Afrique subsaharienne

L’Afrique subsaharienne s’est fortement développée depuis le début du 21e siècle. Bénéficiant depuis des années d’une croissance forte et d’une urbanisation qui connecte désormais le continent au monde, cette vaste région se transforme progressivement. Ainsi, la croissance africaine n’est plus seulement tirée de l’exportation de produits miniers ou énergétiques, mais résulte également d’une croissance interne et d’une profonde transformation des sociétés africaines. Cependant, le continent africain demeure très contrasté, entre zones développées et territoires encore sillonnés par des peuples nomades (Maures, Peuls, Touareg, Toubous, etc.).

Bref historique

Dès le Moyen Âge, le continent africain a participé aux échanges commerciaux mondiaux; aussi existait-il très tôt des réseaux commerciaux entre l’Afrique et des liens entre des peuples très éloignés (ex: Asie de l’Est). Ainsi, entre les 12e et 16e siècles, ce vaste continent a connu un essor économique, mais aussi culturel.

A partir du 9e siècle en Afrique de l’Ouest et en Afrique saharienne, plusieurs empires se succèdent: l’empire du Ghana (commerce de l’or, du sel et des esclaves avec le monde arabe, contrôle des routes transsahariennes), du Mali (empire de Mansa Moussa riche en or) et des Songhaïs. En Afrique australe, la région était en partie administrée par l’empire du Grand Zimbabwe entre les 11e et 14e siècles. En Afrique du Nord-Est se trouvaient l’Égypte ancienne et le royaume d’Axoum.

L’Afrique était alors très hétérogène, avec des régions administrées par de grands empires et des sociétés sans Etats, où des groupes nomades profitaient de frontières flexibles. Mais au cours des siècles suivants, les conquêtes de territoires par certains dirigeants politiques conduiront à la création de frontières.

Au début du 19e siècle, Ousman Dan Fodio créait l’empire de Sokoto. De son côté, El Hadj Omar Tall luttera contre la colonisation et étendra son empire théocratique sur ce qui deviendra plus tard le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée et le Mali.

C’est dans ce contexte que la conquête de territoires par les Européens débute au 15e siècle, notamment par les Portugais. Outre les échanges de biens et de marchandises avec les populations, celles-ci sont «christianisées» et parfois capturées pour devenir esclaves. L’Afrique suscite en effet l’intérêt européen pour la traite des esclaves. Cet intérêt perdurera jusqu’à la fin du 19e siècle, lorsque l’Europe s’ouvrira à la quête de richesses sur le continent africain (diamants, or, cuivre, etc.). Dans ce cadre, les dirigeants européens se partageront l’Afrique durant la conférence de Berlin de 1884-1885, chacun y revendiquant sa sphère d’influence.

Malgré cela, les puissances européennes ont déjà colonisé une très grande partie de l’Afrique subsaharienne au tout début du 20e siècle, ce, afin de sécuriser leurs approvisionnements en matières premières (à destination des industries européennes) et d’ouvrir de nouveaux marchés pour leur production. Cependant, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la faveur du droit à l’autodétermination des peuples, certains mouvements nationalistes prennent de l’ampleur et entraînent une progressive décolonisation du continent, souvent pacifique, parfois violente (insurrection malgache, guerre camerounaise, guerre d’indépendance algérienne, émeutes au Congo, révolution de la majorité hutue au Rwanda, etc.).

De cette histoire tumultueuse, l’Afrique conservera des institutions politiques qui manqueront d’enracinement autant que de légitimité en raison de leur création par les puissances coloniales. Cette situation favorisera les luttes de pouvoir et la compétition souvent violente pour le contrôle des institutions étatiques. En effet, l’Etat est une structure encore fragile et relativement peu institutionnalisée dans de nombreuses régions d’Afrique. S’y enracine parfois le clientélisme, voire par le néopatrimonialisme (les dirigeants considèrent l’État comme leur bien personnel).

Une persistante influence étrangère

L’implication directe des grandes puissances

Les ambitions persistantes de puissants pays étrangers en Afrique (ex: Russie, Chine) révèlent encore la mainmise d’Etats tiers sur ce territoire déjà largement investi par les organisations humanitaires occidentales depuis des décennies.

Après les attaques du 11 septembre 2001, l’Afrique est devenue un véritable enjeu sécuritaire pour l’Occident, les Américains estimant que les «ungoverned spaces» et les «failed states» pouvaient servir de refuges aux terroristes. Au moment de l’indépendance, la France a par exemple maintenu des bases militaires au sein de ses anciennes colonies (Tchad, Djibouti, Sénégal, etc.) et déployé ponctuellement ses forces militaires dans de multiples pays africains. L’outil militaire a ainsi permis aux anciennes puissances coloniales de maintenir leur influence en Afrique, en les combinant à des dispositifs économiques ou encore culturels.

En 2019, les États-Unis disposaient de 29 bases sur le continent africain et la France y était également très présente, tout comme les troupes britanniques, présentes à Djibouti, au Malawi, au Nigeria, en Sierra Leone, en Somalie et au Kenya (où les Britanniques entretiennent un centre d’entraînement permanent). Toutefois, cette influence a été remise en question au 21e siècle, notamment avec la montée en puissance de l’anti-occidentalisme et plus particulièrement du sentiment antifrançais au sein de l’Afrique francophone.

Ce ressentiment s’est partiellement focalisé sur le franc CFA, encore imprimé en France et considéré comme un instrument de domination postcoloniale par un panafricanisme croissant qui milite pour une réelle décolonisation (ex: débats proposés par des web TV, qui évoquent les contextes nationaux de nombreux pays africains). Et pour cause, le franc CFA, adossé au cours de l’euro, a été utilisé pour sanctionner les pays qui l’utilisent, à l’instar des sanctions appliquées au Mali en 2022, après le putsch militaire, tout comme au Niger. Ce dernier ne pouvait plus accéder à ses propres comptes ni se refinancer sur le marché financier de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, pourvoyeuse de liquidités à destination des États (via la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest). A l’inverse, ces sanctions étaient inapplicables à d’autres pays, qui eux aussi ont connu des putschs militaires (ex: Guinée), mais qui disposent de leur propre monnaie. La fin du franc CFA est donc perçue comme un gage de liberté bien que d’aucuns rappellent le risque d’un appauvrissement des pays qui supprimeraient cette monnaie. Cependant, d’autres s’appuient sur le modèle de réussite des Seychelles pour appuyer leurs velléités émancipatrices (propre monnaie, changes flottants, faibles taux d’intérêt appliqués par la banque centrale).

De nouvelles influences

En quelques décennies, le territoire africain a vu s’implanter de nombreuses puissances montantes, et notamment la Turquie, dont l’influence récente s’exerce à travers des liens économiques (ex: implantation de Turkish Airlines), culturels, mais surtout sécuritaires («diplomatie du drone», société militaire privée Sadat). Les SMP turcs reprennent la stratégie de Wagner, proposant la formation de troupes et la vente de matériels. Ainsi, l’armement turc se diffuse et permet aux armées africaines de s’équiper à moindres coûts (ex: drone TB2 Bayraktar). De son côté, la Chine est installée depuis des années sur le continent. Elle est le premier partenaire commercial de l’Afrique et son plus grand pourvoyeur de prêts (153 milliards de dollars octroyés entre 2000 et 2019).

La forte implantation de la Chine sur le continent a aussi eu des conséquences parfois néfastes sur l’Afrique: absence de respect du droit des salariés africains, endettement accru d’Etats africains, etc. En effet, l’Empire du Milieu a surtout accordé des prêts à long terme, et non des subventions, ce qui était perçu comme étant un « piège de la dette » que la Chine pourrait utiliser afin d’obtenir d’autres avantages stratégiques sur le continent. Par ailleurs des SMP chinoises comme DeWe, sont déployées en Afrique centrale ou encore au Nigeria. La Chine, qui souhaite par ce biais protéger ses projets d’infrastructures menés dans le cadre de ses Nouvelles routes de la soie, compte au moins 25 sociétés militaires privées et assure par ce biais la sécurité de ses intérêts en Afrique. Si la présence de mercenaires en Afrique est ancienne, elle a été questionnée ces dernières années en raison de l’emprise croissante de certaines sociétés militaires privées sur le continent.

Après la décolonisation, dans les années 1960, le continent africain a vu arriver nombre de mercenaires, notamment européens : au Katanga (RDC), puis au Biafra, mais aussi au Mozambique et en Angola (lors de guerres contre le Portugal). Par la suite, la sécurité privée a continué à prospérer, dans les années 1990 en Angola et en Sierra Leone, puis au Sahel, au Mali ou encore en République centrafricaine. Cette évolution s’est nourrie de la faiblesse des institutions, mais résulte aussi de l’attractivité des sous-sols africains. En effet, les entreprises privées sont notamment engagées par les gouvernements pour assurer des activités que ces derniers ne parviennent pas à remplir (soutien logistique, formation de forces armées locales, de gardes du corps présidentiels, etc.). Elles sont aussi recrutées par des entreprises ou des puissances étrangères installées sur les territoires africains afin d’assurer la protection de sites d’extraction de ressources. En RDC, des sociétés privées ont par exemple travaillé pour les Nations unies ou encore des ONG. En Centrafrique ou au Tchad, des SMP ont été engagées pour la mise en place de camps militaires ou encore pour assurer des missions de maintenance ou d’approvisionnement. De même, en 2015, l’armée nigériane avait fait appel à plusieurs sociétés privées sud-africaines pour lutter contre Boko Haram. Aussi, des sociétés de sécurité françaises ou encore la société de conseil Burnham Global alliée à Paramount seraient présentes en Afrique.

C’est aussi par l’intermédiaire de mercenaires qu’opère la Russie, dont la présence sur le continent n’est également pas nouvelle. En effet, depuis des années, un nombre croissant de pays africains a fait appel à la société russe Wagner (pays du G5 Sahel, Libye, Mozambique, République centrafricaine, au Soudan, etc.). Celle-ci était ainsi présente dès 2018 en Centrafrique, et réclamée par Bamako sur son territoire en 2021. De cette façon, le groupe Wagner a permis à la Russie de renforcer ses partenariats de sécurité et d’influencer le continent africain. Pour cela, Moscou valorise l’ambition commune aux pays africains de se joindre à la construction d’un monde multipolaire à la fois juste et démocratique. De plus, l’aide russe permettrait aux Etats africains de renforcer leur capacité défensive et leur souveraineté, et ainsi de fortifier l’Etat. Ces liens s’inscrivent dans le droit fil du traditionnel soutien russe à la lutte pour la libération de l’oppression coloniale.

C’est également sur un passé commun de lutte contre le colonialisme et à l’apartheid (ex: mouvement des non-alignés) que se fondent les relations indo-africaines; c’est en effet en Afrique que le Mahatma Gandhi a utilisé la non-violence et la résistance pacifique. Aujourd’hui, l’Inde a fait de l’Afrique une priorité et initiait dès 2008 les forums Inde-Afrique. Devenue deuxième créancier en Afrique, qui est la première zone régionale d’investissement indien dans le monde, l’Inde y est très présente, notamment via des partenariats public-privé et des garanties contre le surendettement. Alternative à la Chine, le pays a fait de la défense et de la sécurité des piliers essentiels des relations indo-africaines.

Déficit démocratique

Beaucoup de pays africains demeurent en proie à de fortes instabilités politiques: contestations d’élections, arrangements constitutionnels permettent à des présidents vieillissants de briguer de nouveaux mandats contestés, changements politiques occasionnant des violences, manque d’alternances politiques au pouvoir, coups d’Etat militaires (en 2022, au Burkina Faso et en Guinée-Bissau; en 2023, au Niger et au Gabon), violences politiques. Ces conflits politiques et la fréquente manipulation des élections entravent les avancées démocratiques ainsi que le développement économique et social des Etats africains. En effet, au cours des dernières années, l’ordre étatique de nombreuses régions d’Afrique s’est effondré et depuis 2019, les coups d’Etat se sont multipliés, majoritairement au sein de pays qui ont souvent été dominés par des régimes militaires (Mali, Niger, Tchad, Soudan, Burkina Faso, Guinée). La plupart des juntes militaires ainsi arrivées au pouvoir prolongeaient les périodes de transition compromettant l’avènement d’un gouvernement civil dans des pays qui ont pourtant parfois été des modèles de démocratie durant des années (Mali, Niger). Face à ces putschs, les organisations régionales ne parvenaient pas à maintenir les normes démocratiques au sein des pays concernés malgré leurs condamnations et sanctions (ex: Cédéao).

Cette situation révélait les échecs politiques de nombreux dirigeants africains, que les militaires accusaient de corruption, des accusations qui pesaient aussi sur l’armée. A la remise en cause de l’intégrité des dirigeants s’ajoutait en outre la méfiance populaire à l’égard des politiciens en raison des échecs politiques en matière de sécurité et de développement économique et social. Par exemple, l’Etat angolais est intimement lié aux industries extractives, ce qui rend le discours politique ambigu et perpétue les liens entre contrôle économique et contrôle politique.

De nombreux facteurs rendent difficile la bonne marche des institutions politiques. Outre le climat de violence (ex: terrorisme islamiste), les faiblesses étatiques sont souvent structurelles. Au manque de contre-pouvoir politique ou d’opposition s’ajoute parfois l’absence de véritables élections (élections truquées, maintien au pouvoir) ou la faible mobilisation sociale, qui entrave toute quête de légitimité étatique.

Après des décennies passées sous influence occidentale, beaucoup de pays africains n’ont pas construit de modèle politique adapté à leurs spécificités. Ces Etats encore jeunes souffrent d’une édification difficile et souvent contestée qui ne permet pas un véritable contrôle du territoire. Les dirigeants peinent à imposer l’autorité de l’Etat, que les citoyens perçoivent souvent comme une institution d’extorsion plus que comme un pourvoyeur de services publics légitimant son existence. Ainsi, les frontières entre les représentants de l’Etat et les groupes armés sont souvent brouillées. Dans un tel contexte, les contestations politiques sont légion. Aussi, certains dirigeants imposent leur maintien au pouvoir.

Cependant, à l’opposé de régimes qualifiés d’autoritaires, plusieurs pays africains sont jugés démocratiques, à l’image du Sénégal, considéré comme un modèle en Afrique subsaharienne. Il y a toutefois très peu de régimes démocratiques en Afrique En effet, beaucoup d’élections ont permis à des militaires de demeurer au pouvoir et d’aucuns qualifient certains régimes africains d’autocraties électorales plus que de démocraties. Pourtant, les Africains restent largement favorables à la démocratie et beaucoup de pays africains possèdent les bases de la démocratie électorale (processus électoraux relativement transparents).

Violences et conflits régionaux

Après la fin de la guerre froide, l’Afrique subsaharienne a connu un nombre croissant de conflits régionalisés. Ainsi, bien que de nombreux Etats africains vivent dans une relative paix (Namibie, Botswana, etc.), la majorité des conflits dans le monde se déroule encore en Afrique.

De nombreux conflits armés ont éclaté sur le continent dans les années 1990 (Sierra Leone, Libéria, Somalie, etc.); dans d’autres cas, le pays a subi de fortes instabilités sur une partie du territoire (ex: Nigéria, RDC dans le nord-Kivu). Souvent, des guerres récurrentes s’éternisent en raison de la fragilité des institutions étatiques, de la gestion difficile de ressources naturelles convoitées, du radicalisme religieux ou encore de frontières arbitraires nées de la décolonisation. Ces facteurs, souvent combinés, entraînent des conflits complexes et souvent durables autant que multiformes. Bien que les conflits ethniques apparaissent nombreux, le rôle de l’identité ethnique est en réalité moins fort qu’on peut l’imaginer. L’identité nationale prévaut en effet souvent et nombre d’ethnies locales ont surtout été instrumentalisées (Hutu et Tutsi durant la période coloniale), voire créées (ex: Ngala, au Congo).

Il s’agit donc généralement de tensions intercommunautaires fondées sur des rivalités historiques, notamment liées aux ressources naturelles et qui se jouent en dehors de toute régulation étatique. Ces tensions sont favorisées par la prolifération des armes sur de nombreux territoires, mais aussi par le ralliement de rébellions locales au terrorisme international (en Ouganda, au Mozambique, etc.) et leur instrumentalisation d’oppositions, par exemple entre éleveurs et agriculteurs (ex: entre Peuls et Dogons).

La montée récente de l’intégrisme islamique sur une partie du continent africain a conduit à l’extension de groupes djihadistes sur ce territoire depuis le début des années 2010. Outre Boko Haram au Nigeria, les Chabab en Somalie ou encore AQMI, l’État islamique (EI), notamment par le biais des groupes terroristes qui lui sont affiliés (ex: ISWAP, né d’une scission avec Boko Haram), continuait d’étendre son influence en Afrique de l’Ouest et au Sahel en 2024. L’intensification de l’activité de groupes djihadistes ronge de nombreuses régions, et notamment celle des Grands Lacs. Le Sahel est en proie à de vives violences, tout comme la Corne de l’Afrique, où sévissent les Chabab et que le gouvernement fédéral somalien tente de chasser (le pays est en «guerre totale» contre eux depuis 2022).

Au Nigeria, depuis 2009, le conflit entre les autorités et Boko Haram s’est mué en violents conflits entre les deux factions djihadistes nées de ce groupe terroriste (le JAS et l’EIAO), ce qui n’apparaissait pas favorable à l’ISWAP, l’État islamique en Afrique de l’Ouest. Le pays est ainsi en proie à de multiples sources de violences djihadistes, mais aussi au banditisme armé, à la piraterie, etc. Alors que l’enlèvement d’écoliers avait secoué le Nigeria en 2014, en 2024, des djihadistes présumés de Boko Haram enlevaient environ 400 personnes (femmes et enfants) dans des camps de déplacés.

La violence est également le fait de groupes rebelles, à l’image du M23, soutenu par le Rwanda et qui sévit dans l’est de la RDC. Elle est aussi le fait de la population lors d’élections: au Zimbabwe (en 2018), en Côte d’Ivoire (en 2020), au Burundi (en 2020), au Ghana (en 2020) ou au Gabon (en 2023).

Au Soudan, après la chute d’Omar Al-Bachiren 2019, la période de transition démocratique s’est soldée par un échec. En 2023, les dissensions ont conduit à une guerre d’usure entre les Forces armées soudanaises (du général Abdel Fattah Al-Bourhane) et les Forces de soutien rapide (du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti »). En Ethiopie, la guerre civile a opposé les Tigréens au pouvoir central éthiopien (allié de l’Érythrée) de 2020 à 2022. Les tensions restaient vives avec l’Erythrée; ces tensions étaient notamment liées à la situation géographique du pays, qui donnerait à l’Ethiopie un accès à la mer (que le pays pourrait aussi obtenir via le Somaliland, mais dont la reconnaissance par l’ Ethiopie provoquerait de vives tensions avec la Somalie). A ces violences s’ajoutent celles des forces de sécurité étatiques et des paramilitaires commises à l’encontre des civils dans des contextes de guerre. En RDC, au Cameroun, en Éthiopie, au Mali, au Burkina Faso ou encore au Soudan du Sud, des abus à l’encontre de civils étaient imputés aux forces gouvernementales ou à des groupes armés non-étatiques. En 2024, au Burkina Faso, l’armée était accusée d’avoir tué plus de 200 villageois et de complicité avec les groupes armés terroristes (par l’ONG Human Rights Watch). Au Soudan, les paramilitaires et l’armée étaient accusés de s’être livrés à des violences sexuelles généralisées à Khartoum entre avril 2023 et février 2024.

Ces multiples conflits entraînent de vastes déplacements de populations, au risque d’aggraver des situations déjà difficiles dans certaines régions, notamment sur le plan humanitaire. L’ONU estimait le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du Soudan à 7,3 millions entre 2023 et 2024. De même, des dizaines de milliers de Burkinabè se réfugiaient au Niger et au Mali pour échapper à la violence.

Economie et société

Difficultés sociales

D’après les Nations unies, un habitant sur cinq souffrait de la faim sur le continent africain en 2023. Epicentre des crises humanitaires, l’Afrique est dépendante d’une aide internationale qui ne couvre qu’une partie de ses besoins, dans des pays qui ont vu se dégrader la situation humanitaire (Mali, Soudan, Mozambique, Nigeria, etc.). Le besoin d’assistance s’est en effet accru avec les conflits armés, la répression, les violences communautaires et les évènements climatiques extrêmes, qui entraînent le déplacement de nombreuses personnes sur le continent (ex: au Burundi, soumis à de récurrents évènements climatiques).

Une économie fragile

La croissance économique de l’Afrique subsaharienne était d’environ 3-4% en 2024, malgré une forte inflation dans certains pays (Nigeria, Égypte) et de hauts niveaux d’endettement (ex: Ghana). Certains pays bénéficient particulièrement d’une forte croissance économique, à l’image du Rwanda. Mais la situation économique africaine demeure difficile, notamment en raison des conflits, mais aussi des faiblesses étatiques, de nombreux pays peinant à augmenter leurs recettes fiscales.

Cependant, pour favoriser son développement économique, l’Afrique a pris différentes initiatives, misant notamment sur le développement des télécommunications. L’accès à internet a ainsi considérablement augmenté sur le continent: de moins de 10% de couverture en 2010, il atteignait plus de 40% aujourd’hui en 2024, malgré des disparités (notamment liées aux coûts). Le continent africain s’appuie également sur le développement de la coopération économique régionale. A l’Union douanière d’Afrique australe (SACU), créée en 1969, s’est ajoutée la Communauté économique africaine (CEA), adoptée en 1991. Celle-ci visait à créer une union économique et monétaire à l’échelle du continent, et donc à harmoniser et coordonner les activités des communautés économiques régionales. A cela s’est ajoutée, en Afrique de l’Ouest, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), créée en 1994 (Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, etc.). Là encore, l’objectif était de construire un marché commun en harmonisant les règles économiques et financières. Puis, en 2019, 54 pays se rassemblaient au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Il s’agissait de favoriser le commerce intra-africain en renforçant l’intégration économique. La création d’un marché unique pour les biens et les services devait en effet accroître les flux commerciaux en raison de la baisse des taxes aux exportations entre pays africains.