Iran

Héritier de l’empire perse, l’Iran est un pays chiite, à l’inverse de ses voisins arabes, majoritairement dirigés par des sunnites. Sa population de 77 millions d’habitants se compose à 70% de citadins et bénéficie d’une classe moyenne éduquée. Pays influent dans la région, notamment car il dispose de la première réserve de gaz naturel et de la quatrième réserve mondiale de pétrole, l’Iran est sorti de son isolement diplomatique après l’accord conclu sur le nucléaire avec les Etats-Unis en 2015. Mais son ultérieure remise en question a provoqué de nouvelles tensions avec l’Occident.

Bref historique

L’histoire de l’Iran a été marquée par de nombreuses civilisations. Le territoire a en effet longtemps été placé sous l’autorité de plusieurs Empires (empire sassanide, etc.). Ce n’est qu’avec la conquête arabo-musulmane de la Perse que la région est entrée dans une nouvelle ère, l’ère islamique. Celle-ci a perduré durant des siècles, sous une autorité monarchique. Mais au 20e siècle, le pays va connaître un bouleversement politique. Ainsi, dans les années 1970, alors que le régime du Shah menait une politique pro-occidentale et pro-israélienne, la révolution islamique de 1979 portée par l’ayatollah Khomeiny renverse le Shah et son système monarchique. Craignant une contagion révolutionnaire, les pays voisins contre-attaquent : l’Irak entre alors en guerre contre l’Iran de 1980 à 1988 pour lutter contre la menace perse et chiite. La révolution islamique a également eu des conséquences sur les puissances occidentales, avec lesquels l’Iran a entretenu des relations difficiles dans les années qui ont suivi.

Politique intérieure

Le régime théocratique de l’Iran donne aux mollahs un pouvoir important en matière de respect des principes religieux au sein de la société (port du voile par les femmes, etc.). Au sommet de ce régime, le président iranien joue le rôle d’un premier ministre, l’autorité supérieure revenant au Guide suprême de la révolution, Ali Khamenei.

Le président de la République est la deuxième personnalité du pays après le Guide, qui est le véritable chef de l’Etat. Le Guide a ainsi joué un rôle crucial dans la politique du pays, en soutenant Mahmoud Ahmadinejad dans sa confrontation avec l’Occident, puis en décidant de la reprise des négociations bilatérales secrètes avec les Etats-Unis dès 2011. Aujourd’hui encore, le Guide suprême oriente la politique et contrôle l’armée autant que les médias. De son côté, le président est le chef du gouvernement: il nomme et révoque les ministres, préside le Conseil. Il est responsable envers le Guide, la nation et le Parlement. Ainsi, il n’est pas le chef des armées, une fonction qui revient au Guide.

Ce dernier a été désigné après la mort de l’ayatollah Khomeiny par une Assemblée de mollahs, au pouvoir réputé issu de Dieu ; l’Assemblée approuve également l’élection d’un Parlement et d’un président de la République élu au suffrage universel direct pour un mandat de 4 ans. Ce système politique a été contesté à plusieurs reprises par la population : en 1997, le peuple iranien s’est soulevé. Puis, il s’est massivement élevé, en 2009, contre le régime de Mahmoud Ahmadinedjad. Puis, l’arrivée au pouvoir du président Hassan Rohani, religieux modéré élu en 2013 (puis réélu en 2017), devait apaiser la situation. Celui-ci a en effet tenté de réconcilier le régime avec ses opposants. Mais depuis lors, certaines voix ont dénoncé l’augmentation de la répression à l’encontre des défenseurs des droits humains. En effet, les Iraniens ont subi une répression meurtrière fin 2019, après un vif soulèvement contre le régime.

La population s’élevait contre la décision politique d’augmenter soudainement le prix de l’essence. Le mouvement gagnait ensuite la capitale et se transformait en contestation contre le pouvoir en place, qui accusait quant à lui des ennemis étrangers d’avoir orchestré ces émeutes.

L’année suivante, avec l’objectif affiché de lutter contre la criminalité, la République Islamique poursuivait sa répression et menait de vastes arrestations, tandis que certains des manifestants se voyaient condamnés à mort.

En 2020, l’enlèvement, le procès expéditif puis l’exécution par pendaison du journaliste et opposant Rouhollah Zam révélait la montée en puissance de la répression dans le pays. Selon certains observateurs, ce climat répressif soulignait l’affaiblissement du président Hassan Rohani, partisan d’un rapprochement avec l’Occident, ou son alignement sur la ligne dure du régime.

Cette situation politique s’explique notamment par les conditions de vie difficiles des Iraniens, dans un pays où les prix à la consommation ont excessivement grimpé. Les nombreuses sanctions imposées par les Etats-Unis ont participé de cet enlisement économique du pays. Pourtant, la signature de l’accord sur le nucléaire apportait l’espoir d’une amélioration de l’état économique iranien. Mais outre l’absence de réelle avancée en la matière, l’intégration même de l’Iran au libéralisme économique international semblait complexe après des décennies de sanctions.

Le système économique restait fondé sur une économie de résistance et les banques étrangères demeuraient réticentes à établir des liens avec l’Iran. A cela s’ajoutait une grave crise de l’eau, or bleu dont dépend pourtant le développement économique du pays. La chute des cours du brut et le manque de diversification de l’économie iranienne a aussi contribué à enrayer la relance économique.

Les sanctions américaines ont aussi contiribué à plonger l’Iran dans une sévère récession, bien que l’économie iranienne apparaisse très résiliente. Ecartés du système mondialisé, les Iraniens ont en effet dû inventer un modèle économique alternatif en renationalisant leur production ou encore en régionalisant leurs échanges. L’arrivée au pouvoir du nouveau président Ebrahim Raïssi, élu en 2021, devait permettre aux Iraniens de changer la donne. Le nouveau président affichait ainsi par exemple son intention de faire respecter le droit de l’Iran de développer son propre programme nucléaire, celui-ci étant pacifique, et donc à exiger la levée de toutes les sanctions économiques qui minent l’économie.

L’ultraconservateur Ebrahim Raïssi a été élu lors d’une élection sans réels adversaires et apparaissait comme le futur successeur du guide suprême. En effet, face à la crise d’autorité de la république islamique et au désintérêt populaire pour la politique publique, les gardiens de la révolution avaient choisi un président, et ainsi écarté l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad, qui dénonçait alors une élection organisée «contre les intérêts du pays».

Malgré cela, le pays demeurait en proie à certaines difficultés que sont l’inflation, la pauvreté ou encore le chômage (environ 20%). L’Iran a également été confronté à une pénurie d’eau. En 2021 en effet, des manifestations venaient bousculer la province du Khouzestan, en proie à une grave crise dans cette région riche en pétrole qui a subi une sécheresse importante. C’est dans ce contexte que le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a légitimé les protestations, critiquant la gestion des problèmes de l’eau par le gouvernement. Il a également mis en garde les manifestants contre une récupération politique, leurs ennemis cherchant à utiliser les moindres problèmes pour mettre à mal la République islamique.

Relations extérieures

Depuis la révolution islamique de 1979, les relations entre l’Iran, ses voisins, et les puissances occidentales ont considérablement évolué. En cherchant à devenir un leader régional, le pays s’était fortement isolé. Puis, l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 a changé la donne en réintégrant l’Iran à la communauté internationale. Cependant, l’isolement international du pays n’a pas réellement disparu et de nouveaux différents sont apparus.

La question nucléaire

Signataire du traité de non-prolifération, l’Iran fait partie des Etats non autorisés à posséder l’arme nucléaire. Sa production d’uranium enrichi et ses essais nucléaires ont donc provoqué de vives tensions avec l’Occident. Le dossier nucléaire iranien avait débuté en 2002, par la découverte de sites nucléaires non déclarés. Ce n’est qu’en 2006 que les premières sanctions de l’ONU ont cependant été imposées à l’Iran. Durant les années qui ont suivi, les pays occidentaux ont tenté d’inciter l’Iran à renoncer à l’acquisition de la bombe atomique, tandis que le gouvernement iranien considérait qu’à l’instar de l’Inde ou du Pakistan, le pays devait pouvoir accéder à la puissance nucléaire, affirmant qu’il s’agit d’un programme civil. Si l’Iran demeure visé par les Occidentaux, ce n’est plus le cas du Pakistan, puissance nucléaire islamique voisine qui avait incité la République islamique à s’engager dans un programme nucléaire.

Ainsi, bien qu’il ait signé le traité de non-prolifération, le pays a eu recours au nucléaire civil fourni par la France pour entamer sa production d’uranium enrichi. De nombreux essais nucléaires ont par la suite été effectués en dépit des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que des mises en garde de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le pays s’est ainsi engagé dans un bras de fer avec l’Occident, qui a imposé d’importantes sanctions à l’Iran. Cependant, des négociations ont été menées pour restaurer le dialogue entre les grandes puissances occidentales et l’Iran dans les années 2010. En 2013, un accord intérimaire était trouvé à Genève entre les pays du « P5 + 1 » et l’Iran. L’année suivante, la première phase de l’accord était mise en mouvement tandis que se poursuivaient de longues négociations faites de dates butoirs dépassées et d’échecs de pourparlers. Pour les Occidentaux, le but était d’obtenir des garanties suffisantes, tandis que tout l’enjeu pour l’Iran était d’obtenir l’annulation des lourdes sanctions imposées pendant des années par les Etats-Unis, l’Union européenne et les Nations unies.

Finalement, en 2015, un accord était trouvé : il prévoyait une limitation de l’enrichissement de l’uranium, le renforcement des inspections internationales et la levée des sanctions. Ainsi, dans les années qui ont suivi, l’Iran a éliminé la totalité de son stock d’uranium enrichi à plus de 3,67% et le nombre de centrifugeuses a été fortement réduit.

Cet accord de Vienne, conclu avec nombre d’Etats (Chine, Russie, Allemagne, etc.) et par lequel l’Iran acceptait de renoncer au nucléaire militaire, a rendu fréquentable la République islamique en Europe et en Asie. Sorti de son statut d’« exclu » de la communauté internationale, le pays comptait attirer des investisseurs occidentaux. Et de fait, certaines compagnies pétrolières étrangères se sont de nouveau installées dans le pays et des investissements devaient concerner d’autres secteurs de l’économie (industrie, tourisme, etc.).

En 2020, toutes les restrictions sur les armes étaient levées en vertu de l’accord de 2015, permettant ainsi à l’Iran de se procurer ou de vendre des armes et des équipements. La fin de cet embargo était rendu possible par la position prise par la Russie, la Chine et les pays européens, qui ont refusé de suivre la ligne américaine.

Mais l’accord n’a pas véritablement apaisé les relations entre l’Iran et l’Occident. Il n’a pas ouvert la voie à une levée des sanctions américaines, et en 2018, la rupture de l’accord par les Etats-Unis entérinait les tensions persistantes avec une frange du pouvoir iranien. L’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la révolution iranienne, poursuivait en effet une politique de défiance vis-à-vis des Etats-Unis malgré l’accord de 2015. Cette posture a acquis progressivement davantage de poids au sein du pouvoir iranien, jusqu’à ce que cette ligne dure du régime s’impose avec force. En 2020, le Parlement, dominé par les conservateurs, votait en effet une loi visant à accélérer le programme nucléaire. Cette décision était motivée par le constat selon lequel seul l’Iran appliquait ses engagements dans le cadre de l’accord nucléaire; il semblait donc nécessaire à l’Iran de mettre fin à cet unilatéralisme.

Par cette loi, l’Iran entendait contraindre les pays européens à prendre des mesures pour permettre à l’Iran d’entretenir des relations bancaires normales avec le reste du monde et d’exporter son pétrole. Les Européens étaient également enjoints de supprimer les sanctions américaines sous peine d’une réduction de la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En vertu de cette loi, le gouvernement devait notamment reprendre ses activités afin de viser un enrichissement d’uranium à 20%, alors que l’accord nucléaire le limitait à 3,5% jusqu’en 2024. Aussi, le nombre de centrifugeuses a largement augmenté.

Déjà le rétablissement de lourdes sanctions visant Téhéran avait conduit l’Iran à riposter en s’affranchissant de nombre de ses obligations destinées à garantir le caractère civil de son programme nucléaire. Et si le président Hassan Rohani affirmait que son pays était prêt à revenir à ses engagements initiaux, les conservateurs iraniens, très influents, rejetaient l’idée d’un nouveau compromis. Les profondes divergences entre le Parlement iranien, conservateur, et le président Hassan Rohani, ouvert à l’Occident, se sont atténuées avec l’élection du président Ebrahim Raïssi. Celui-ci refusait en effet de négocier un nouvel accord et exigeait l’annulation de toutes les sanctions en même temps (rejet d’une levée graduelle). Ce n’est qu’avec l’obtention de ces conditions que l’Iran entend limiter son programme et respecter ses engagements de 2015.

Ainsi, pour montrer son franc refus, l’Iran mettait en œuvre des mesures de riposte susceptibles d’enterrer l’accord de Vienne, et notamment la fin des inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). L’Iran souhaitait ainsi inciter les pays occidentaux à appliquer leurs propres engagements (afin d’éteindre les sanctions américaines).

Les relations avec l’Occident

L’Iran a longtemps été considéré comme un ennemi pour l’Occident. En effet, la révolution islamique et l’éviction du shah d’Iran, allié des Occidentaux, puis la prise d’assaut de l’ambassade américaine à Téhéran, avaient conduit à la rupture des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Iran. Ces relations sont restées difficiles, malgré certaines tentatives d’apaisement. En effet, dans les années 2000, le président Mahmoud Ahmadinejad a lutté contre l’impérialisme occidental et œuvré pour un renforcement de la religion musulmane, notamment en s’opposant à Israël et en défendant le peuple palestinien.

La situation a évolué après l’arrivée au pouvoir du président Rohani, qui marquait l’avancée des modérés en Iran. Malgré cela, le pays continuait à apparaître comme une menace pour une partie des pays occidentaux, qui ont imposé des sanctions économiques et financières à l’Iran (ex: embargo sur la coopération en matière pétrolière et gazière) en réponse à son programme nucléaire controversé.

Parmi les opposants à l’Iran, l’Union européenne (UE) s’est farouchement opposée à la production iranienne d’uranium enrichi. Les relations sont ainsi demeurées tendues dans les années 2000, et l’accord de commerce et de coopération signé en 2002 avait été suspendu en 2005 en raison du désaccord persistant sur le nucléaire. La reprise des discussions entre l’Iran et l’UE dans les années 2010 avait néanmoins permis d’aboutir à l’accord sur le nucléaire.

Toutefois, le chef de l’Etat iranien multipliait les ouvertures en faveur de l’Occident, et notamment des Etats-Unis. Cette évolution avait conduit à la conclusion de l’accord de Vienne. Depuis lors, les relations étaient mitigées entre la République islamique et les pays occidentaux. Et pour cause, l’Amérique de Donald Trump n’a eu de cesse, après 2017, mais surtout après sa sortie de l’accord nucléaire en 2018, d’accroître la pression sur l’Iran afin de l’amener à de nouvelles négociations. Cette stratégie de pression sur l’Iran devait également contraindre le pays à cesser de financer les milices en Irak ou encore en Syrie. Mais cela n’a pas eu l’effet escompté puisque ces financements permettent à l’Iran d’exercer une influence qui constitue pour le pays un impératif stratégique vital.

De plus, les Etats-Unis souhaitent aussi éviter un trop grand rapprochement de l’Iran avec la Chine et la Russie, avec lesquels les échanges se sont accrus. L’Iran constitue en effet un pays central au Moyen-Orient, notamment à travers le rôle qu’il joue en Irak, en Syrie ou en Afghanistan.

L’influence régionale

L’Iran joue depuis quelques années un rôle important en Syrie, en Irak ou encore au Yémen. Cette stratégie d’influence est un moyen pour l’Iran de s’imposer comme la grande puissance du Moyen-Orient. Téhéran se place comme garant de la paix et de la stabilité régionale, jugeant que sa puissance ne sera utilisée que contre les puissances oppressives. Sa politique régionale accorde donc son soutien aux représentants du Hamas, du Hezbollah ou encore du Jihad islamique palestinien. De surcroît, l’Iran s’est impliqué dans plusieurs conflits régionaux depuis les années 2010. Le pays a soutenu le régime syrien de Bachar Al-Assad aux côtés du Hezbollah libanais, ainsi que les miliciens rebelles houthistes (issus d’une branche chiite) qui ont renversé le président yéménite soutenu par l’Arabie saoudite. En Irak, l’Iran a fourni un appui militaire au gouvernement chiite de Bagdad pour combattre l’Etat islamique (EI), les salafistes sunnites de l’EI étant en effet proches des frontières iraniennes. Le pays n’a cependant pas participé à la coalition formée par les Etats-Unis.

La présence de l’Iran en Irak et en Syrie a contribué à la reconquête de territoires contrôlés par l’Etat islamique. L’objectif de l’Iran était de protéger ses frontières en contrant l’avancée des sunnites djihadistes, derrière lesquels le pays voit la main de l’Arabie saoudite. L’Iran est en effet un empire nationaliste qui cherche à défendre son territoire, mais qui n’a jamais conquis de territoires extérieurs.

Depuis lors, l’Iran et l’Irak ont renforcé leurs relations dans différents domaines (relations frontalières, transports, relations commerciales). De plus, tous deux se sont accordés sur la nécessité du retrait des troupes étrangères sur les territoires de la région, notamment après l’assassinat par les États-Unis du général iranien Qassem Soleimani sur le sol irakien. Mais l’influence iranienne dans le monde arabe a toujours inquiété Israël, qui considère le pays comme une menace pour le Moyen-Orient. Iran, Russie et Chine Dans un contexte de tensions avec l’Europe et les États-Unis, dont les sanctions entravent ses exportations de pétrole, l’Iran s’est tourné vers les pays d’Asie, en particulier la Chine, l’Inde, mais aussi la Russie. Marquant ainsi son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, le pays a affirmé vouloir renforcer ses relations avec ses voisins plutôt que poursuivre son rapprochement avec l’Occident. L’Iran rompait ainsi avec la politique menée par le gouvernement de l’ex-président Hassan Rohani, qui privilégiait le rapprochement avec l’Occident.

Depuis des années, la Chine, la Russie et l’Iran renforcent donc leur coopération, notamment militaire (ex: exercices militaires conjoints dans le nord de l’océan Indien et dans la mer d’Oman).

Régulièrement confrontés aux puissances occidentales, les trois pays se tournent en effet les uns vers les autres depuis des années. Mais dès les années 1960, la Russie et l’Iran ont renforcé leur collaboration économique, par exemple à travers la construction russe du réacteur nucléaire de Bouchehr. Et si leurs relations ont ponctuellement été mauvaises (ex: Russie approuvant les sanctions de l’ONU dans le dossier du nucléaire iranien, rupture d’un contrat signé en 2007 pour la fourniture à l’Iran d’un système de missiles sol-air S-300), il n’en demeure pas moins que les deux pays se sont notamment entendus sur le dossier syrien pour soutenir le président Bachar el-Assad.
De même, les relations sino-iraniennes sont historiques, les deux pays ayant été en contact par la route de la Soie durant des millénaires. Leurs liens se sont plus récemment développés sur le terrain économique, mais aussi politique. Aussi, la Chine a généralement adopté des politiques favorables à l’Iran, notamment dans le cadre de son programme nucléaire.

Ces ententes, construites sur le temps long, ont posé les bases d’un rapprochement plus important entre la Chine, l’Iran et la Russie. C’est ainsi qu’en 2020, l’Iran signait d’importants accords sur 25 ans avec la Chine et la Russie. Ces accords prévoyaient notamment des investissements massifs (400 milliards) dans les secteurs pétrochimiques, pétroliers et gaziers, et le renforcement des zones de libre-échange autour de la route de la soie. L’Iran contournait ainsi les sanctions américaines, qui devenant de facto inopérantes.

Les accords comportaient un volet économique et un volet militaire. Ils prévoyaient d’importants investissements (ex: déploiement d’équipements numérique et notamment de la 5G par les Chinois), en échange desquels l’Iran devait donner la priorité à la Chine et à la Russie dans divers projets économiques et énergétiques. Cela devait également permettre à ses deux partenaires d’obtenir un accès au Moyen-Orient afin de s’y déployer militairement et donc de dissuader les ennemis de l’Iran susceptibles de l’attaquer. Mais de l’autre côté, Chinois et Russes pouvaient par ce biais mener des actions belliqueuses dans la région.
Il s’agissait donc d’une relative altération de l’autonomie iranienne susceptible de bénéficier à Israël, et donc mal perçue par la population iranienne. Cette dernière se montrait en effet attachée à l’indépendance de son pays au regard de la grandeur de son passé.

Et en 2021, la Chine et l’Iran concluaient un accord stratégique et économique global de 25 ans. Des investissements réciproques dans différents domaines (transports, énergie, industrie et services) étaient prévus, permettant à l’Iran de contourner les sanctions occidentales mais aussi de rénover ses infrasctuctures avec le concours d’une Chine qui constitue son premier partenaire commercial. Puis, l’Iran a adhéré à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), permettant au pays de contrebalancer l’influence américaine et de s’ouvrir à un potentiel marché. De plus, l’accord a permis un allègement des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l’arme nucléaire. L’Iran avait demandé à rejoindre l’OCS dès 2008 mais son adhésion avait été freinée par les sanctions internationales liées à son programme nucléaire.