Mise à jour : January 2013

Bail commercial

Le bail commercial permet à un locataire d'exploiter un fonds de commerce. C'est un élément important du fonds de commerce, qui implique l'application de règles particulières : le bail commercial est renouvellé de façon quasi automatique, le commerçant peut librement céder son bail à un autre commerçant, etc.

Le régime des baux commerciaux a fait l'objet de plusieurs textes. La loi du 17 mars 1909, puis la loi du 30 juin 1926 permettaient déjà de définir le statut du bail commerciale. Mais c'est réellement avec le décret du 30 septembre 1953 que le commerçant a obtenu un statut très protecteur. Le texte est désormais codifié aux articles L. 145-1 et suivants du Code de commerce.

Conditions

  • Le statut des baux commerciaux s'applique seulement aux commerçants immatriculés au RCS

    Seuls les commerçants de nationalité française peuvent en bénéficier, à l'exception de quelques étrangers : ressortissants de l'UE, des parents d'enfants de nationalité française, etc.

    Néanmoins, certaines personnes non commerçantes peuvent bénéficier du statut : propriétaire du fonds, établissement public à caractère industriel ou commercial, établissement d'enseignement, etc. Aussi, les commerçants qui bénéficient du régime micro-social (depuis la loi LME de 2008), peuvent bénéficier du statut des baux commerciaux malgré leur dispense d'immatriculation au RCS.

  • Le bailleur doit être capable et recueillir l'accord des individus éventuellement concernés

    Le propriétaire mineur ou majeur en tutelle ou curatelle devra obtenir l'accord de son représentant légal. Lorsqu'il est marié, le bailleur doit avoir l'accord de son conjoint ; de la même façon, si l'immeuble est en indivision, le bailleur devra recueillir l'accord de tous les coindivisaires.

  • Le statut des baux commerciaux s'applique aux immeubles ou locaux dans lequel le fonds est exploité

    Il doit s'agir d'immeubles bâtis, à l'exception des terrains nus lorsque leur privation compromettrait l'exploitation du fonds et s'il appartient au propriétaire ; de même, lorsque des terrains nus comportent des installations à usage commercial, industriel ou artisanal, ils peuvent bénéficier du statut.

    Les locaux bénéficient du statut s'ils sont indispensables à l'activité ; ils ne doivent pas être mobiles ou non délimités par des murs.

  • Le fonds de commerce doit être exploité

    La cessation d'activité entraîne la fin du bail commercial ; en cas d'impossibilité d'exploitation, l'activité peut être confiée à un locataire en location-gérance.

Durée du bail

Le bail commercial est conclu pour une durée de 9 ans, qui peut être renouvelée (décret du 30 septembre 1953 codifié aux art. L. 145-1 et s.). Le locataire peut mettre un terme au bail à l'expiration d'une période triennale.

Néanmoins, il est possible de conclure un bail plus court :

  • les parties peuvent conclure un bail d'une durée "au plus égale à deux ans"
  • lorsqu'il s'agit de locations saisonnières
  • la jurisprudence admet que la durée du bail soit comprise entre deux et neuf ans si une cause objective de précarité le justifie (cause externe ou interne aux parties)

Le bail peut également être plus long : ainsi par exemple des baux emphytéotiques (jusqu'à 99 ans).

Exécution du bail commercial

Droits du locataire

Le locataire peut être contraint par le bail à ne pas changer la destination de l'immeuble ou du local. Pourtant, la loi l'autorise à changer d'activité par "déspécialisation" afin de s'adapter aux évolution du marché ; il peut donc changer totalement d'activité (spécialisation renforcée ou plénière) ou seulement ajouter de nouvelles activités (déspécialisation simple ou partielle).

Le locataire dispose d'une droit à résiliation triennale ; néanmoins, cela peut être interdit par le bail, ou inclure le versement d'une indemnité. Il peut également résilier le bail en cas d'inexécution contractuelle du bailleur.

Le locataire peut céder son bail sans besoin de l'accord du bailleur, ce, quelques soient les clauses insérées dans le bail commercial. En revanche, il ne peut sous-louer l'immeuble dans lequel le fonds est exploité, sauf s'il obtient l'accord du propriétaire (si le montant de la sous-location est supérieur, le propriétaire peut alors demander un supplément de loyer).

Obligations du locataire

Le locataire doit effectivement exploiter le fonds de commerce.

Il doit également payer le loyer et le pas-de-porte en guise de compensation pour le bailleur (versement d'une somme déterminée lors de l'entrée dans les lieux) ; en pratique, le pas-de-porte tend à être abandonné, au profit de loyer plus élevés. Le loyer est fixé librement, mais la révision du loyer est encadrée par la loi : elle a lieu tous les trois ans et doit correspondre à la valeur locative (prix habituellement pratiqués dans le quartier, destination des lieux, obligations des parties, les facteurs locaux de commercialité, caractéristiques du local, etc.). La loi LME de 2008 autorise l'indexation sur l'indice des loyers commerciaux. Néanmoins, le loyer peut être largement revu à la hausse grâce à la clause-recette (qui prend en compte l'évolution du chiffre d'affaire), ou à la clause d'échelle mobile.

Obligations du bailleur

Le bailleur doit laisser la jouissance du local, assurer l'entretien

Renouvellement du bail commercial

A la fin du bail, le locataire peut demander son renouvellement si :

  • le fonds de commerce est exploité (les éléments constitutifs du fonds doivent exister)
  • l'immeuble est disponible pour poursuivre l'exploitation (il ne pas pas être démoli comme étant en état d'insalubrité)
  • le locataire doit avoir eu un comportement non fautif

Lorsque le locataire a sous-loué l'immeuble, il perd son droit au renouvellement (sauf sous-location partielle).

Le propriétaire peut refuser le renouvellement sur la partie concernant les locaux d'habitation pour les habiter lui-même ou pour sa famille (sauf s'il dispose d'une habitation normale).

Lorsque bailleur et locataire ne se sont pas accordés sur le renouvellement, une procédure pourra être engagée au tribunal de grande instance. Cela conduira à la fixation d'un nouveau loyer ou au versement d'une indemnité d'éviction (dont le montant est fonction des préjudices subis par le locataire en raison du non renouvellement).