Qu’est-ce que le chômage ?
Le chômeur, selon la définition donnée par le Bureau
International du Travail (BIT) est une personne en
âge de travailler (dès 15 ans) qui se trouve
sans emploi (qui n’a pas du tout travaillé), est
disponible pour occuper un poste dans les 15
jours, et recherche activement un emploi. Mais
autour du chômage lui-même, un « halo » de chômage est
visible (selon Freyssinet) : certaines personnes découragées
ne sont plus à la recherche de travail, mais font des recherches
lorsque la situation économique s'améliore. Aussi, certaines
personnes travaillent involontairement sur des horaires
réduits.
Le taux de chômage est ainsi calculé comme suit :
Chômeurs / population active
On considère que l’économie se trouve en situation de plein
emploi lorsque le taux de chômage est inférieur à 3 %. Ces 3 % sont
dus au seul chômage frictionnel, c'est-à-dire dû aux périodes de
recherche d’emploi pour les jeunes diplômés ou pour les
travailleurs qui quittent leur emploi pour en retrouver un
autre.
Le taux de chômage en France
Le taux de chômage est mesuré par l’INSEE, qui
ne prend pas en compte tous les modes de chômage (préretraites,
demandeurs d’emploi en formation…). Le CERC comptabilise quant à
lui environ 5 millions de chômeurs, c'est-à-dire 20 % de la
population active. Mais si l’on compte également les travailleurs
pauvres (intérimaires, personnes bénéficiant de contrats à durée
déterminée…), alors on arrive au chiffre de 7 millions, selon le
Commissariat au Plan. Les véritables chiffres du chômage sont donc
difficiles à déterminer.
Ce taux diffère selon les catégories socioprofessionnelles. Il
existe en effet une relation décroissante entre le taux de
chômage et le niveau d’instruction. Les ouvriers sont les
plus touchés, alors que les cadres le sont beaucoup moins. La
situation de l’emploi est caractérisée par un chômage de longue
durée, qui se retrouve plus facilement chez les jeunes et les
travailleurs non qualifiés.
Le chômage est également hétérogène par sa durée. Les pays de
l’Union européenne connaissent majoritairement un chômage
de longue période. En effet, plus de 40% des chômeurs
européens sont sans emploi depuis au moins douze mois. Ces chômeurs
risquent d’être moins facilement employables.
Vue d’ensemble
La situation de l’emploi s’est rapidement dégradée en Europe
après le premier choc pétrolier. La période a été marquée
par un déclin des emplois agricoles et industriels, mais par un
accroissement de l’emploi dans le secteur tertiaire. Les problèmes
de mutabilité de l’emploi (les ouvriers n’étaient par exemple pas
formés aux métiers du tertiaire, et la conjoncture étant
défavorable) ont provoqué la montée massive du taux de chômage en
France pour arriver au pic de 12,4 % en 1997. La
France n’est pas le seul pays touché : une grande partie des
pays de l’Union Européenne est touchée par le chômage ; en
revanche, les Etats-Unis sont parvenus à maintenir à faible taux de
chômage (4,5% en moyenne), bien qu'il ait augmenté depuis avec la
crise de 2008.
La situation, devenue défavorable aux travailleurs, a conduit à
l’apparition de nouveaux types d’emplois en France, beaucoup plus
précaires. Mais c'est un phénomène qui se vérifie dans de nombreux
endroits du monde ; ainsi au Japon, les emplois à vie ont
progressivement tend à disparaître. En France, des formes
particulières d’emploi (FPE) sont ainsi apparues, mettant
fin à la « norme d’emploi ». Le travail n’est désormais
plus garanti, les horaires ne plus nécessairement fixés, etc.
L’emploi change donc par sa nature même. Les CDD (contrats à durée
déterminée) apparaissent alors dans la société française. Les
revenus sont généralement faibles car ils correspondent à des
emplois peu ou pas qualifiés, et ponctuels. Cela rend la vie moins
stable et moins sécuritaire. De même, le travail à temps partiel
s’est accru : de 8,6 % en 1983, il est passé à environ 25 % en
2007.
L’emploi s’est en effet modifié à partir de cette période :
les jeunes ont de plus en plus souvent des emplois précaires,
tandis que les travailleurs plus âgés peinent à retrouver un
emploi. On assiste également à un accroissement important du nombre
de travailleurs pauvres, qui malgré leur emploi, ne peuvent vivre
normalement.
Pour théoriser les différences entre la « norme
d’emploi » et les emplois précaires, on peut évoquer le
clivage du marché du travail défini par Michael
Piore, économiste américain. Ce dernier divise le
marché du travail en deux grands secteurs : le marché
primaire/ le marché secondaire. Le marché primaire
est selon lui constitué d’emplois valorisants, bien
rémunérés ; le marché secondaire regroupe les
emplois précaires, mal rémunérés. Les uns relèvent d’emplois
typiques (contrats à durée indéterminée), les autres, d'emplois
atypiques (contrats à durée déterminée). La récession provoquée par
le 1er choc pétrolier a accentué cette division. Mais
cette division existe également au niveau de l’entreprise
elle-même : le noyau de l’entreprise se compose d’employés
bénéficiant de CDI, et autour, des travailleurs atypiques, aux
contrats précaires. Les salaires des emplois atypiques étant plus
faibles, cela permet aux entreprises de diminuer leurs coûts de
production ; en effet, la précarité de leur situation permet à
l’entreprise d’exercer une pression sur ces travailleurs pour
améliorer la productivité. La baisse du syndicalisme est aussi due
à l'accroissement du nombre de travailleurs précaires.