Colombie

En 2016, un accord historique était signé entre le gouvernement et la guérilla des FARC pour mettre fin à plus de 50 ans de conflit qui a causé des milliers des morts. Mais en dépit d’un apaisement et de mesures de réinsertion des anciens guérilleros, il n’y a pas eu de réelle pacification.

Les guérillas dissidentes des FARC ainsi qu’un groupe rebelle (Armée de libération nationale, ELN) ont continué à se battre avec les troupes colombiennes dans un conflit impliquant notamment des trafiquants de drogue.

Contexte historique

Dès son indépendance en 1819 vis-à-vis de l’Espagne, la Colombie a été malmenée par de nombreuses tensions (au 19e siècle entre bolivaristes et santandéristes, puis entre conservateurs et libéraux, etc.). Plusieurs guerres civiles ont également émaillé l’histoire du pays avant qu’un arrêt des dissensions partisanes ouvre la voie à quatre décennies de paix.

Ainsi, le début du 20e siècle a offert à la Colombie une stabilité politique favorable à un certain développement économique. Mais dans les années 1950, ce climat va être terni par la guerre civile et la succession de guérillas qui torpillent l’autorité et les infrastructures de l’État dans le but de parvenir à prendre le pouvoir grâce au ralliement des masses populaires.

Cependant, la nouvelle Constitution de 1991 marquera un tournant en proclamant un «État social de droit» reconnaissant la diversité ethnique et culturelle du pays et instaurant un organe judiciaire indépendant ainsi qu’une Cour constitutionnelle. Malgré cela, la Colombie va voir renaître les conflits, notamment entre narcotrafiquants et FARC.

Le trafic de drogue occupe une place importante en Amérique latine. En effet, la Colombie est le premier producteur de coca au monde.
C’est pour tenter d’affaiblir ces mouvements armés que dans les années 2000, le président Álvaro Uribe Vélez va soutenir un important effort de guerre (aidé par les États-Unis dans le cadre du Plan Colombia) en modernisant l’armée et en menant des offensives qui vont affaiblir les guérillas. Si cela n’a pas permis d’instaurer la paix, des années plus tard, la Colombie est toutefois finalement parvenue à sortir de plusieurs décennies de guerre civile avec les FARC. Ainsi, un début d’essor économique a pu accompagner la paix civile. De plus, la Colombie a toujours progressivement consolidé sa démocratie en dépit des violentes conflictualités.

Situation actuelle

En 2021, la Colombie a été ébranlée par plusieurs mouvements de contestation. Les manifestant dénonçaient projet d’augmentation de la TVA et d’élargissement de la base de l’impôt sur le revenu. Puis, les motifs de contestation se sont multipliés. En effet, malgré le retrait du projet, la violente répression policière à laquelle les manifestants ont fait face les conduit à dénoncer la stratégie sécuritaire de l’Etat colombien. En effet, les protestations sociales ont occasionné des dizaines de morts et la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH), tout comme l’ONU, se donnait pour tâche d’enquêter sur les violences commises par les forces de l’ordre.

Mais les Colombiens ont également pointé du doigt leurs difficultés économiques et réclamé des mesures de justice sociale, notamment un meilleur accès à l’éducation et à la santé. Et pour cause, dans le pays le plus inégalitaire d’Amérique latine, 40% de la population se trouvait en 2021 sous le seuil de pauvreté.

Les effets positifs issus de la récente paix civile ont en effet été fragilisés par l’accueil de nombreux réfugiés vénézuéliens, puis par les mesures prises en raison de la pandémie en 2020. La crise a accentué les inégalités sociales, et l’augmentation de la taxe sur les produits de consommation a constitué, dans ce contexte, l’étincelle de la contestation. Les classes moyennes ne voient en effet pas leur situation s’améliorer alors que le pays a bénéficié d’une bonne croissance économique. Quant à la situation sécuritaire, des années après que des milliers de combattants des FARC aient déposé les armes, elle demeure précaire.

L’accord de paix signé en 2016 a permis aux guérilleros démobilisés de travailler la terre et aux anciens chefs de siéger au Congrès. Beaucoup de régions ont en outre renoué avec la paix.

Une dissidence armée grossissait en effet progressivement ses rangs, recrutant parmi les plus pauvres. Ainsi, certaines régions, difficiles d’accès, étaient en 2021 de nouveau contrôlées par de violents groupes armés. Les assassinats ciblés d’anciens combattants des FARC et des centaines de représentants sociaux augmentaient.