Le baroque
Grand mouvement s’épanouissant dans de nombreux domaines
(peinture, littérature, musique, etc.), le baroque s’étend à la
poésie, au théâtre et au roman.
La poète baroque est un solitaire qui relate ses sentiments et
rêve d’écrire librement ; l’écriture est subtile et raffinée,
évoquant les amours impossibles en utilisant des images. Il évoque
aussi leur peur de la mort, la fragilité humaine et le caractère
éphémère de la vie. La poésie baroque est ainsi marquée par la
conscience de l’instabilité du monde et des hommes et par la
nature.
Le théâtre baroque met en scène des amours contrariés faisant
état de retrouvailles, de séparations, etc., mais n’hésite pas à
mettre en avant des scènes violentes (morts, sang). Il utilise les
faux-semblants et les jeux de masques, tel que Clindor dans
L’Illusion comique de Corneille. Il ne respecte pas les règles de
la bienséance.
Le roman baroque se fonde également sur l’instabilité du monde,
mais adopte un point de vue satirique. On peut citer Scaron et son
Roman comique, qui relate les aventures de comédiens dans une vie
provinciale caricaturale.
Le roman et la poésie précieuse
La préciosité est un art de vivre de l’époque ; née dans les
salons mondains, elle recherche le raffinement dans tous les
domaines. C’est ainsi que naitra la mode des salons, remplis par
les femmes de la noblesse puis par celles de la bourgeoisie ; ils
permettent d’évoquer les thèmes littéraires (jeux littéraires comme
les énigmes, ou présence d’écrivains comme Corneille). Le poète
Voiture fut un personnage important de ces salons en raison de son
humour spirituel et raffiné.
Les poèmes précieux sont pleins de subtilités de langage. Les
romans quant à eux explorent de nouvelles façons d’aimer, de
nouvelles façons de concevoir l’amour (L’Astrée, H. d’Urfé).
Classicisme
Théâtre
Les théoriciens, s’inspirant des Arts poétiques d’Aristote et
d’Horace, fixent les règles du théâtre classique, celles des trois
unités : unité de temps (la durée de doit pas dépasser 24h), unité
de lieu (l’action se situe dans le même lieu), unité d’action (une
seule intrigue). Les bienséances doivent également être respectées,
tout comme la vraisemblance.
Racine et Corneille ont marqué les grandes tragédies de
l’époque. Ils diffèrent l’un de l’autre en ce que le premier «
décrivait les hommes tels qu’ils sont. », alors que Corneille les «
décrivait tels qu’ils devraient être ».
- Corneille : ses personnages sont confrontés à des cas de
conscience, tiraillés entre leur honneur et leur bonheur,
manifestant ainsi sa croyance dans la grandeur de l’homme. Il écrit
Le Cid (Rodrigue et Chimène doivent venger leur père) ou encore
Cinna (Emilie veut venger leur père). Ses héros doivent accomplir
quelque chose de noble, de vertueux. Ils ont une volonté à toute
épreuve, marquée par le dévouement. Corneille aime jouer avec les
oxymores, comme il le fait dans le Cid : « Cette obscure clarté qui
tombe des étoiles ».
- Racine : marque ses pièces par sa vision tragique du monde et
la faiblesse des hommes, aveuglés par leurs passions (Phèdre,
obsédée par son amour provoque des actions déraisonnées). Il a
écrit Andromaque ou encore Britannicus. Racine met en scène des
personnages plus naturels que jamais ; il montre la compassion,
l’émotion (« la principale règle est de plaire et de toucher »). On
voit à travers ses pièces la terreur, la faiblesse de l’homme.
Racine ne fait pas rêver, mais il dresse un portrait humain.
- Molière (Jean Baptiste Poquelin) : reprend les caractéristiques
de la farce tout en y ajoutant une note satirique pour montrer les
excès et les absurdités de la société contemporaine (hypocrisie,
avarice). Il a écrit de grandes œuvres comme Les précieuses
ridicules, L’Ecole des femmes, Dom Juan, Le Médecin malgré lui, Le
Bourgeois gentilhomme, L’Avare ou encore Le Malade imaginaire. La
Comédie française a rendu hommage à son œuvre (sur le buste à son
effigie, « Par sa clarté, son bon sens, sa vérité et sa gaieté, il
est un des représentants les plus caractéristiques du génie
français ».
Roman
François de la Rochefoucauld écrit ses Mémoires. Par ses œuvres,
il montre les vices humains.
- Evoquant la sincérité, il dit que « celle que l’on voit
d’ordinaire n’est qu’une fine dissimulation pour attirer la
confiance des autres ». De même, il dit que « L’intérêt parle
toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages,
même celui de désintéressé ».
Madame de la Fayette écrit La Princesse de Clèves, considéré
comme l’un des premiers romans français. Il s’agit d’un roman
psychologique, à la base duquel se trouve la description de la
société aristocratique de l’époque.
- L’ouvrage marque un tournant dans l’histoire du roman français
en ancrant la fiction dans un contexte historique.
Les moralistes
Plusieurs auteurs de l’époque cherchent à comprendre et à
montrer l’homme tel qu’il est.
- La Fontaine : célèbre pour ses Fables, inspirées des fables
d’Esope, il utilise les animaux pour dépeindre avec lucidité les
défauts humains, en dénonçant la violence ou encore l’hypocrisie.
La Fontaine manie les mots et les phrases avec une grande aisance :
il écrit des vers gais, mais aussi des vers qui expriment une
profonde tristesse. Il utilise des styles particuliers, pour
exprimer la déception ou ajouter de l’humour. Les morales de ses
Fables sont parfois ambigües voire contradictoires. Jean de la
Fontaine a été admiré par nombre de ses contemporains (Madame de
Sévigné trouvait ses fables « divines »).
- Pascal : dans ses Pensées, il s’attache à évoquer la « misère
de l’homme sans Dieu », qui s’évade par le divertissement pour
éviter de s’intéresser à sa condition. L’homme est faible, ce n’est
« qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau
pensant » ; il attache ainsi beaucoup d’importance à la pensée de
l’homme. Par son « esprit de géométrie », Pascal a occupé une place
particulière au sein de la littérature : sa rigueur et sa logique
s’opposent à l’imagination désordonnée. Il a par exemple montré que
les petites choses pouvaient avoir une réelle importance : « Le nez
de Cléopâtre s’il eut été court, toute la face de la terre aurait
changé ».
- Nicolas Boileau : il écrit Art Poétique. Sa poésie se
caractérise par la mesure et l’ordre, ainsi que par la recherche
éperdue de la vérité : « Que toujours le bon sens s’accorde avec la
rime […] Avant donc que d’écrire apprenez à penser. »
- La Rochefoucauld : il révèle l’importance de l’amour-propre et
les fausses vertus de l’homme (« nos vertus ne sont, le plus
souvent, que des vices déguisés »).
- Bossuet, dans les Oraisons funèbres, entend donner des leçons
aux vivants grâce aux morts. Membre de l’Académie française, il
veut donner des leçons de tradition.
- Fénelon quant à lui écrit Télémaque, pour son élève, le duc de
Bourgogne. A la recherche de la paix et du bonheur des hommes, il
séduit ses contemporains.
- Jean de La Bruyère, dans Caractères, expose sa vision de
l’homme, dans ses traits les plus grossiers. Il décrit par exemple
le glouton en exagérant les faits. De même, il montre la vie des
hommes de la campagne dans De l’Homme ; ces hommes semblent être
des animaux, mais « quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils
montrent une face humaine et en effet, ils sont des hommes ».