Le peuple élit en effet lui-même ses représentants et peut
intervenir dans la vie politique, notamment lors des référendums.
En France, le référendum est néanmoins peu utilisé.
Du suffrage censitaire au suffrage universel
Le mode de représentations implique de s’interroger sur le moyen
de désignation des représentants.
Auparavant, la procédure de désignation n’était pas
démocratique. En 1789, lorsque les anciens délégués aux Etats
généraux ont décidé de réfléchir à la future constitution de la
France, ils ont opté pour le suffrage censitaire, c’est-à-dire
limité.
L’élection n’était pas considérée comme un droit qui
appartiendrait à tous les citoyens, mais seulement une fonction qui
permettait de désigner les gouvernants. Sieyès avait ainsi
convaincu la majorité des députés de l’assemblée constituante qu’il
fallait que les représentants soient élus par la partie la plus
éclairée de la population, et donc la plus aisée ; on pense alors
que les classes populations ne peuvent avoir le sens de l’intérêt
général.
Ainsi, seuls ceux qui payaient un impôt sur leurs propriétés
foncières avaient le droit de vote. On distinguait ainsi en 1791
les citoyens « actifs » (ceux qui ont le droit d’exercer leur
citoyenneté, qui payaient un impôt sur les propriétés foncières)
des citoyens « passifs ». Les citoyens actifs désignaient des
électeurs qui élisaient les représentants ; à chaque rang, il
fallait acquitter un cens, un impôt foncier plus élevé.
Le système du suffrage censitaire a perduré jusqu’en 1848. En
effet, les quelques épisodes de démocratie se sont heurtés à des
échecs : durant la Terreur, le suffrage universel masculin étaient
limité à ceux qui étaient favorables au régime, et le secret du
vote n’existait pas (absence d’isoloir) ; ainsi, la plupart des
habitants n’allait pas voter.
En 1848, année à laquelle l’esclavage est aboli, on instaure
finalement le suffrage universel masculin. Mais le secret du vote
ne sera introduit qu’en 1913, lorsque les urnes et les isoloirs
sont instaurés. Avant cette date, les votes sont effectués de façon
transparente, ce qui permettait au maire, président du bureau de
vote jusqu’en 1882, d’avoir un droit de regard.
Il faudra ensuite attendre 1944 pour que les femmes acquièrent
le droit de vote. La France est alors en retard par rapport à de
nombreux pays : la Finlande avait donné le droit de vote aux femmes
dès 1906, suivie par les Etats-Unis ou l’Angleterre. La Suisse n’a
quant à elle octroyé le droit de vote aux femmes qu’en 1971, par
référendum, et le Portugal qu’en 1974.
Ainsi, le suffrage universel a été acquis lentement pour
s’étendre à toutes les catégories de population.
En 1974, la majorité électorale a été abaissée de 21 à 18
ans.
Les élections sont désormais très fréquentes dans la vie
politique : municipalité, départements, régions, Président de la
République, députés européens.
Les enjeux actuels
Aujourd’hui, la question du droit de vote pose de nouvelles
interrogations. Avec l’intégration à l’Union européenne est venue
la question de la citoyenneté européenne ; ainsi, en 1992, avec le
traité de Maastricht, on décide que tous les citoyens des pays
membres sont également citoyens européens. Les ressortissants des
Etats membres de l’Union européenne peuvent désormais voter dans
les autres pays pour les élections européennes et pour les
élections municipales ; ils peuvent également être candidats à une
élection, sans pouvoir être maire ou maire adjoint (car ils sont
les représentants de l’Etat sous autorité du préfet).
La question d’un octroi de la faculté de voter en France pour
les personnes qui en sont ni citoyens français ni citoyens de
l’Union européenne est également soulevée.