Israël et Palestine

Des années après les accords d’Oslo, le conflit israélo-palestinien occupe toujours une place importante dans la politique internationale.

Bref historique du conflit

Les premières tensions sont nées de la déclaration Balfour de 1917, par laquelle les Britanniques proposaient l’établissement d’un « foyer national juif ». La création de l’Etat d’Israël n’a pourtant été effective qu’en 1947, lors du partage établi par l’ONU. Ce partage, qui a conduit à l’installation massive de Juifs sur le territoire palestinien, a provoqué la colère des Palestiniens et des Etats voisins. C’est dans ce contexte que les différentes revendications territoriales ont entraîné une longue série de conflits opposant les intérêts juifs aux intérêts palestiniens.

En 1967, la guerre des Six-Jours permettait à Israël de prendre le contrôle des Territoires Palestiniens. Depuis, le pays occupe et contrôle militairement la Cisjordanie, une partie du Golan et Jérusalem-Est.

Mais ce conflit a également impliqué certaines puissances occidentales, qui se sont immiscées dans sa résolution. De nombreuses tentatives d’apaisement ont été effectuées sous l’égide des Etats-Unis ou encore sous l’impulsion française, voire russe. Ainsi étaient conclus en 1993 les accords d’Oslo permettant la reconnaissance mutuelle des deux territoires et devant amener à la création d’un Etat palestinien. Malgré cela, les conflits ont rapidement repris et aujourd’hui encore, les tensions ne se sont pas apaisées et les affrontements persistent. La guerre de l’été 2014 avait ainsi démontré que la paix restait lointaine.

Durant l’été 2014, un conflit armé a opposé Israël à des forces palestiniennes. Pour certains observateurs, cette relance du conflit israélo-palestinien résultait de la volonté d’Israël d’empêcher la bonne marche du gouvernement palestinien d’union nationale formé en 2014 par un accord entre le Fatah et le Hamas.
Et la réélection de Benyamin Nétanyahou en 2015 avait terni les espoirs de paix entre les deux territoires. Et en effet, plusieurs attaques palestiniennes ont ensuite été menées à Jérusalem, et la colonisation israélienne s’est poursuivie. Les constructions de logements se sont multipliées, tout comme les destructions de maisons palestiniennes (notamment celles des auteurs d’attaques anti-israéliennes).
La colonisation est ancienne. Les colons israéliens occupent en effet la région du Golan depuis 1967 et ont créé des avant-postes en Cisjordanie dès les années 1990. Ces derniers ont été établis sans autorisation, mais par la suite financés par l’Etat israélien, voire légalisés à posteriori. L’Etat hébreu a aussi validé la construction de nombreux logements dans des colonies de Cisjordanie dans les années qui ont suivi et les nouvelles constructions se sont multipliées ces dernières années malgré la condamnation de l’ONU en la matière (plus de 15000 logements approuvés par Israël entre 2016 et 2018).
Pourtant, en 2017, le Hamas modifiait pour la première fois de son histoire son programme politique, acceptant notamment un Etat palestinien limité aux frontières de 1967.
La Palestine, récemment membre de la Cour pénale internationale, avait affiché son intention d’y faire juger des dirigeants israéliens, notamment pour les violations des lois humanitaires lors de l’opération israélienne «Bordure protectrice» en 2014.
Mais cela n’a pas empêché de nombreux regains de tensions avec Israël, qui, en 2018 adoptait une loi controversée définissant Israël comme “l’Etat-nation juif”, stipulant que l’hébreu devenait la seule langue officielle du pays, reléguant ainsi les Arabes israéliens au rang de citoyens de seconde zone. En outre, Israël a continué à ériger des murs à ses frontières afin de se protéger.
En 2018, Israël construisait un mur à la frontière libanaise, après l’avoir fait le long de la frontière égyptienne, autour de la bande de Gaza et de certains territoires de la Cisjordanie. Israël a ainsi construit une «clôture de sécurité» le long de la «ligne verte» d’armistice, reconnue par l’ONU et qui sépare le pays des territoires occupés en 1967.

Puis, de vives tensions sont réapparues l’année suivante dans la bande de Gaza, une zone très éprouvée par la pauvreté, les restrictions (quelques heures d’électricité par jour), les guerres et le blocus.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2007, le Hamas n’est pas parvenu à offrir de bonne conditions de vie dans la bande de Gaza. Au contraire, la situation économique s’est dégradée dans cette zone touchée par la pénurie d’électricité et d’eau potable, mais aussi par le chômage.

C’est ce qui avait poussé, début 2018, des milliers de Palestiniens à manifester tous les vendredis contre ce blocus imposé par Israël à la région depuis la prise de pouvoir par le mouvement islamiste Hamas de la bande de Gaza. Mais cette «Grande Marche du retour» initiée dans l’enclave palestinienne était violemment réprimée par les autorités israéliennes, et causait la mort de dizaines de manifestants. Cela a aussi entraîné nombre de confrontations entre le Hamas et le territoire israélien: des militants liés au Hamas ont quotidiennement envoyé des ballons incendiaires vers leur ennemi. Toutefois, constatant en 2021 qu’aucun ballon incendiaire n’était plus lâché depuis Gaza, Israël décidait d’alléger la frontière entre Israël et Gaza; commerçants et hommes d’affaires palestiniens venus de cette zone étaient alors autorisés à circuler, tout comme le matériel destiné aux infrastructures humanitaires à Gaza.

Le Conflit aujourd’hui

Les implications étrangères

Les vives tensions entre Israël et la Palestine ont été tantôt apaisées, tantôt attisées par les puissances étrangères, à commencer par les Etats-Unis. L’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche avait en effet renforcé les tensions puisque les Etats-Unis ont alors reconnu l’annexion du Golan, et reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël en 2017 avant d’y transférer leur ambassade l’année suivante. La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël rompait avec la politique américaine traditionnelle et des décennies de consensus international, la communauté internationale s’accordant sur l’idée que le sort de cette ville doit être fixé par un accord de paix final.

Puis, le président Trump a relancé l’idée d’une solution à deux Etats, 25 ans après les accords d’Oslo. En se plaçant du côté d’Israël, la politique américaine a modifié l’orientation du conflit. Cela a en effet isolé les Palestiniens de la scène internationale, eux qui ont ensuite été encore un peu plus isolés après la signature des accords d’Abraham.

La ligne ainsi créée en opposition à l’Iran a fait voler en éclat le consensus de la Ligue Arabe qui depuis 2002 conditionnait la normalisation des relations avec Israël à la résolution du conflit israélo-palestinien et à la fin de l’occupation. La Palestine a donc très mal reçu ces accords et rompu ses liens avec Israël; Mahmoud Abbas avait alors notamment qualifié la normalisation des relations entre les Emirats et Israël de «trahison». Et pour cause, sans le soutien des pays arabes, les revendications de la Palestine trouvent en effet moins d’écho sur la scène internationale.

Mais le conflit israélo-palestinien implique aussi des puissances régionales comme les Emirats — dont le rapprochement avec l’État hébreu pouvait lui permettre de jouer un rôle entre Israël et la Palestine—, l’Egypte ou le Qatar (qui par ailleurs finance le Hamas et construit des infrastructures à Gaza). Le Hamas est également financé par le Hezbollah chiite. De son côté, l’Iran intervient désormais peu dans le conflit, après avoir pourtant soutenu pendant des années le Hamas et traditionnellement soutenu les peuples qu’il considère opprimés.

Un conflit persistant

Si certains signes montraient une relative reprise du dialogue (reprise des liens sécuritaires et financiers), le conflit entre les deux territoires demeure vivace. De multiples et permanentes tensions émaillent encore les relations entre Israël et son voisin. L’Etat hébreu a en effet poursuivi sa politique de colonisation, notamment en tentant l’annexion de la Cisjordanie en 2020. De plus, les constructions dans les colonies israéliennes de Cisjordanie se sont multipliées.

En 2021, le gouvernement du Premier ministre Naftali Bennett autorisait la colonisation en Cisjordanie par des citoyens israéliens ainsi que la construction de logements destinées aux Palestiniens dans la Zone C. Or ce secteur de Cisjordanie est placé sous contrôle administratif et sécuritaire israélien conformément aux accords d’Oslo.

Puis, une nouvelle vague de violence embrasait Israël et les territoires palestiniens en mai 2021. Après des semaines de tensions et de heurts entre police israélienne et Palestiniens à Jérusalem, l’escalade se poursuivait avec des tirs de roquettes de Gaza vers Israël et de violentes frappes de l’État hébreu contre le Hamas. Cet important regain de tension, qui a causé la mort de plusieurs centaines de Palestiniens et plusieurs dizaines d’Israéliens, a finalement été freiné par un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, après onze jours d’hostilités. Mais ce conflit a également provoqué d’importants dégats matériels. Les Nations unies, ainsi que plusieurs pays, ont donc annoncé aider financièrement à la reconstruction de Gaza.

Cette résurgence de la violence s’inscrivait dans un contexte de vide politique, tant du coté palestinien que du côté israélien, mais aussi d’absence de réel processus de paix.

Depuis la victoire du Hamas dans la bande de Gaza aux élections de 2006, l’autorité palestinienne est scindée en deux, entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas (issu de la mouvance des Frères musulmans), qui a choisi la radicalité. De son côté, le Fatah, issu de l’OLP, avait été créé dans les années 1990 et reconnu par Israël.

Et si, en 2021, Israël s’est doté d’un nouveau gouvernement mené par l’ancien ministre de la Défense Naftali Bennett, cela n’a pas empêché l’apparition d’autres incidents. L’aviation israélienne a en effet notamment ciblé le Hamas dans la bande de Gaza après des lancers de ballons incendiaires vers Israël. Elle menait également des raids aériens au Liban et en Syrie contre des positions pro-iraniennes.