Heidegger

Professeur succédant à Husserl, Martin Heidegger (1889-1976) a démissionné de sa place de recteur en 1934, alors que le nazisme s’installait en Allemagne. Il a été reconnu notamment grâce à Etre et temps (1927), Chemins qui ne mènent nulle part (1950).

Sur l’existence et de l’être

Dans Etre et Temps, Heidegger renouvelle la question du sens de l’être ; que signifie ce mot « être » que nous utilisons partout et pour tout ?

  • Il faut distinguer le verbe « être » de l’ « être » lorsqu’on parle d’un être. Aussi, lorsque l’on parle d’existence, on pense à l’existence humaine ; or, le terme d’existence s’applique à tout ce qui nous entoure.

Heidegger fait ainsi une distinction entre l’être et l’étant. Dans la vie quotidienne, nous oublions la question de l’être : toute chose est là où elle doit être.

  • Lorsqu’un objet que nous utilisons casse, il révèle son être. L’objet n’est plus défini par l’usage que l’on en a, l’étant, mais renvoie à l’être. Ainsi, quand une personne meurt, les hommes se retrouvent face à la fragilité de l’existence ; la question de l’être devient alors centrale.

L’homme est le seul des étants à penser l’être : lui seul éprouve l’angoisse du néant, du non-être.

Heidegger montre que l’idéal d’objectivité créé par la science occulte la question de l’être. Il pose sa réflexion sa question de l’être dans la tradition métaphysique, scientifique et technique.

  • Le nihilisme, « mouvement fondamental de l’histoire de l’Occident », né du déferlement technique, « ne saurait entraîner autre chose que des catastrophes mondiales ».

Sur le temps

Puisque l’existence humaine (Dasein) est la seule à avoir un rapport au temps (ouverture de l’homme au futur), l’homme doit rester ouvert à l’avenir.

  • Il est nécessaire de conserver le questionnement du sens de l’être pour mener une existence authentique ; l’homme ne doit pas tomber dans la banalité quotidienne, qui contribue à rendre son existence inauthentique.

Le Dasein est un être purement temporel.

  • Il est le seul à se projeter dans l’avenir. Les autres étants sont bloqués dans le présent, ils subissent la mort, mais ne peuvent l’appréhender.
  • Par son rapport au temps, le Dasein peut choisir parmi tous les possibles et assumer ses choix : il doit choisir ce qu’il fera dans son existence.

Menant une existence temporelle, l’homme n’est jamais « là », mais jeté en avant : c’est ce que Heidegger nomme l’ « ekstaticité temporelle ».

  • Le Dasein n’est jamais acquis une bonne fois pour toute, il avance.
  • La mort est de l’ordre de la possibilité, et de l’impossibilité (rien ne sera plus possible) : elle ouvre à l’existence comme possible.

L’homme, par son existence humaine, n’est pas dans le monde, mais au monde ; le monde n’est pas une entité extérieure dans laquelle se trouve l’homme car ce dernier y habite, le bâtit.

Sur la vérité

Le Dasein, l’ « être-là », est ouvert à la multitude des étants du monde ; il est ouvert à la vérité des étants, qui se dévoilent par lui.

  • A la différence d’Aristote qui considérait les propositions vraies ou fausses, Heidegger montre que les choses sont, tout simplement : c’est seulement le discours sur les choses qui peut être vrai ou faux.

Alors que la vérité est généralement considérée comme l’adéquation de l’esprit à la réalité, Heidegger montre que c’est l’esprit qui lui-même qui juge de l’adéquation à la réalité.

  • Ainsi, l’esprit est juge et partie ; or la vérité doit venir de la réalité, non du jugement porté sur cette réalité. Il ne peut par conséquent y avoir de représentation adéquate du réel.

La vérité de l’être est oubliée par la science et la technique. Tout est calculable et instrumentalisable ; l’homme lui-même est perçu comme technique.

  • En allant jusqu’à l’extrême conséquence des folies techniciennes, l’homme va nécessairement revenir à la question de l’être.