Dans Outsiders, Howard Becker étudie ainsi les
interactions entre personnes qui pratiquent des actes moralement et
socialement condamnés. Pour cela, il prend l'exemple des musiciens
de jazz fumeurs marijuana. Ceux-ci auraient une « carrière de
fumeur de marijuana »: débutant par une consommation sporadique, le
fumeur deviendra ensuite régulier.
Ainsi, ce concept de « carrière » pourra être appliqué à
différentes pratiques ou comportement déviants (prostituées,
toxicomanes, etc.); cet élargissement va permettre de faire de ce
concept l'un des principaux concepts explicatifs du courant de
l‘interactionnisme symbolique.
C'est dans ce contexte que Becker va étudier la construction
sociale de la déviance, distinguant la déviance primaire (seul fait
de transgresser des normes) de la déviance secondaire
("étiquetage", stigmatisation par autrui). Les déviants sont en
effet finalement désignés comme tels par la société. Il n'existe
pas de déviance en soi donc, mais résulte seulement de
l'application de sanctions ou de règles par des enseignants, des
magistrats ou encore des policiers.
La stigmatisation (concept créé par Goffman)
vient du rejet, de l'octroi du statut de marginal à un individu ou
un groupe. Ces derniers, intériorisent ce rejet et s'écartent du
monde social. C'est ainsi qu'ils vont finir, par prophétie
autoréalisatrice, à s'identifier eux-mêmes comme déviants, adoptant
une posture de marginal.
Mais il suffit ensuite que les règles changent pour que les
déviants ne le soient plus (ex: homosexuels). C'est par exemple le
cas lorsque les médias font davantage de publicité à des faits de
délinquance, ce qui accroît la marginalité des délinquants. Ainsi
les normes sont le fait d'un processus politique; une nouvelle loi
entraîne en effet la constitution d'une nouvelle catégorie de
déviants par la mise en place d'individus chargés de
l'appliquer.