Une difficile définition
Le terme de nation a évolué au cours des siècles. A l’époque
médiévale, la nation correspondait à un groupe d’homme ayant une
origine commune. Aujourd’hui, la nation comprend un ensemble de
choses ; cet ensemble conduit à la constitution d’un sentiment
d’appartenance commune. La nation, et donc ce sentiment peut se
transmettre ; elle est donc transmise de générations en
générations. C’est donc bien la volonté de vivre ensemble du peuple
formant une nation qui permet de la faire perdurer. On comprend
alors qu’il existe nécessairement un long parcours afin de parvenir
à la nation, alors résultat historique.
Selon Ernest Renan (lors de la conférence de 1882 intitulée
"Qu’est-ce qu’une nation ?"), la nation apparait donc comme un
résultat historique, « une âme, un principe spirituel ». Herder
quant à lui propose une définition de la nation fondée sur le sol
et la langue commune. Enfin, Fichte évoque lui aussi la langue en
démontrant son importance, mais donne également au peuple son
importance dans la constitution d’une nation.
Si les conceptions sont donc variables, certaines données
objectives permettent néanmoins de définir une nation. On compile
alors certaines notions que sont l’ethnie, la langue, la religion,
la culture, le territoire et l’Etat. La réalité n’est pas si simple
puisque certains Etats ont par exemple plusieurs langues (Suisse)
en leur sein.
La notion est donc difficile à appréhender, et on comprend bien
qu’il s’agisse finalement plus d’une construction politique pour
assurer la cohésion sociale que d’une véritable notion juridique.
Aussi, certains partisans de la lutte des classes estiment que la
nation cache les conflits d’intérêts opposant les classes sociales,
et qu’il n’y a donc pas de véritable sentiment national qui anime
l’ensemble d’un peuple.
La constitution d’une nation
La construction s’établit nous l’avons vu au travers d’une
histoire ; il s’agit bien d’un résultat historique. La création
d’une nation a parfois été nécessaire pour conduire à l’unité ; ce
fut le cas lors de la Révolution française, alors que les
révolutionnaires crient « vive la nation », tandis que la monarchie
vient d’être renversée. Cet exemple montre la nécessité d’une
évolution historique qui fini par rassembler un peuple.
Le résultat historique conduisant à la constitution d’une nation
s’introduit de plusieurs manières : il peut s’agir de la succession
de dynasties monarchique (France), ou encore d’une volonté d’union
de territoires… En France et en Angleterre, c’est notamment avec la
centralisation que le sentiment nationaliste s’affirme ; mais c’est
surtout avec la guerre de Cent ans qui rapproche les peuples.
L’idée naissance de cette notion entraine des conséquences
importantes. Le principe des nationalités permet d’établir un
équilibre politique en Europe. Mais l’idée de créer une nation
n’est pas seulement européenne, et les pays colonisés vont voir
renforcé le nationalisme de leurs habitants. Le nationalisme a
ainsi conduit à une décolonisation massive, et à l’apparition de
nouveaux Etats.
Nation et Nationalisme
Si le nationalisme a conduit à la décolonisation, le terme
dispose parfois d’une connotation inquiétante. Le sentiment
nationaliste est souvent désormais attaché à un refus d’ouverture
vers d’autres peuples, à un sentiment de haine envers eux, et à un
renfermement du peuple sur lui-même. Mais le nationalisme diffère
de notions proches telles que le patriotisme, qui pourraient
conduire à penser que le nationalisme engendre une certaine
violence.
On peut simplement considérer que le nationalisme repose sur la
volonté d’un peuple d’obtenir un territoire commun et son identité
propre.
L’histoire illustre le nationalisme développé dans nombre de
pays. En France par exemple, dans les 1880s, un esprit nationaliste
apparait avec la volonté de revanche sur l’Allemagne liée à la
perte de l’Alsace et de la Lorraine en 1870. On perçoit bien l’idée
d’un ennemi commun, renforçant le nationalisme des peuples. Le
nationalisme ambiant de cette période sera entretenu par le journal
L’Action Française. C’est ensuite avec l’affaire Dreyfus, que les
nationalistes vont véritablement se structurer ; ils regroupent
alors des royalistes, des antisémites, ou encore des
bonapartistes.
Il existe plusieurs types de nationalismes :
- Régionaliste (bretons, corses)
- Indépendantiste (décolonisation)
- Nationalisme européen (favorable à la création d’une nation
européenne)
- Traditionnel (Etats nation)
- Séparatistes (québécois, écossais)
La nation comme concept juridique
Le terme de nation ne comporte aucune définition juridique.
Cependant, les textes fondateurs de la République française y font
référence. L’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme et
du Citoyen stipule ainsi que : "le principe de toute Souveraineté
réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne
peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément."
La nation est donc devenue la source de tous les pouvoirs. En
effet le peuple détient la souveraineté, et c’est par le biais de
la nation qui s’est constitué qu’il la détient ; le peuple
constitue ainsi un corps politique qui s’exprime par ses
représentants. L’idée de nation en lien avec l’Etat lui-même vient
donc du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. On parle ainsi
aujourd’hui d’Etat nation ; on fusionne donc le principe de
nationalité d’une part, avec le mode de gouvernement d’autre
part.
La fin de la nation
La nation n’est pas perpétuelle. C’est ce qu’Ernest Renan évoque
lors de sa conférence précédemment citée : « les nations ne sont
pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La
confédération européenne, probablement, les remplacera ».