Israël et Palestine

Des années après les accords d’Oslo, le conflit israélo-palestinien a été sans cesse ravivé avant que le Hamas ne mène une attaque le 7 octobre 2023, conduisant Israël à répliquer par de multiples et dévastatrices offensives sur Gaza.

Bref historique du conflit

L’une des premières tensions entre les Palestiniens et le peuple juif apparaissent avec la déclaration Balfour de 1917, par laquelle les Britanniques proposaient l’établissement d’un « foyer national juif ». A mesure que les Juifs arrivent sur les terres palestiniennes, des oppositions se font jour. C’est dans ce contexte que, dès 1920, la population palestinienne manifeste contre les expropriations de terre. La répression par la puissance coloniale britannique sera sanglante, une violence qui s’abattra encore lors d’un nouveau soulèvement palestinien dans les années 1930, et qui sera soutenue par la Haganah (bras armé du mouvement sioniste) ; le dirigeant palestinien Azzedine Quassem est alors assassiné. La fin de la Seconde Guerre mondiale et la révélation du génocide juif favorisera l’avènement de l’Etat d’Israël en 1947, lors du partage établi par l’ONU. Cela va conduire à l’installation massive de Juifs sur le territoire palestinien, provoquant la colère des Palestiniens et des Etats voisins. Ainsi, les différentes revendications territoriales vont entraîner une longue série de conflits opposant les intérêts juifs aux intérêts palestiniens.

En 1967, la guerre des Six-Jours permettait à Israël de prendre le contrôle des Territoires Palestiniens. Puis, Israël a commencé à occuper les territoires arabes saisis, une occupation ensuite déclarée illégale par les Nations unies. Ainsi, depuis lors, le pays occupe et contrôle militairement la Cisjordanie, une partie du Golan (au détriment de la Syrie) et Jérusalem-Est.

Pour apaiser ce conflit, de nombreuses tentatives d’apaisement voient le jour sous l’égide des Etats-Unis ou encore sous l’impulsion française, voire russe. Ainsi étaient conclus, en 1993, les accords d’Oslo permettant la reconnaissance mutuelle des deux territoires et devant amener à la création d’un Etat palestinien. Malgré cela, les conflits ont perduré, conduisant à la résurgence de vives tensions.

Durant l’été 2014, un conflit armé a opposé Israël (qui menait l’opération «Bordure protectrice») aux forces palestiniennes. Pour certains observateurs, cette relance du conflit israélo-palestinien résultait de la volonté d’Israël d’empêcher la bonne marche du gouvernement palestinien d’union nationale formé en 2014 par un accord entre le Fatah et le Hamas.

En sus de la réélection de Benyamin Nétanyahou en 2015, qui avait terni les espoirs de paix entre les deux territoires, plusieurs attaques palestiniennes ont ensuite été menées à Jérusalem, et la colonisation israélienne s’est poursuivie, conduisant à de multiples destructions de maisons palestiniennes (notamment celles d’auteurs d’attaques anti-israéliennes).

La colonisation est ancienne. Les colons israéliens occupent en effet la région du Golan depuis 1967 et ont créé des avant-postes en Cisjordanie dès les années 1990. Ces derniers ont été établis sans autorisation, mais par la suite financés par l’Etat israélien, voire légalisés a posteriori. L’Etat hébreu a aussi validé la construction de nombreux logements dans des colonies de Cisjordanie dans les années qui ont suivi et les nouvelles constructions se sont multipliées ces dernières années malgré la condamnation de l’ONU en la matière (plus de 15000 logements approuvés par Israël entre 2016 et 2018). Cette politique de colonisation avait en outre conduit Israël à tenter l’annexion de la Cisjordanie en 2020. Puis, les constructions s’étaient poursuivies en 2021 dans les colonies israéliennes de ce territoire, le gouvernement du Premier ministre Naftali Bennett y autorisant alors la colonisation par des citoyens israéliens. Dans le même temps toutefois, il autorisait la construction de logements destinés aux Palestiniens dans la Zone C (secteur placé sous contrôle administratif et sécuritaire israélien conformément aux accords d’Oslo).

Pourtant, si en 2017 le Hamas modifiait pour la première fois de son histoire son programme politique, acceptant notamment un Etat palestinien limité aux frontières de 1967, les tensions restaient vives. En 2018, Israël adoptait une loi controversée définissant Israël comme “l’Etat-nation juif”, stipulant que l’hébreu devenait la seule langue officielle du pays, reléguant ainsi les Arabes israéliens au rang de citoyens de seconde zone. En outre, l’Etat hébreu continuait à ériger des murs à ses frontières afin de se protéger des attaques extérieures (le long de la frontière libanaise, de la frontière égyptienne, autour de la bande de Gaza et de certains territoires de la Cisjordanie). .

Israël a ainsi construit une «clôture de sécurité» le long de la «ligne verte» d’armistice, reconnue par l’ONU et qui sépare le pays des territoires occupés en 1967. De plus, le projet « Mur de fer », achevé en 2021, créait une «barrière intelligente» améliorée basé sur de nouveaux capteurs, radars et équipements de détection, sur un mur souterrain, une barrière maritime, une clôture aérienne et des salles de commandement et de contrôle pour empêcher les infiltrations depuis la bande de Gaza vers le territoire israélien.

Puis, de vives tensions sont réapparues à la fin des années 2010 dans la bande de Gaza, une zone très éprouvée par la pauvreté, les restrictions (quelques heures d’électricité par jour), les guerres et le blocus. C’est ce qui avait poussé, début 2018, des milliers de Palestiniens à manifester tous les vendredis contre ce blocus imposé par Israël à la région depuis la prise de pouvoir de la bande de Gaza par le mouvement islamiste Hamas. Mais cette «Grande Marche du retour» initiée dans l’enclave palestinienne était violemment réprimée par les autorités israéliennes.

Après l’arrivée au pouvoir en 2007 du Hamas, la situation économique s’est dégradée à Gaza et a conduit à la scission de l’autorité palestinienne entre le Fatah de Mahmoud Abbas (issu de l’OLP, créé dans les années 1990 et reconnu par Israël) et le Hamas (issu de la mouvance des Frères musulmans), qui a choisi la radicalité. Cette situation n’a pas favorisé le processus de paix avec Israël.

Cela a aussi entraîné nombre de confrontations entre le Hamas et le territoire israélien, bien qu’en 2021, Israël ait décidé d’alléger la frontière entre Israël et Gaza. Une nouvelle vague de violences embrasait en effet Israël et les territoires palestiniens en mai 2021. Cet important regain de tension était finalement freiné par un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, après onze jours d’hostilités. Mais en l’absence de réel processus de paix, de multiples et régulières tensions ont continué à émailler les relations entre Israël et son voisin.

En 2022, de nouveaux attentats visaient Israël, puis une nouvelle flambée de violences secouait les deux rivaux après l’arrestation de l’un des chefs du Jihad islamique et Tsahal lançait l’opération «Aurore». Principal groupe islamiste armé palestinien après le Hamas, le Jihad islamique se livre depuis sa création en 1981 à une lutte armée contre Israël, principalement à Gaza, mais également en Cisjordanie. En effet, l’organisation, considérée proche du Hamas (ces mouvements sont tous deux soutenus par l’Iran), refuse toute négociation avec Israël et rejette les accords d’Oslo.

Si Israël affichait de nouveau son intention de tendre vers une solution à deux États «pour deux peuples» (à la condition que l’État palestinien soit pacifique), pour le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Tel Aviv mettait délibérément à mal cette solution en agissant « en toute impunité » dans les territoires occupés, ce, afin d’imposer par la force un statu quo défavorable à la paix. Israël poursuivait en effet sa campagne de colonisation des territoires palestiniens, étendant ainsi un territoire dont la légitimité des frontières devenait difficile à déterminer. En outre, le maintien au poste de Premier ministre de Benyamin Netanyahou, porteur d’un fort nationalisme, renforçait l’idée d’une difficile avancée vers la paix.

Israël était mené par un gouvernement d’extrême droite aux opinions relativement radicales qu’une partie des Israéliens ne suivait pas. Pour qualifier la politique du Premier ministre israélien (utilisation systématique et intentionnelle de l’intimidation, de la coercition et du contrôle des populations civiles à des fins politiques économiques ou idéologiques), d’aucuns évoquent une forme de terrorisme d’État, bien que ce type d’exactions ne soit pas nouveau (ex: massacre de Sabra et Shatila de 1982). En effet, Israël prévoit par exemple de sanctionner toute une famille pour les crimes présumés commis par l’un de ses membres; aussi, par une décision de 2023, les papiers d’identité étaient révoqués dans les familles accusées de soutenir le terrorisme et leurs habitations devaient être démolies. Ainsi, cela instaurerait un climat général de violence et d’insécurité.

De plus, la politique américaine, salutaire pour Israël, a été défavorable aux Palestiniens (ex: reconnaissance de l’annexion du Golan et de Jérusalem comme capitale d’Israël en 2017), qui ont été isolés sur la scène internationale, notamment par les accords d’Abraham.

Le Conflit ravivé

Le 7 octobre 2023, le Hamas lançait une attaque sans précédent sur le sol israélien depuis la création de l’Etat hébreu (opération « Déluge d’Al-Aqsa »).

Né en 1987, le Hamas s’est progressivement radicalisé après les accords d’Oslo en raison de l’absence d’amélioration de la vie des Palestiniens (contrôle accru de la population, accentuation des restrictions de déplacement). L’organisation est financée depuis de nombreuses années par la Turquie, l’Iran et le Qatar, un allié de l’Occident (base américaine d’al-Udeid sur son sol) qui s’était montré réticent aux accords d’Abraham et au rapprochement irano-saoudien. L’Iran intervient ainsi indirectement dans le conflit, ayant soutenu pendant des années le Hamas et traditionnellement affiché son soutien aux peuples qu’il considère opprimés. Le pays apporte également une aide militaire au Jihad Islamique palestinien et au Hezbollah, qui finançait aussi le Hamas.

C’est ainsi que Tel Aviv a débuté une vaste offensive à Gaza, puis dans le nord de la Cisjordanie occupée. Des bombardements ont été menés nuit et jour, aidés de programme d’intelligence artificielle, de snipers et de drones qui ont conduit à la destruction d’une grande partie des habitations de l’enclave palestinienne, rendant «inhabitable» la bande de Gaza (selon la Cnuced). De même, l’opération menée dans le nord de la Cisjordanie, qualifiée « d’antiterroriste », entraînait des destructions massives.

Les critiques internationales n’ont cessé de s’intensifier face aux bombardements israéliens à Gaza, jugés particulièrement violents par les Gazaouis comme pour de nombreux observateurs. Ainsi, face à l’ampleur et l’intensité de la riposte israélienne, d’aucuns dénonçaient un nettoyage ethnique mené contre la population gazaouie. Des protestations populaires ont ainsi eu lieu un peu partout dans le monde (ex: universités américaines), dénonçant notamment le blocus imposé par Israël sur l’aide humanitaire, les conditions de détention proches de la torture au sein du camp d’internement du désert du Néguev ou encore l’interdiction faite aux journalistes d’entrer dans l’enclave palestinienne. C’est dans ce contexte, en soutien à la population palestinienne et pour promouvoir la paix, que certains Etats (ex: Espagne, Irlande) reconnaissaient l’Etat palestinien. De son côté, l’Afrique du Sud saisissait la Cour Internationale de Justice pour faire reconnaître l’existence d’un génocide à Gaza. Dans ce droit fil, un mandat d’arrêt était requis en 2024 par la Cour pénale internationale contre certains membres du Hamás et contre Benjamín Netanyahu pour crime de guerre et crime contre l’humanité.

Depuis la création de l’Etat d’Israël, les multiples condamnations de l’ONU à l’encontre des actions israéliennes contre les Palestiniens sont toujours restées vaines.