Territoire et population
Le territoire birman est structuré autour d’une vaste plaine
centrale où vit une grande partie de la population et qu’entourent
des chaînes de montagnes. La Birmanie, ou Myanmar, reconnaît 135
ethnies différentes (Bamars, Kachins, Karen, Shans, etc.). L’ethnie
majoritaire des Bamar («Birmans ethniques») vit dans les plaines
centrales tandis que les minorités ethniques habitent les
périphéries montagneuses. Ces divisions ont été entretenues par le
colonisateur britannique, les Birmans ethniques étant écartés du
pouvoir et administrés par la couronne britannique. Les minorités
conservaient quant à elles leur système traditionnel.
Ces répartitions géographiques expliquent l’administration
territoriale particulière fondée sur l’existence de 7 Régions
(majoritairement peuplées de Birmans) et de 7 Etats, situés en
périphérie. Le pays bénéficie de nombreuses ressources naturelles
qui intéressent les investisseurs étrangers comme la Chine; 80% de
la production birmane de jade est ainsi par exemple exportée vers
la Chine. Mais c’est aussi la position géostratégique du pays,
situé entre l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est et donnant accès à
l’océan Indien, qui attire; l’Asie du Sud-Est est en effet cruciale
pour les échanges mondiaux.
Contexte historique
Annexée à l’Empire des Indes en 1886, puis occupée par les
Japonais, la Birmanie devenait indépendante en 1948. Puis, le pays
va connaître une guerre civile et des insurrections qui conduiront
en 1962 le général Ne Win à prendre le pouvoir par un coup
d’Etat.
En 1988, une révolte populaire tentera de mettre fin à ce
régime. Mais des militaires prendront alors le pouvoir, en
autorisant toutefois la créations de partis politiques. Cela va
permettre à l’opposition de faire entendre sa voix, mais les
relations avec la junte militaire demeureront très difficiles. La
Ligue nationale pour la démocratie cherchera en vain à instaurer un
régime démocratique durant des années, tandis que sa dirigeante,
Aung San Suu Kyi, sera régulièrement assignée à résidence. Mais au
début des années 2010, des centaines de prisonniers politiques vont
être libérés et la Ligue nationale pour la démocratie va pouvoir
participer aux élections. Un processus de transitition
institutionnelle va alors permettre au parti d’Aung San Suu Kyi de
remporter les élections législatives de 2015.
La démocratisation du pays n’empêchera pas la liberté
d’expression de fortement décliner en Birmanie, ni à la minorité
musulmane des Rohingyas de subir une violente répression de la part
de l’ethnie dominante de la région dans laquelle ils vivent
(Rakhines bouddhistes de l’Arakan). Déterminée à protéger
l’identité bouddhiste, cette ethnie va mener en 2017 une répression
militaire qui conduira environ 750 000 Rohingyas à fuir les
exactions, les destructions de villages, les viols et les
exécutions extrajudiciaires pour se réfugier au Bangladesh.
Les Rohingyas, musulmans arrivés comme main
d’œuvre avec les Britanniques dans le pays, ont été accusés de
collaboration au moment de la décolonisation. Puis, malgré une
certaine intégration, la crainte des Birmans (très nationalistes)
d’une trop grande progression des musulmans a conduit à leur
persécution dès la seconde moitiée du 20e siècle, après que le
général Ne Win ait imposé le bouddhisme comme religion
d’Etat.
Ainsi, alors que diverses confessions
cohabitaient dans le pays (les musulmans représentent moins de 5%
de la population birmane), des campagnes de propagande puis des
opérations de purification ont été menée, notamment en 1978 et
1992, conduisant à la fuite d’environ 200 000 Rohingyas au
Bangladesh. Pour justifier ces opérations, le pouvoir en place se
fonde sur l’histoire: les Rohingyas ne font pas partie des «races
nationales», c’est-à-dire présentes sur le territoire avant 1823,
date de l’arrivée des colons britanniques. Dénués donc de la
nationalité birmane, accordée à d’autres ethnies, ils constituent
pourtant la minorité ethnique de confession musulmane la plus
importante du pays.
La campagne de nettoyage ethnique contre les Rohingyas sera mise
en cause devant la Cour internationale de Justice en 2019. Aung San
Suu Kyi défendra alors l’armée birmane contre les accusations de
génocide. Malgré cela, le parti d’Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de
la paix en 1991, sera de nouveau plébiscitée lors des élections
législatives de 2020.
Cependant, le chef des forces armées va contester les résultats
du scrutin, dont il réclamera un recomptage sous peine d’une
intervention de l’armée. Face aux irrégularités qu’ils constatent
alors, les militaires décident, le 1er février 2021, d’arrêter Aung
San Suu Kyi et le président Win Myint. L’état d’urgence est annoncé
pour un an et les militaires promettent de nouvelles élections
ainsi qu’un transfert de pouvoir garantissant la «stabilité» de
l’Etat. La reprise du pouvoir par l’armée mettait ainsi un terme
aux avancées démocratiques saluées par l’Occident.
Situation récente
Face au putsch militaire, Aung San Suu Kyi a exhorté la
population à se révolter. Ainsi, un mouvement de désobéissance
civile s’est élevé et plusieurs groupes ethniques ont repris les
armes pour participer à la contestation. A cela se sont ajoutées
des grèves mais aussi des campagnes de boycott de produits dont les
profits allaient à la junte ainsi que la recrudescence des
affrontements entre armée et factions ethniques rebelles. Outre la
répression menée par l’armée birmane (placement en détention,
tortures, etc.), qui a causé des centaines de morts, cela a
paralysé l’économie. En effet, cela a entrainé une hausse du prix
des denrées alimentaires et de l’essence ainsi qu’une limitation du
retrait des liquidités dans les banques. En outre, les mesures
prises pour endiguer la pandémie ont fait perdre leur emploi à des
millions de Birmans. La pauvreté a donc explosé et beaucoup ont
désormais des difficultés à se nourrir. De son côté, Aung San Suu
Kyi se voyait accusée de sédition, de corruption et de divers
autres chefs d’accusation (violation de secret d’état, incitation à
des troubles public, etc.).