurée ; ainsi les réseaux se complexifient à
mesure que l'organisation s'agrandit. Les actions des joueurs ne
sont pas figées, elles évoluent sans cesse, en fonction du jeu
lui-même. Ainsi, les pouvoirs sont mouvants et sans cesse
redéfinis.
Les évolutions sont également fonction du contexte. Il est donc
nécessaire de considérer l'individu dans son contexte car
l'environnement résulte des actions individuelles qui s'y sont
produites. Autrement dit, l'individu ne peut vivre sans la société
et la société ne peut vivre sans l'individu ; il y a
nécessairement une relation d'interdépendance entre les deux.