Les pouvoirs partagés impliquent donc que les dispositions
prises soient contresignées par le Premier ministre ; cet acte
révèle son accord, mais le conduit surtout à endosser la
responsabilité des actes. Le président de la République étant
irresponsable, la responsabilité revient aux ministres concernés
par l'acte, ou au Premier ministre. En période normale, le
contreseing s’obtient aisément puisque l’Assemblée Nationale le
soutient ; c’est donc le président de la République qui prend les
décisions et les fait simplement signer. En revanche, en période de
cohabitation, la signature du Premier ministre est plus difficile à
obtenir.
Les attributions partagées sont de nature très diverse :
- Le président de la République nomme et révoque le gouvernement,
sur proposition du premier ministre. Il peut lui demander, en
période normale, de mettre fin aux fonctions d’un ministre.
- Il préside le Conseil des ministres, qui se réunit une fois par
mois. Il ouvre et clôt le débat, et l’arbitre. Il fixe l’ordre du
jour sur proposition du Premier ministre, mais peut décider de ne
pas inscrire un sujet, notamment en période de cohabitation ; cela
lui permet de s’assurer un contrôle de l’action
gouvernementale.
- Il signe les décrets et ordonnances ; il participe donc à la
vie règlementaire et peut décider de signer ou non ces actes
(surtout en période de cohabitation).
- Il nomme les hauts fonctionnaires, aux emplois civils et
militaires (préfets, ambassadeurs, etc.). La nomination a lieu par
décret, en Conseil des ministres pour les fonctions les plus
importantes.
- Il peut convoquer le Parlement en session extraordinaire qui se
réunira pour débattre sur un ordre du jour déterminé, à
l'initiative du Premier ministre ou des députés, la décision finale
appartenant au président de la République (donc soumis au
contreseing).
- Il promulgue les lois, contresignées ensuite par le Premier
ministre pour les rendre applicables. Le président de la République
a 15 jours après le transfert du texte au gouvernement pour les
promulguer et ainsi les mettre en vigueur.
- Le droit de grâce, hérité de la monarchie, lui permet d’alléger
les peines ou de les abréger.
- Il prend l’initiative d’une révision constitutionnelle, sur
demande du Premier ministre.
- Il peut aussi engager une guerre atomique, même si le Parlement
étant le seul apte à déclarer une guerre ; mais le président de la
République l’autorise, en tant que chef des armées.
- Il assure la présidence du Conseil supérieur de la
magistrature, car il est garant de l’indépendance de la justice. Il
est également président des conseils et comités supérieurs de la
défense nationale.
Les compétences du président de la République ont été élargies
par la Constitution de 1958. Mais le contreseing est dans beaucoup
de cas nécessaire, ce qui limite l'importance de ces compétences,
essentiellement en période de cohabitatio ; le Premier ministre
acquiert alors un pouvoir politique conséquent, au détriment du
président de la République.