Bref historique
L’histoire de l’Iran a été marquée par de nombreuses
civilisations. Le territoire a en effet longtemps été placé sous
l’autorité de plusieurs Empires (empire sassanide, etc.). Ce n’est
qu’avec la conquête arabo-musulmane de la Perse que la région est
entrée dans une nouvelle ère, l’ère islamique. Celle-ci a perduré
durant des siècles, sous une autorité monarchique. Mais au 20e
siècle, le pays va connaître un bouleversement politique. Ainsi,
dans les années 1970, alors que le régime du Shah menait une
politique pro-occidentale et pro-israélienne, la révolution
islamique de 1979 portée par l’ayatollah Khomeiny renverse le Shah
et son système monarchique. Craignant une contagion
révolutionnaire, les pays voisins contre-attaquent : l’Irak entre
alors en guerre contre l’Iran de 1980 à 1988 pour lutter contre la
menace perse et chiite. La révolution islamique a également eu des
conséquences sur les puissances occidentales, avec lesquels l’Iran
a entretenu des relations difficiles dans les années qui ont
suivi.
Politique intérieure
Le régime théocratique de l’Iran donne aux mollahs un pouvoir
important en matière de respect des principes religieux au sein de
la société (port du voile par les femmes, etc.). Au sommet de ce
régime, le président iranien joue le rôle d’un premier ministre,
l’autorité supérieure revenant au Guide suprême de la révolution,
Ali Khamenei.
Le président de la République est la deuxième
personnalité du pays après le Guide, qui est le véritable chef de
l’Etat. Le Guide a ainsi joué un rôle crucial dans la politique du
pays, en soutenant Mahmoud Ahmadinejad dans sa confrontation avec
l’Occident, puis en décidant de la reprise des négociations
bilatérales secrètes avec les Etats-Unis dès 2011. Aujourd’hui
encore, le Guide suprême oriente la politique et contrôle l’armée
autant que les médias. De son côté, le président est le chef du
gouvernement: il nomme et révoque les ministres, préside le
Conseil. Il est responsable envers le Guide, la nation et le
Parlement. Ainsi, il n’est pas le chef des armées, une fonction qui
revient au Guide.
Ce dernier a été désigné après la mort de l’ayatollah Khomeiny
par une Assemblée de mollahs, au pouvoir réputé issu de Dieu ;
l’Assemblée approuve également l’élection d’un Parlement et d’un
président de la République élu au suffrage universel direct pour un
mandat de 4 ans. Ce système politique a été contesté à plusieurs
reprises par la population : en 1997, le peuple iranien s’est
soulevé. Puis, il s’est massivement élevé, en 2009, contre le
régime de Mahmoud Ahmadinedjad. Puis, l’arrivée au pouvoir du
président Hassan Rohani, religieux modéré élu en 2013 (puis réélu
en 2017), devait apaiser la situation. Celui-ci a en effet tenté de
réconcilier le régime avec ses opposants. Mais depuis lors,
certaines voix ont dénoncé l’augmentation de la répression à
l’encontre des défenseurs des droits humains. En effet, les
Iraniens ont subi une répression meurtrière fin 2019, après un vif
soulèvement contre le régime.
La population s’élevait contre la décision
politique d’augmenter soudainement le prix de l’essence. Le
mouvement gagnait ensuite la capitale et se transformait en
contestation contre le pouvoir en place, qui accusait quant à lui
des ennemis étrangers d’avoir orchestré ces émeutes.
L’année suivante, avec l’objectif affiché de lutter contre la
criminalité, la République Islamique poursuivait sa répression et
menait de vastes arrestations, tandis que certains des manifestants
se voyaient condamnés à mort.
En 2020, l’enlèvement, le procès expéditif
puis l’exécution par pendaison du journaliste et opposant Rouhollah
Zam révélait la montée en puissance de la répression dans le pays.
Selon certains observateurs, ce climat répressif soulignait
l’affaiblissement du président Hassan Rohani, partisan d’un
rapprochement avec l’Occident, ou son alignement sur la ligne dure
du régime.
Cette situation politique s’explique notamment par les
conditions de vie difficiles des Iraniens, dans un pays où les prix
à la consommation ont excessivement grimpé. Les nombreuses
sanctions imposées par les Etats-Unis ont participé de cet
enlisement économique du pays. Pourtant, la signature de l’accord
sur le nucléaire apportait l’espoir d’une amélioration de l’état
économique iranien. Mais outre l’absence de réelle avancée en la
matière, l’intégration même de l’Iran au libéralisme économique
international semblait complexe après des décennies de
sanctions.
Le système économique restait fondé sur une
économie de résistance et les banques étrangères demeuraient
réticentes à établir des liens avec l’Iran. A cela s’ajoutait une
grave crise de l’eau, or bleu dont dépend pourtant le développement
économique du pays. La chute des cours du brut et le manque de
diversification de l’économie iranienne a aussi contribué à enrayer
la relance économique.
Les sanctions américaines ont aussi contiribué à plonger l’Iran
dans une sévère récession, bien que l’économie iranienne apparaisse
très résiliente. Ecartés du système mondialisé, les Iraniens ont en
effet dû inventer un modèle économique alternatif en
renationalisant leur production ou encore en régionalisant leurs
échanges. L’arrivée au pouvoir du nouveau président Ebrahim Raïssi,
élu en 2021, devait permettre aux Iraniens de changer la donne. Le
nouveau président affichait ainsi par exemple son intention de
faire respecter le droit de l’Iran de développer son propre
programme nucléaire, celui-ci étant pacifique, et donc à exiger la
levée de toutes les sanctions économiques qui minent
l’économie.
L’ultraconservateur Ebrahim Raïssi a été élu
lors d’une élection sans réels adversaires et apparaissait comme le
futur successeur du guide suprême. En effet, face à la crise
d’autorité de la république islamique et au désintérêt populaire
pour la politique publique, les gardiens de la révolution avaient
choisi un président, et ainsi écarté l’ancien président Mahmoud
Ahmadinejad, qui dénonçait alors une élection organisée «contre les
intérêts du pays».
Malgré cela, le pays demeurait en proie à certaines difficultés
que sont l’inflation, la pauvreté ou encore le chômage (environ
20%). L’Iran a également été confronté à une pénurie d’eau. En 2021
en effet, des manifestations venaient bousculer la province du
Khouzestan, en proie à une grave crise dans cette région riche en
pétrole qui a subi une sécheresse importante. C’est dans ce
contexte que le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a
légitimé les protestations, critiquant la gestion des problèmes de
l’eau par le gouvernement. Il a également mis en garde les
manifestants contre une récupération politique, leurs ennemis
cherchant à utiliser les moindres problèmes pour mettre à mal la
République islamique.
Relations extérieures
Depuis la révolution islamique de 1979, les relations entre
l’Iran, ses voisins, et les puissances occidentales ont
considérablement évolué. En cherchant à devenir un leader régional,
le pays s’était fortement isolé. Puis, l’accord sur le nucléaire
conclu en 2015 a changé la donne en réintégrant l’Iran à la
communauté internationale. Cependant, l’isolement international du
pays n’a pas réellement disparu et de nouveaux différents sont
apparus.
La question nucléaire
Signataire du traité de non-prolifération, l’Iran fait partie
des Etats non autorisés à posséder l’arme nucléaire. Sa production
d’uranium enrichi et ses essais nucléaires ont donc provoqué de
vives tensions avec l’Occident. Le dossier nucléaire iranien avait
débuté en 2002, par la découverte de sites nucléaires non déclarés.
Ce n’est qu’en 2006 que les premières sanctions de l’ONU ont
cependant été imposées à l’Iran. Durant les années qui ont suivi,
les pays occidentaux ont tenté d’inciter l’Iran à renoncer à
l’acquisition de la bombe atomique, tandis que le gouvernement
iranien considérait qu’à l’instar de l’Inde ou du Pakistan, le pays
devait pouvoir accéder à la puissance nucléaire, affirmant qu’il
s’agit d’un programme civil. Si l’Iran demeure visé par les
Occidentaux, ce n’est plus le cas du Pakistan, puissance nucléaire
islamique voisine qui avait incité la République islamique à
s’engager dans un programme nucléaire.
Ainsi, bien qu’il ait signé le traité de non-prolifération, le
pays a eu recours au nucléaire civil fourni par la France pour
entamer sa production d’uranium enrichi. De nombreux essais
nucléaires ont par la suite été effectués en dépit des résolutions
du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que des mises en garde de
l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le pays s’est
ainsi engagé dans un bras de fer avec l’Occident, qui a imposé
d’importantes sanctions à l’Iran. Cependant, des négociations ont
été menées pour restaurer le dialogue entre les grandes puissances
occidentales et l’Iran dans les années 2010. En 2013, un accord
intérimaire était trouvé à Genève entre les pays du « P5 + 1 » et
l’Iran. L’année suivante, la première phase de l’accord était mise
en mouvement tandis que se poursuivaient de longues négociations
faites de dates butoirs dépassées et d’échecs de pourparlers. Pour
les Occidentaux, le but était d’obtenir des garanties suffisantes,
tandis que tout l’enjeu pour l’Iran était d’obtenir l’annulation
des lourdes sanctions imposées pendant des années par les
Etats-Unis, l’Union européenne et les Nations unies.
Finalement, en 2015, un accord était trouvé : il prévoyait une
limitation de l’enrichissement de l’uranium, le renforcement des
inspections internationales et la levée des sanctions. Ainsi, dans
les années qui ont suivi, l’Iran a éliminé la totalité de son stock
d’uranium enrichi à plus de 3,67% et le nombre de centrifugeuses a
été fortement réduit.
Cet accord de Vienne, conclu avec nombre d’Etats (Chine, Russie,
Allemagne, etc.) et par lequel l’Iran acceptait de renoncer au
nucléaire militaire, a rendu fréquentable la République islamique
en Europe et en Asie. Sorti de son statut d’« exclu » de la
communauté internationale, le pays comptait attirer des
investisseurs occidentaux. Et de fait, certaines compagnies
pétrolières étrangères se sont de nouveau installées dans le pays
et des investissements devaient concerner d’autres secteurs de
l’économie (industrie, tourisme, etc.).
En 2020, toutes les restrictions sur les armes
étaient levées en vertu de l’accord de 2015, permettant ainsi à
l’Iran de se procurer ou de vendre des armes et des équipements. La
fin de cet embargo était rendu possible par la position prise par
la Russie, la Chine et les pays européens, qui ont refusé de suivre
la ligne américaine.
Mais l’accord n’a pas véritablement apaisé les relations entre
l’Iran et l’Occident. Il n’a pas ouvert la voie à une levée des
sanctions américaines, et en 2018, la rupture de l’accord par les
Etats-Unis entérinait les tensions persistantes avec une frange du
pouvoir iranien. L’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la
révolution iranienne, poursuivait en effet une politique de
défiance vis-à-vis des Etats-Unis malgré l’accord de 2015. Cette
posture a acquis progressivement davantage de poids au sein du
pouvoir iranien, jusqu’à ce que cette ligne dure du régime s’impose
avec force. En 2020, le Parlement, dominé par les conservateurs,
votait en effet une loi visant à accélérer le programme nucléaire.
Cette décision était motivée par le constat selon lequel seul
l’Iran appliquait ses engagements dans le cadre de l’accord
nucléaire; il semblait donc nécessaire à l’Iran de mettre fin à cet
unilatéralisme.
Par cette loi, l’Iran entendait contraindre
les pays européens à prendre des mesures pour permettre à l’Iran
d’entretenir des relations bancaires normales avec le reste du
monde et d’exporter son pétrole. Les Européens étaient également
enjoints de supprimer les sanctions américaines sous peine d’une
réduction de la coopération avec l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA). En vertu de cette loi, le gouvernement
devait notamment reprendre ses activités afin de viser un
enrichissement d’uranium à 20%, alors que l’accord nucléaire le
limitait à 3,5% jusqu’en 2024. Aussi, le nombre de centrifugeuses a
largement augmenté.
Déjà le rétablissement de lourdes sanctions visant Téhéran avait
conduit l’Iran à riposter en s’affranchissant de nombre de ses
obligations destinées à garantir le caractère civil de son
programme nucléaire. Et si le président Hassan Rohani affirmait que
son pays était prêt à revenir à ses engagements initiaux, les
conservateurs iraniens, très influents, rejetaient l’idée d’un
nouveau compromis. Les profondes divergences entre le Parlement
iranien, conservateur, et le président Hassan Rohani, ouvert à
l’Occident, se sont atténuées avec l’élection du président Ebrahim
Raïssi. Celui-ci refusait en effet de négocier un nouvel accord et
exigeait l’annulation de toutes les sanctions en même temps (rejet
d’une levée graduelle). Ce n’est qu’avec l’obtention de ces
conditions que l’Iran entend limiter son programme et respecter ses
engagements de 2015.
Ainsi, pour montrer son franc refus, l’Iran mettait en œuvre des
mesures de riposte susceptibles d’enterrer l’accord de Vienne, et
notamment la fin des inspections de l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA). L’Iran souhaitait ainsi inciter les pays
occidentaux à appliquer leurs propres engagements (afin d’éteindre
les sanctions américaines).
Les relations avec
l’Occident
L’Iran a longtemps été considéré comme un ennemi pour
l’Occident. En effet, la révolution islamique et l’éviction du shah
d’Iran, allié des Occidentaux, puis la prise d’assaut de
l’ambassade américaine à Téhéran, avaient conduit à la rupture des
relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Iran. Ces
relations sont restées difficiles, malgré certaines tentatives
d’apaisement. En effet, dans les années 2000, le président Mahmoud
Ahmadinejad a lutté contre l’impérialisme occidental et œuvré pour
un renforcement de la religion musulmane, notamment en s’opposant à
Israël et en défendant le peuple palestinien.
La situation a évolué après l’arrivée au pouvoir du président
Rohani, qui marquait l’avancée des modérés en Iran. Malgré cela, le
pays continuait à apparaître comme une menace pour une partie des
pays occidentaux, qui ont imposé des sanctions économiques et
financières à l’Iran (ex: embargo sur la coopération en matière
pétrolière et gazière) en réponse à son programme nucléaire
controversé.
Parmi les opposants à l’Iran, l’Union
européenne (UE) s’est farouchement opposée à la production
iranienne d’uranium enrichi. Les relations sont ainsi demeurées
tendues dans les années 2000, et l’accord de commerce et de
coopération signé en 2002 avait été suspendu en 2005 en raison du
désaccord persistant sur le nucléaire. La reprise des discussions
entre l’Iran et l’UE dans les années 2010 avait néanmoins permis
d’aboutir à l’accord sur le nucléaire.
Toutefois, le chef de l’Etat iranien multipliait les ouvertures
en faveur de l’Occident, et notamment des Etats-Unis. Cette
évolution avait conduit à la conclusion de l’accord de Vienne.
Depuis lors, les relations étaient mitigées entre la République
islamique et les pays occidentaux. Et pour cause, l’Amérique de
Donald Trump n’a eu de cesse, après 2017, mais surtout après sa
sortie de l’accord nucléaire en 2018, d’accroître la pression sur
l’Iran afin de l’amener à de nouvelles négociations. Cette
stratégie de pression sur l’Iran devait également contraindre le
pays à cesser de financer les milices en Irak ou encore en Syrie.
Mais cela n’a pas eu l’effet escompté puisque ces financements
permettent à l’Iran d’exercer une influence qui constitue pour le
pays un impératif stratégique vital.
De plus, les Etats-Unis souhaitent aussi éviter un trop grand
rapprochement de l’Iran avec la Chine et la Russie, avec lesquels
les échanges se sont accrus. L’Iran constitue en effet un pays
central au Moyen-Orient, notamment à travers le rôle qu’il joue en
Irak, en Syrie ou en Afghanistan.
L’influence régionale
L’Iran joue depuis quelques années un rôle important en Syrie,
en Irak ou encore au Yémen. Cette stratégie d’influence est un
moyen pour l’Iran de s’imposer comme la grande puissance du
Moyen-Orient. Téhéran se place comme garant de la paix et de la
stabilité régionale, jugeant que sa puissance ne sera utilisée que
contre les puissances oppressives. Sa politique régionale accorde
donc son soutien aux représentants du Hamas, du Hezbollah ou encore
du Jihad islamique palestinien. De surcroît, l’Iran s’est impliqué
dans plusieurs conflits régionaux depuis les années 2010. Le pays a
soutenu le régime syrien de Bachar Al-Assad aux côtés du Hezbollah
libanais, ainsi que les miliciens rebelles houthistes (issus d’une
branche chiite) qui ont renversé le président yéménite soutenu par
l’Arabie saoudite. En Irak, l’Iran a fourni un appui militaire au
gouvernement chiite de Bagdad pour combattre l’Etat islamique (EI),
les salafistes sunnites de l’EI étant en effet proches des
frontières iraniennes. Le pays n’a cependant pas participé à la
coalition formée par les Etats-Unis.
La présence de l’Iran en Irak et en Syrie a
contribué à la reconquête de territoires contrôlés par l’Etat
islamique. L’objectif de l’Iran était de protéger ses frontières en
contrant l’avancée des sunnites djihadistes, derrière lesquels le
pays voit la main de l’Arabie saoudite. L’Iran est en effet un
empire nationaliste qui cherche à défendre son territoire, mais qui
n’a jamais conquis de territoires extérieurs.
Depuis lors, l’Iran et l’Irak ont renforcé leurs relations dans
différents domaines (relations frontalières, transports, relations
commerciales). De plus, tous deux se sont accordés sur la nécessité
du retrait des troupes étrangères sur les territoires de la région,
notamment après l’assassinat par les États-Unis du général iranien
Qassem Soleimani sur le sol irakien. Mais l’influence iranienne
dans le monde arabe a toujours inquiété Israël, qui considère le
pays comme une menace pour le Moyen-Orient. Iran, Russie et Chine
Dans un contexte de tensions avec l’Europe et les États-Unis, dont
les sanctions entravent ses exportations de pétrole, l’Iran s’est
tourné vers les pays d’Asie, en particulier la Chine, l’Inde, mais
aussi la Russie. Marquant ainsi son indépendance vis-à-vis des
Etats-Unis, le pays a affirmé vouloir renforcer ses relations avec
ses voisins plutôt que poursuivre son rapprochement avec
l’Occident. L’Iran rompait ainsi avec la politique menée par le
gouvernement de l’ex-président Hassan Rohani, qui privilégiait le
rapprochement avec l’Occident.
Depuis des années, la Chine, la Russie et l’Iran renforcent donc
leur coopération, notamment militaire (ex: exercices militaires
conjoints dans le nord de l’océan Indien et dans la mer
d’Oman).
Régulièrement confrontés aux puissances
occidentales, les trois pays se tournent en effet les uns vers les
autres depuis des années. Mais dès les années 1960, la Russie et
l’Iran ont renforcé leur collaboration économique, par exemple à
travers la construction russe du réacteur nucléaire de Bouchehr. Et
si leurs relations ont ponctuellement été mauvaises (ex: Russie
approuvant les sanctions de l’ONU dans le dossier du nucléaire
iranien, rupture d’un contrat signé en 2007 pour la fourniture à
l’Iran d’un système de missiles sol-air S-300), il n’en demeure pas
moins que les deux pays se sont notamment entendus sur le dossier
syrien pour soutenir le président Bachar el-Assad.
De même, les relations sino-iraniennes sont
historiques, les deux pays ayant été en contact par la route de la
Soie durant des millénaires. Leurs liens se sont plus récemment
développés sur le terrain économique, mais aussi politique. Aussi,
la Chine a généralement adopté des politiques favorables à l’Iran,
notamment dans le cadre de son programme nucléaire.
Ces ententes, construites sur le temps long, ont posé les bases
d’un rapprochement plus important entre la Chine, l’Iran et la
Russie. C’est ainsi qu’en 2020, l’Iran signait d’importants accords
sur 25 ans avec la Chine et la Russie. Ces accords prévoyaient
notamment des investissements massifs (400 milliards) dans les
secteurs pétrochimiques, pétroliers et gaziers, et le renforcement
des zones de libre-échange autour de la route de la soie. L’Iran
contournait ainsi les sanctions américaines, qui devenant de facto
inopérantes.
Les accords comportaient un volet économique
et un volet militaire. Ils prévoyaient d’importants investissements
(ex: déploiement d’équipements numérique et notamment de la 5G par
les Chinois), en échange desquels l’Iran devait donner la priorité
à la Chine et à la Russie dans divers projets économiques et
énergétiques. Cela devait également permettre à ses deux
partenaires d’obtenir un accès au Moyen-Orient afin de s’y déployer
militairement et donc de dissuader les ennemis de l’Iran
susceptibles de l’attaquer. Mais de l’autre côté, Chinois et Russes
pouvaient par ce biais mener des actions belliqueuses dans la
région.
Il s’agissait donc d’une relative altération
de l’autonomie iranienne susceptible de bénéficier à Israël, et
donc mal perçue par la population iranienne. Cette dernière se
montrait en effet attachée à l’indépendance de son pays au regard
de la grandeur de son passé.
Et en 2021, la Chine et l’Iran concluaient un accord stratégique
et économique global de 25 ans. Des investissements réciproques
dans différents domaines (transports, énergie, industrie et
services) étaient prévus, permettant à l’Iran de contourner les
sanctions occidentales mais aussi de rénover ses infrasctuctures
avec le concours d’une Chine qui constitue son premier partenaire
commercial. Puis, l’Iran a adhéré à l’Organisation de coopération
de Shanghai (OCS), permettant au pays de contrebalancer l’influence
américaine et de s’ouvrir à un potentiel marché. De plus, l’accord
a permis un allègement des sanctions occidentales et onusiennes en
échange de son engagement à ne jamais se doter de l’arme nucléaire.
L’Iran avait demandé à rejoindre l’OCS dès 2008 mais son adhésion
avait été freinée par les sanctions internationales liées à son
programme nucléaire.