Hegel

Enseignant en philosophie, Friedrich Hegel (1770-1831) a élaboré une pensée abstraite, parfois difficilement accessible (La Phénoménologie de l’esprit).

Sur la conscience

La conscience sensible est le plus bas degré de conscience de l’homme ; ce dernier croit avoir une véritable connaissance de l’objet rien qu’en l’appréhendant de façon sensible (je sens que je tiens un crayon). Mais ce « savoir immédiat » connait la désillusion car il permet seulement de dire que l’objet « est ».

  • La parole permet d’élever la sensation, l’univers sensible, à l’univers du sens.

La conscience connait donc la déception : l’immédiat n’existe pas, et la chose sensible s’efface avec l’expérience, qui nous contraint à l’abandonner.

  • L’immédiateté de notre rapport au monde est abandonnée par l’expérience : le langage structure le monde, et ainsi, on ne peut voir sans interpréter.

Hegel montre comment l’esprit se détache progressivement de ses illusions et parvient à la conscience de lui-même. Il distingue ainsi les différents moments de la conscience.

  • Le premier moment de la conscience, c’est la sensation : l’esprit ressent quelque chose (ex : la peur). Le second moment de la conscience, c’est la perception : l’esprit prend conscience. Le troisième moment est la connaissance. Le quatrième est la raison.

Sur la compréhension du monde

La philosophie est née des tensions inhérentes à l’humanité : elle existe seulement pour discuter des malheurs, des conflits présents dans le monde. La philosophie doit avoir pour objectif de réparer les oppositions.

  • La philosophie doit permettre de réunir, d’unifier les oppositions. Il lui faudra comprendre les tensions (comprendre le monde) et en saisir les raisons.

Le monde doit être saisi comme une totalité.

  • Comprendre le monde, c’est l’appréhender par l’usage de la raison. Tout ce qui existe est rationnel.

Sur l’histoire

Pour comprendre le monde, il faut en saisir la dimension historique. L’esprit se développe au cours de l’histoire ; l’histoire est celle de l’esprit.

Ainsi, pour comprendre le monde, il faut appréhender l’histoire dans ce qu’elle contient le progrès. Il faut donc saisir l’ensemble des conflits qui ont participé à l’histoire.

  • Nous devons saisir l’histoire de façon rationnelle.

L’histoire est donc guidée par la Raison : « l’idée est en vérité ce qui mène les peuples et le monde, et c’est l’Esprit, sa volonté raisonnable et nécessaire, qui a guidé et continue de guider les évènements du monde ».

  • L’histoire résulte des idées, qui déterminent le monde réel.

Il y aurait une Raison universelle, qui déterminerait le cours des évènements ; ainsi les héros de l’histoire seraient utilisés par la Raison universelle pour faire avancer l’histoire.

  • Par exemple, Napoléon, utilisant la puissance de sa passion, a transformé l’Europe (« Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion »).
  • La raison se sert des hommes, de leurs passions, pour faire avancer l’histoire : « la ruse de la raison » selon Hegel.

Sur le travail du négatif

En prenant pour exemple le bourgeon de la fleur, Hegel montre le dépassement des choses : le bourgeon (la thèse), source de la fleur mature, va disparaitre progressivement pour qu’il ne reste plus que la fleur (l’antithèse).

  • Il y a un dépassement, une négation du bourgeon qui disparait pour laisser la place à la fleur. Il existe donc une contradiction, mais elle est indispensable : elle est le moteur de l’histoire.

Sur l’Etat

L’Etat incarne la raison : c’est l’esprit qui organise de la société civile ; il est la raison réalisée. Hegel montre ainsi les règles de fonctionnement de l’Etat moderne.

  • Hegel prend pour modèle d’Etat achevé l’empire germanique.
  • Il considère que beaucoup de conflits seront nécessaires avant que n’apparaisse un Etat mondial, dans lequel chacun pourra se reconnaitre.